La neige bat contre les vitres du véhicule tout-terrain, recouvre tout sur son passage et ne laisse aucune chance de visibilité. Le Hummer peine à avancer, ses quatre roues motrices tournant à moitié à vide sur la couche blanche et poudreuse. A l'intérieur de l'habitat, chauffé tant bien que mal par le véhicule solaire, Aliénor fouille l'horizon grâce aux différents filtres optiques de ses yeux. Dans cet enfer glacial, la thermographie ne sert à rien. Seul le zoom peut lui être d'une certaine utilité.

Elle balaye l'ensemble de la zone, de gauche à droite, puis soupire. Son but était encore loin à en croire la distance parcourue depuis le début de la journée affichée sur son ATH par la voiture. Elle coupe le zoom, et se remit en immersion, ré-affichant sur son ATH toutes les caméras du Hummer. Même si elle doute de rencontrer âme qui vive dans cet enfer, il est hors de question qu'elle rate une occasion de chasser son diner. Ce n'est pas que sa nourriture à moitié déshydratée la gène, elle s'en fiche, mais plus elle économise ses réserves, plus elle peut avancer sans danger.

Elle se rallonge sur la banquette avant, quand soudain, sur l'écran de droite, un mouvement de couleur passe rapidement. Dans un simple réflexe, elle l'accroche, et son ATH se met donc à suivre la forme sur la camera de droite de la voiture. Elle arrête son véhicule, et zoom sur la forme. Là, un croisement de taupe et de gros lapin s'enfouit à moitié dans la neige, surement pour essayer de garder un peu de chaleur le temps que la tempête cesse.

Aliénor passe sur la banquette arrière, et attrape tout d'abord son arc, puis le relâche et prend son AVA finalement. Avec le vent, les flèches risquaient de rater leurs cibles, alors que les balles seraient moins déviées sur une courte distance, et même si cela l'ennuyait de gâcher une cartouche pour la chasse, il valait mieux cela que de perdre une flèche et son diner.

Elle laisse tourner le moteur à bas régime, pour le laisser chaud, et connecte son interface d'arme à celle de la carabine. Elle utilisa pour cela un câble, pour ne prendre aucun risque, et activa son ATH de combat. D'un coup, devant ses yeux se trouvait toutes les informations importantes. Dans un coin, le nombre de munitions explosives, perforantes et normale qui lui restait. Dans un autre, le mode de tir dans lequel se trouvait son arme : Balle par balle, semi-automatique ou tir continu en ce qui concernait la carabine. D'une pensée, elle passa sur le mode de tir au coup par coup. L'AVA s'arme d'elle même, et Aliénor assure sa prise sur la crosse. L'arme n'a pas de gâchette, toutes les informations et les ordres passant par l'interface neurale.

Finalement, elle est prête. Elle ouvre une petite meurtrière sur le côté droit de la voiture, à travers la portière arrière, et passe le canon dedans. Puis, elle fusionne les informations de la caméra de la voiture et les siennes, verrouillant sa cible sur son ATH de combat. Un halo suis la boule de fourrure sur l'affichage, et l'arme elle même indique par un viseur virtuel où elle cible.

Aliénor prend son temps, alors qu'elle n'en a aucunement besoin, puis finalement envoi l'ordre fatidique. La balle part, faisant tournoyer les flocons de neiges sur son passage, puis la détonation arrive. La bête est emporté sur le côté, mais se relève et tente de fuir. Mais la jeune femme ne lui laisse aucune chance, suivant ses moindres mouvements grâce à son ATH, et lui retire une fois dessus. Cette fois-ci est la bonne, et la bête retombe, la neige se gorgeant de son sang écarlate.

La jeune femme referme la meurtrière, et laissant le moteur tourné, elle se déconnecte du véhicule, puis saute dans la neige, et se met à courir vers le cadavre, emportant sa carabine. Elle ne veux pas finir frigorifié, ni ne pas pouvoir se défendre en cas de danger. D'une pensée, elle verrouille son ATH sur sa voiture, pour pouvoir la retrouver même dans un blizzard, et court de plus belle.

Elle arrive finalement à la dépouille...

Aliénor se fige soudain. Devant elle, deux formes chaudes côtoient la tache rouge de sa cible. Deux formes humanoïdes, l'une plus petite que l'autre, surement un adulte et un enfant sont là-bas. Elle affiche en parallèle la vision normale, zoome sur eux, et hausse un sourcil. Devant elle, à quarante mètres se tient ce qui semble être un adulte et un homme de petite taille, surement un humain atteint de nanisme.

Pire, l'homme normal s'approche d'elle. Elle se met sur la défensive, ne sachant à quoi s'en tenir, et soudain, elle le sent. Cet homme a le Pouvoir, comme elle l'appelle. Il semble pouvoir jouer sur la gravité. Sans même réfléchir plus que cela, elle se l'approprie, remplaçant en elle le vide laisser par la disparition il y a quelques dizaines de jours du dernier pouvoir qu'elle possédait avant.

Aliénor verrouille l'homme sur son ATH, sans pour autant le déclarer hostile. Il est maintenant auréolé d'un halo jaune, signe de neutralité : elle peut faire feu sur lui, mais il n'est pas une de ses cibles prioritaire, et cela demande une confirmation de sa part sur l'ordre de tirer. Elle en profite pour faire de même sur le nain. Toute personne est innocente jusqu'à preuve du contraire, mais elle a apprit sur ces terres dévastées que la prudence est de mise pour survivre.

L'homme se présente à elle, de manière plutôt galante, lorsque soudain la glace sous eux émit un gros craquement. Elle grimace, et saute en arrière à trois bon mètres. L'homme pour sa part ne bouge pas, mais lui parle, une phrase qu'elle n'entend pas alors que le craquement se répète. Elle va pour sauter de nouveau, prenant appuis sur ses jambes, activant sa puissance chromée, quand d'un coup tout lâche.

Plus par réflexe que par une quelconque pensée réfléchie, elle tends les bras en avant et dégaine ses deux lames, ne les sortant qu'à moitié, et rien qu'avec son poids, elles s'enfoncent dans la glace de dix bon centimètres. Le choc sur ses bras lui coupe le souffle, et seul un gémissement passe ses lèvres.

Le froid de l'eau la fait pleurer et lui tétanise les muscles de toute la moitié inférieure de son corps, mais elle s'accroche, essayant tant bien que mal de battre des pieds pour s'aider à remonter. La douleur dans ses bras la fait grimacer, ses lames, directement fixées sur ses os ne sont pas faites pour être utilisé dans cet angle.

Finalement, elle arrive à se hisser sur la glace, et ne prend pas le temps de reprendre son souffle. Elle se traine sur quelques mètres, pour s'écarter de la glace fragilisée, puis une fois à distance, elle se lève et se met à courir vers son Hummer.

Arrivant finalement à son véhicule, elle s'y connecte instantanément, débranchant son ATH de combat, et lui ordonne d'ouvrir la portière. Elle se rue alors à l'intérieur, verrouille tout, et prend une grande inspiration. L'air à l'intérieur est bien plus chaud que celui du dehors, étant donné qu'elle a laisser le moteur tourner.

Elle attrape une longue corde de métal souple à l'arrière, balance son fusil à l'arrière, mais mettant tout de même un pistolet dans son holster, elle est prête à repartir au dehors pour tenter de porter secours aux deux autres surement coincés sous la glace. Elle branche toutefois sa combinaison sur la voiture, et d'un coup, celle-ci se gonfle d'air chaud, passant à plusieurs centimètres d'épaisseur. Cela fait une parfaite isolation thermique, et en plus, en cas de problème, elle flotterait.

Tout était désespéré, l’eau gelée leur interdisait tout mouvement, toute tentative de remonter à la surface… Le chimérien ne sentait plus ses doigts, une bosse au niveau de son pantalon émergea : les poils de mouton de Godan frisaient et au loin il voyait Yuko dans la même situation, coulant à pic vers les profondeurs de l’eau… Il n’y avait rien à faire, rien à dire. Alors que tout était terminé, il toucha le fond rocheux qui n’était pas si profond que Godan l’aurait imaginé, juste vingt mètres… Il fallait réfléchir et très vite… Alors avec ses quelques neurones, il eut l’idée du siècle. Doucement il se releva, souffrant le martyre à cause du froid. Il mit ses deux pieds sur le sol et l’éclair se produisit : tout son pied touchait le sol ! Les étincelles jaillirent sous l’eau, réchauffant légèrement l’eau, et les yeux de Godan tournèrent au bleu cyan. Dans un fracas terrible, toute l’eau au-dessus de la tête des deux héros se souleva en des milliers de bulles qui s’élevèrent dans les airs comme les bulles d’un champagne. La glace de la banquise flottait sous forme de bloc. Ils purent prendre enfin une nouvelle bouffée d’oxygène alors que leurs corps tremblaient entièrement. Autour du chimérien, un mur d’eau de vingt mètres de haut les emprisonnait…
Yuko, qui flottait (rappelons qu’il est lui aussi sous l’effet de l’apesanteur) applaudit.
« -Bravo monsieur le génie, tu nous as sauvé !
-Merci, je sais, je suis puissant et fort !
-C’était IRONIQUE TETE DE NOUILLE !!!
-Mais, pourquoi !
-TU NOUS A EMPRISONNE ! NOUS SOMMES CONDAMNES, TU NE VOIS PAS ! ET LES EFFETS DE LA FATIGUE VONT BIENTOT APPARAITRE SUR TOI ! »
C’est à ce moment que Godan compris qu’il avait fait une énorme bêtise… Les murs d’eau les empêchaient de partir et s’il faisait un pas, toute l’eau retomberait sur eux tel un fouet qui s’abat sur le dos d’un esclave, ce serait fatal… Il fallait de nouveau réfléchir…
Soudain, un bruit aigu, comme une baleine qui cri, hurla dans les oreilles des deux aventuriers. Au loin, dans l’eau, on pouvait distinguer une forme sombre, une gigantesque tache noire dans l’eau. Godan eut le bon réflexe d’élever encore plus l’apesanteur et Yuko s’éleva jusqu’au niveau de la banquise… L’eau s’éleva en revanche à une cinquantaine de mètre de hauteur. L’ombre se rapprochait de plus en plus, elle approchait à vive allure et sa silhouette se définissait encore plus. Faisait-elle vingt mètres de long ? Non… cinquante serait la taille la plus précise. Elle s’approcha, puis tel un requin, elle tourna autour du puits sans eau. Elle possédait un cou de girafe, des dents très affûtées, des nageoires de baleine… En haut, Yuko lui criait quelque chose d’incompréhensible, juste les deux derniers mots furent assez clairs : « Loch Ness ». Tout être possédant une conscience, même la plus petite conscience, pouvaient comprendre ce qu’il fallait faire devant un monstre légendaire comme celui-ci : Prendre ses jambes à son cou et partir loin, très loin se cacher dans les jupes de sa génitrice. Or dans cette situation, Godan aurait payé tout l’or du monde pour pouvoir s’enfuir, mais un seul pas, avancer seulement un pied, provoquerait le retour à la pesanteur normale. Et donc, au retour de l’eau dans sa place initiale ! Réfléchir et encore réfléchir. Il sortit quatre de ses boomerangs et sa lance. Il fallait se tenir prêt. C’est à ce moment que la bête fonça sur Godan !
Heureusement pour lui, la tête de Nessie (j’espère que vous avez reconnu le monstre du Loch Ness) fut dévier par le manque de gravité, autant vous dire qu’elle fut extrêmement surprise. Ceci permit au membre des Houba-Kamas d’évaluer de prêt la bestiole… Il n’avait pas la moindre chance ! Sa tête était aussi grosse que trois bus l’un sur l’autre, une dent était de la taille d’une porte et son haleine pareille à celle des frères pizzaïolo du clan !
Elle ré-attaqua, mais cette fois-ci la trajectoire était exacte. Godan n’eut pourtant qu’à se baisser pour éviter de se faire décapiter. Le monstre continuait de tournoyer. De nouveau, le chimérien eut une idée, pourtant si simple, mais à laquelle il n’avait pas pensé ! Ses ailes ! Il les déploya, mais il fallait faire vite… Il commença juste à les bouger quand une terrible douleur arracha un cri au chimérien. En effet, sous l’effet du froid, Godan ne s’était pas rendu compte que ses ailes étaient entièrement gelées. Réfléchir encore… et vite. La bête risquait de ne pas le rater la prochaine fois !Il fallait tenter le tout pour le tout… Une seule solution existait encore. Mais il faudra faire très vite… Tout cela alla très vite, il augmenta de façon considérable la gravité sous lui, ses yeux devenant rouges, l’eau retomba d’un seul coup et la bête attaqua mais fut surprise de se faire cogner le menton contre le sol. Juste avant que l’eau n’atteigne Godan, il relâcha d’un seul coup cette gravité et l’annula. Comme un ressort il bondit vers le ciel, traversa la masse d’eau qui flottait dans les airs et dépassa de plusieurs dizaine de mètres la banquise. Sous lui, l’eau retomba dans un bruit de tonnerre sur la tête du monstre qui hurla. Godan était seul, dans le ciel et en chute libre… Mais comment atterrir ! Sous l’effet de la vitesse et des étincelles, des gouttelettes d’eau coulèrent le long des plumes grises. Frictionner les ailes était la seule solution. Avant qu’il atterrisse, ses ailes furent non pas dégelés, mais presque, il put seulement planer et il put atterrir en sécurité, ou presque. Avec tous ces mouvements d’eau, la banquise c’était détachée et notre héros fut debout, sur une tout petit bout de glace. Au loin, Yuko lui faisait signe, il était à coté d’Aliénor. Aimable et serviable, il leur répondirent, mais ces coucous n’en étaient pas ! Ils le prévenaient d’un grand danger : Nessie fonçait sur lui à vive allure alors que ses ailes étaient encore gelées ! Une seule solution de nouveau. Même s’il était fatiguée, c’était la seule solution et il n’était pas sûr du résultat, il n’avait jamais essayé ceci sur une banquise. Il augmenta la gravité, juste en dessous du monstre qui fut plaqué au sol dans un cri à en percer les tympans les étincelles brûlèrent : cela marchait mais ces étincelles commencèrent à consumer la glace… Des vagues s’activèrent, et un typhon se forma juste en dessous de la bête ! Les vagues emportaient la banquise, le Hummer était presque à l’eau… La glace sous Godan fondait, la fatigue l’envahissait. Mais jamais renoncer, il doubla cette pression sous la bête, et ce qu’il devait arriver arriva. Dans l’œil du typhon, elle explosa, le sang se mélangea à l’eau qui tournoyait, le chimérien épuisé tomba dans le coma et la glace sous lui se brisa. Il fut alors emporté dans le typhon, inconscient, bercé par le bruit de trois autres monstres…