Nous sommes un jour inoubliable, un jour dont Godan se souviendra durant toute sa petite vie. Il était un peu plus de trois heures du matin, la lune était voilée. Le chimérien n’arrivait pas à dormir, il tournait et tournait dans son lit telle une girouette. Ses pensées s’entremêlaient et se mélangeaient. Sa vie d’aujourd’hui, les horribles images des catastrophes, la guerre, le morceau de pain dans la barbe de Yuko… Sa mère… Sa mère, partie trop tôt, emportant trop de secrets avec elle… La clé, son père inconnu…

Deux heures avant l’aube, déjà, et toujours aucune envolée vers un sommeil profond. Il se leva, se lava et se rasa. Dans le placard, il prit une banane, provenant de la serre de Crom. Il fila en direction du restaurant de Truc et Muche, piquer une tablette de chocolat. Les deux frères avaient volé à une grande chocolaterie de Paris plus de trente tonnes de chocolat après la catastrophe… Autant dire qu’il pouvait se permettre d’en prendre une ou deux. Une fois chez lui, il se mit aux fourneaux. Dans du papier Hamulicium, un dérivé de l’aluminium, aujourd’hui disparut, il déposa sa banane coupée en deux dans le sens de la longueur. A l’intérieur, il y déposa 7 carrés de chocolat et quelques touches de crème. Cinq minutes plus tard, il dégustait dans son canapé cette préparation accompagnée de crème chantilly. S’il avait su qu’il n’aurait pas réussit à dormir et qu’il aurait le cafard, il aurait demandé aux frères pizzaïolo de lui préparer un bac de glace au chocolat en plus. Accompagné à ce festin matinal, il avait choisit dans son atelier un Blue ray, « Le jour d’après », un ancien film, magnifique certes, mais ancien avec des effets spéciaux non-exceptionnel. Si seulement les humains avaient pu deviner ce qui allait se dérouler quelques années après la sortie de ce film. Inimaginable… Mais même après ces petits plaisirs simples, impossible de trouver le sommeil. En regardant sa banane imbibée de chantilly et de chocolat, il prit une décision, partir à Ramacittà, là-bas peut-être aurait-il une réponse à une question ! Mais quelle question ? Même cela il l’ignorait.

Pendant toute la journée, il prépara sa montgolfière et attela en dessous une Mini NG. Toute la journée, il fut harcelé de questions par les membres de la grotte, mais il ne répondait à aucune d’entre-elle. Dans un sac, il déposa des provisions, des affaires pour se changer, et quelques instruments pour dessiner et tailler. Sans oublier ses armes. A minuit pile, il partit, alors que tout le monde dormait. A force, on pourrait croire que les houba-kamas passent leur temps à dormir. Le vent porta la montgolfière qui s’envolait dans le ciel éclairé par une lune si fine. Quelques étoiles dans le ciel persistaient. Sa direction : L’étoile du nord, plus précisément, L’Islande !

Alors que Godan travaillait sur sa trajectoire, un cri de bête parvint à ses oreilles. Cette bête gémissait de la voiture. Une femme hurla.

« -Goooodan ! Fait moi-descendre !

-Rita ? C’est toi ?

-Non espèce de tubérosité sur patte, c’est Johnny Hallyday !

-Jojo ? C’est toi ! Mais je croyais que tu étais mort en 2011, assommé par une tomate lors de ta dernière tournée et ayant fait une crise cardiaque juste après ?

-Mais qu’il est….. C’EST RITA !!!

-Ah, Rita, je me disais aussi je connaissais cette voie de bête… Qu’est ce que tu fais là ?

-Bah j’avais envie de prendre un thé alors je suis venue dans ta voiture… NON !! Je voulais t’espionner pour ETUDIER un cas très improbable de DEGENERE vivant !

-C’est encore une blague ou …

-NON ! Fais moi descendre !! J’ai le mal de l’air !!!

-Ha … J’atterris Rita ? »

Rappelons que nous sommes en ce moment même au-dessus de l‘océan Atlantique. Pour plus de sérieux, suite à la demande d’administrateurs pas rigolos, nous avons coupé la suite du dialogue. Tout ce que je peux vous dire c’est que, accroché à la nacelle par sa queue, Godan descendit et frappa très fort avec son bâton la pauvre scientifique qui tomba dans un sommeil profond afin de le laisser tranquillement naviguer jusqu’en Islande.

Quelques jours plus tard, dans les sous-sols de l’islande.

Rita, bâillonné, ficelée comme un saucisson, assommée et avec plusieurs bosses sur le crâne, était à coté du chimérien, dans la Mini NG. Ils parcouraient les cavités sous l’océan Atlantique, après avoir atterrit en Islande pour les atteindre. Ils auraient pu descendre directement au Groenland afin d’accéder à Ramacittà, mais la montgolfière n’aurait pas apprécié des températures si froide… Ainsi, la voiture transformée pour l’occasion en sous-marin allait à toute vitesse, fauchant un ou deux poissons-clowns au passage. Et après quelques heures seulement, ils émergèrent dans la cavité de Ramacittà !

Tout était pareil, pareil à avant, avant le drame. La lumière au plafond de la gigantesque cavité brillait, les stalagmites montaient tels des arbres, étendant leurs branches majestueuses, et blanches. Sur ces branches, des maisons, accrochées. Les habitants marchant dans la rue, se disant bonjour, se serrant la main, de toutes espèces, de tous sexes, de toutes tailles et de toutes formes…

La mini reprit sa route, et arriva au pied d’un des arbres de glaces. Au pied de ce tronc d’une centaine de mètres de diamètres, une porte. Une porte gigantesque en acier, ornée d’or et de pierreries, magnifiquement décorée par des dessins de dragons et de monstres des neiges. Foulant la neige au sol, il poussa la porte lorsqu’un gémissement le retira de ses rêves d’enfance. Rita… une fois détachée, ils montèrent les marches et arrivèrent en haut. Sur les branches de l’arbre de glace, un marché se déroulait. Comme avant. On y vendait des légumes, des fruits, de la volaille, du pâté, des œuvres d’art… Justement, l’une d’elle attira le chimérien.

Le vendeur était un nain. Il fixait les passants et terrifiait les enfants. La toile représentait un enfant, un chimérien, jouant et riant. Il avait été travaillait durant de longues heures. Il mélangeait fusain et peinture à l’huile. Les contours étaient à moitié flous, les ombres marquées et le fusain légèrement visible. A son cou, un collier… Une plume d’argent !

« -Monsieur, combien pour ce tableau ?

-530…

-450 !

-530…

-470 ?

-530…

-520 !

-530 …

-530 ?

-D’accord, tenez-le voici…

-Merci, j’ai toujours gagné en négociation !"

Godan, fier de son acquisition décida de se rendre dans un bar : « Georges, the yéti-man ».