Rencontre glaciale ... [Angela Pv Aliénor]

Les collines où seul l’hiver existe, les collines recouvertent de poudre blanche que l’on appelle encore la neige. Les fameuses collines dont elle avait entendu parler, elle espérait comme à chaque fois, rencontrer Léo, ou du moins une autre trace, un indice, une route à suivre … N’importe quoi, du moment que c’était quelque chose qui se rapportait à lui …

Notre Ange venait tout juste de remonter tout ce qui avait été l’Amérique, elle aimait ce pays, enfin ce qu’il avait été. Cette grande puissance qui avait fini par s’incliner devant Dame Nature et sa Colère. Elle éprouvait une grande adoration pour cette ancienne nation, elle aimait leurs anciennes cultures, même si pour elle, la plus belle de toutes les cultures était la sienne, celle de Caewyr.

Angela avait suivi une sorte de route imaginaire, elle ne savait pas vraiment comment elle avait fait pour arriver jusqu’ici, elle avait juste suivi son intuition, cette dernière l’avait conduie pour bien des aventures. Ce goût prononcé pour l'aventure, son cœur qui se révoltait à l’intérieur de sa poitrine, l’adrénaline qui parcourait ses veines, tout ce qu’avait laissé Léo à cette ange. Elle avait toujours aimé l’aventure, mais le fait que Léo lui ait promis qu’ils se retrouveraient tous les deux dans le Nouveau Monde, avait accentué ce goût.

L’adolescente était donc emmitouflée dans une sorte de grande cape blanche. Cette dernière réchauffait tant bien que mal le corps gelé de l’adolescente. Elle commençait à regretter d’avoir choisi d’être habillée en robe, pour le côté grâce et tout simplement parce qu’elle aimait les robes.

« Ah la la. Je … devrais … sé … rieuse … ment … penser … à … re … nou … veler … ma … garde … robe … » Dit-elle en grelottant.

Elle ignorait combien de temps elle devrait affronter ce froid plus que glacial. Elle tremblait comme jamais, autant qu’elle s’en souvenait, elle n’avait jamais eu aussi froid. Elle resserra donc les pans de sa cape, elle était serrée, c’était le seul moyen pour qu’elle ne meure pas d’hypothermie. Elle marcha pendant longtemps, très longtemps ou quelques minutes, elle n’avait plus aucune notion de temps.

On pourrait se demander, et on doit sûrement se demander pourquoi un Ange viendrait dans un endroit tel que celui-ci, à moins d’avoir un but ou d’être stupide. Angela n’était pas stupide, ou du moins pas pour cela, elle avait un but, enfin presque. Léo… Elle commençait à douter qu’il soit passé par ici, les collines de ce qui fut l’ancien Canada, ne devaient certainement pas intéresser l’adolescent.

Elle s’arrêta d’un coup et soupira, puis elle tomba fessant voler la poudre blanche autour d’elle. Non elle n’était pas morte, juste fatiguée, fatiguée d’avoir marché et d’être battue par le froid, qui lui mordait la peau. Et puis elle c’était rendue compte qu’elle marchait dans la neige, la neige, avant, elle ne connaissait pas, alors elle avait décidé d’en profiter. Elle savait qu’elle serait frigorifiée, si ce n’était pas morte, mais elle s’en fichait. Elle éprouvait une certaine joie à se rouler dans la poudre froide, et pourtant si chaude à la fois. Le froid la mordait de plus en plus, la piquait de plus en plus, ses yeux bleus devinrent dur et liquide en même temps, de l’eau cristallisait sur le rebord de ses deux petits globes, ses joues, sa peau, tout étaient rouge.

Elle inspira profondément l’air froid, elle ferma les yeux, puis se décida à se relever, elle devait sortir d’ici et trouver un endroit plus sûr et surtout moins froid, tout cela très vite. Elle se redressa, secoua ses cheveux, remit en place son « chapeau », secoua sa robe ainsi que sa cape et courra vers une sorte de grotte. Sauf que …

Des gens arrivèrent de partout, sans doute des pillards, ils prièrent Angela de ne faire aucun mouvements brusques et de ne pas vouloir se battre. Elle se retourna donc vers ses « ennemis », elle les écouta, puis fit apparaître un énorme cerf lumineux, celui-ci aveugla les pillards et Angela puis s’enfuir. Elle courra, sans savoir où elle allait, sans savoir ce qui allait lui arriver, elle courrait à en perdre le souffle.

Elle fini par heurter une pierre gelée, et tomba, elle se releva un peu sonnée et décida de ne plus bouger. Elle entendit un bruit … Dans un élan, elle se retourna et se tient prête à attaquer si besoin en était … Elle n’avait pas envie de se battre, mais elle le ferrait si elle n’en avait pas le choix.

Qu'est-ce que pouvait bien être ce bruit ... ? Un dragon ? ... Un des pillards ? ... Ou quelqu'un d'autre ?... Elle ne le savait pas ...

Ps: J'espére que ça te plaira ><

Aliénor commençait vraiment à détester la neige. Cela faisait un bon mois qu'elle était dans la région du grand nord, que ce soit aux ancien États-unis ou en Sibérie, et cela commençait vraiment à lui sortir par les yeux. Son véhicule patinait plus qu'il ne roulait, elle devait réparer les filtres plusieurs fois par semaines, quand ce n'était pas carrément d'en bricoler un en vitesse. Elle ne pouvait pas rouler de nuit car ses batteries s'usaient deux fois plus vite le jour, à cause du blizzard qui l'obligeait à mettre les phares, du chauffage, et de la faible puissance solaire qui arrivait à l'atteindre. La nuit, elle utilisait la puissance qu'elle avait économiser pour chauffé l'habitacle et ne pas mourir de froid. Impossible donc de rouler une fois le soleil couché.

En plus, ses capteurs thermiques ne servaient à rien à plus de quinze mètres, la neige faussant tout au delà, son zoom marchait une fois sur deux, quand le voile neigeux lui permettait de voir à plus de soixante mètres, et par dessus le marché le froid gelait à moitié les pivots de ses caméras latérales, de sortes qu'elle étaient deux fois plus longue à balayer une zone.

Rajoutez à cela le fait que la nuit, ses capteurs s'affolaient à cause de bruits inconnus et de la neige, et au final, en un mot comme en cent, vous obteniez l'enfer.

Aliénor roulait donc doucement, à vitesse réduite sur les pans enneigées des collines du canada, à en croire son compas magnétique.

Soudain, sa caméra latérale gauche enregistra un flash de lumière. Elle crut tout d'abord à une réverbération sur une plaque de glace, une de plus, jusqu'à ce qu'elle le ressente : le Pouvoir. Cette lumière n'était pas un reflet, elle était née de l'utilisation d'un pouvoir, et cela venait de là-bas!

Elle braqua sur sa gauche, et engagea toutes ses caméras dans la direction de la lumière. Ajustant ses propres filtres optique, elle superposa la thermographie et le zoom. Sur son ATH, elle voyait une dizaine de forme, autour de la lumière, et une autre qui courrait, à en croire sa vitesse de déplacement, dans la descente de la colline. Un instant plus tard, la lumière disparut, et tout le groupe se mit à courir dans la même direction que la première silhouette.

Elle mit les gaz à fond, puis grimaça alors que le Hummer se mit à patiner et à perdre pied. Elle rétrograda, et roula bien moins vite. Toutefois, elle prenait de la vitesse, et aucun homme, à moins d'être complétement cybernétisé, ne courrait à la même vitesse que son véhicule. Et à en croire les vitesse des signatures thermiques, aucun n'étaient équipé de deux jambes chromées.

Aliénor perdit d'un coup la trace thermique de la silhouette de tête derrière un talus, et grimaça : les empreintes infrarouge restaient en place un moment sur de la terre, mais sur la neige, elles étaient aussitôt effacées par le froid ambiant. Fichue neige!

Elle fit une embardée, évitant une souche d'arbre mort, et braqua en pilant. Le Hummer chassa sur le côté, et partit en crabe, faisant s'envoler des volutes de neiges. Il commença à basculer, puis s'immobilisa, deux roues à plus de cinquante centimètres du sol, puis tout retomba dans un énorme boucan métallique. Elle se releva d'un bond sur la banquette, et regarda autour d'elle. Elle mit tous ses affichages en routes, thermiques et visuels, ainsi que toutes les caméras de la voiture, pour tout balayer. La jeune femme aurait très vite mal au crane, mais tant pis!

Puis elle fut soulagé, sur l'écran de gauche, elle voyait le corps de la silhouette de tête, un peu ensevelie sous la neige qu'avait balayé le véhicule en s'arrêtant... à moins de vingt centimètres d'elle!

La mitrailleuse sur tourelle du toit se braqua dans la direction opposée, vers les autres silhouettes qui arrivaient, ainsi que celle de la portière de droite. Celle de gauche se tourna légèrement vers la jeune femme en bleue, mais elle s'arrêta avant de la percuter : elle n'avait pas la place de manœuvrer.

Aliénor avait rapidement analyser la situation, et soit cette fille avait quelque chose à se reprocher vis-à-vis de ses poursuivants, soit c'étaient eux qui lui voulait du mal. Dans tout les cas, il valait mieux mettre cela au clair avant que tout ne dégénère.

Lorsqu’elle se retourna, elle eût tout juste le temps de voir qu’un véhicule s’approchait dangereusement d’elle. Le pilote semblait avoir perdu le contrôle de son engin. Angela savait qu’il était difficile de manœuvrer quoi que ce soit sur la neige, il lui était même difficile de ne pas tomber en marchant avec ses jambes.

Elle n’eût même pas le temps de sauter, ou même de faire un mouvement, pour ne pas être tuée par cette machine redoutable. Il lui sembla, même, que son cœur avait déjà cessé de battre. Elle vit le véhicule se rapprochait et puis plus rien, à part qu’elle ressentit une onde de froid, qui parcoura son corps. Elle en déduisit donc qu’elle n’était pas morte, juste recouverte de cristaux froids, de la neige. Elle soupira, puis se releva et manqua de tomber une nouvelle fois. La « chose » qui avait faillie la tuer se trouvait très prés d’elle, elle resta stupéfaite et respira profondément.

« Mais c’est pas possible ça ! » S’exclama-t-elle.

Elle n’était pas réellement en colère, juste trop surprise. Puis Angela sentit l’arrivée d’autres personnes, les pillards peut être. Elle se tourna donc et voulu se remettre à courir, en essayant de ne pas heurter quelque chose et ainsi de ne pas tomber. Son souffle était court, elle avait trop couru et dans le froid, ce qui l’avait affaiblie, pourtant aucun autre signe de fatigue apparaissait sur son visage.

Elle eût une nouvelle frayeur, une sorte de mitrailleuse failli lui décapiter la tête. Cette fois elle tomba, c’était trop, elle resta ainsi pendant quelques secondes, le bruit se rapprochait de plus en plus. Elle se leva et décida de parler à ce chauffard, quand elle en aurait fini avec ces mystérieux ennemis.

Elle se releva et contourna l’immense « chose » tueuse, puis elle attendit calmement que ceux qui étaient maintenant des gens contre qui elle devait se défendre, vinnent à elle. Elle était sereine et calme, peut être un peu trop d’ailleurs.

« Que me voulez-vous ? » Demanda-t-elle. « Qui êtes vous au... »

Elle n’eut même pas le temps de finir de poser sa question, qu’ils commençaient déjà à l’attaquer. Elle se précipita donc dans une nouvelle course, mais avant, elle lança un regard, ainsi qu’un sourire, au conducteur du véhicule. Enfin à la conductrice …

Elle repartit donc dans une nouvelle course, mais elle fut vite arrêtée. Elle se retourna et soupira, elle fut obligée de rebrousser chemin et arriva là où elle avait été. Il ne lui avait fallu que quelque minutes, pour faire cela. Juste assez de temps pour que ses ennemis soient là où elle était auparavent, et là où elle se retrouvait maintenant.

« Excusez-moi. Dit-elle, en s’approchant du véhicule. Pourriez-vous m’aider ? » Demanda-t-elle.

Comme à son habitude Angela, n’attendit pas la réponse et se mit en position défensive, prête à se battre, prête à invoquer Rédemption. Elle ne voulait pas se battre, mais elle sentait qu’elle allait y être obligée. Les pillards étaient déjà trop près d’elle …

Qu’allait-elle faire ? Cette inconnue allait-elle l’aider ? Devrait-elle se battre ? Et pourquoi ils lui voulaient du mal ? Elle n’avait pourtant rien fait, appart poser le pied sur cette Terre, enfin dans la neige qui la recouvrait…

Aliénor n'avait que peu de temps, à en croire sa vision thermographique, avant qu'elle ne soit entièrement encercler par ces hommes. De plus, il semblait évident qu'ils en avaient après la jeune femme en bleu. Selon la procédure qu'elle avait déjà mit en place plusieurs année auparavant, c'était deux coups de semonce, puis fini.

Tout à coup, des balles fusèrent contre le véhicule blindé. Les coups de sommations venaient donc de partir. Elle régla son ATH pour réduire un peu l'affichage, ne restant que sur du visuel. Elle verrouilla chacune des silhouettes que les différentes caméras de la voiture voyaient au delà du brouillard blanc, puis ordonna la mise en route de la mitrailleuse.

Les fut rotatifs commencèrent à tourner, de plus en plus vite. Deux détonations eurent lieu, puis... Le silence. Les barillets continuaient de tourner, mais dans le vide. Sur l'ATH d'Aliénor, un signe rouge clignotant signalait une avarie dans le magasin des munitions de la voiture. Lâchant un juron, elle maudit encore une fois la neige et le froid. Que ne donnerait-elle pas pour avoir à combattre des pillards ailleurs que dans ces collines gelées?!

Elle attrapa, sur la banquette arrière, son MP2100, et dévérouilla instantannément la barrière d'interface. Ainsi, n'importe qui pourrait se connecter à l'interface de l'arme, sans pour autant pouvoir tirer si l'arme pointait dans la direction d'Aliénor. Elle même se connecta, sans fil, à son Colt LightFire et le rangea dans son holster. Elle brancha sa combinaison sur une des interface du véhicule, et en un instant, la tenue se gonfla légèrement d'air chaud. Ainsi, elle pourrait tenir plusieurs minutes dehors sans ressentir le froid.

Soudain, une voix s'éleva de l'extérieur. La jeune femme en bleu lui demandait son aide. Aliénor ouvrit d'un coup la portière, et sortir du véhicule. La jeune femme semblait savoir se battre, mais n'avait aucune arme apparente. Elle lui jeta donc son pistolet mitrailleur, en lui criant :

"Prenez ça, l'interface est déverrouillée!"

Puis elle se tourna vers les formes qui tiraient de loin, en aveugle visiblement. Elle se déconnecta du véhicule, et verrouilla son ATH. Ils étaient dix, elles deux, mais le véhicule servirait de couverture au moins un moment. De plus, ils ne semblaient pas vraiment équipé pour combattre avec pareille tempête de neige, ce qui allait surement leur sauver la vie.

Puis ce fut l'affrontement. Elle courut hors de son abri, vers la forme la plus proche, et donna l'ordre de dégainer. Automatiquement, son réseau neural prit le relais, et sa main partit d'elle même en arrière. Puis son bras se jeta en avant, alors que son holster éjectait, à l'aide d'air comprimé, le pistolet directement dans la main d'Aliénor. Elle braqua l'arme devant elle, et reprit le contrôle de son bras. Les commandes les plus systématiques ne passaient pas par le réseau de décision classique, ils suivaient un chemin de traitement automatique, pour être bien plus rapide. Cela avait toutefois l'inconvénient majeur de ne pas être réellement modulable : si elle voulait dégainer puis pointé son arme vers la gauche, elle devait le faire "en manuel".

Aliénor sauta en l'air, et commença à vider son chargeur sur les cibles auréolées de rouge vif sur son ATH, un décompte annonçant qu'il ne lui restait plus que quinze munitions dans son chargeur.

L’adolescente ne savait pas si l’inconnue allait l’aider, à vrai dire, elle était persuadée du contraire. Après tout cela aurait été compréhensible, une inconnue en bleu attaquée par des pillards et qui demandait de l’aide, c’était peut être un peu trop suspect. C’était pour cela qu’elle était en position défensive, prête à se débrouiller toute seule, comme elle l’avait toujours fait.

Depuis qu’elle était venue dans ce qu’elle appelle le « Nouveau Monde » ou encore le « Monde de la Surface », elle avait pris cette habitude. Seule, étant quasi différente des autres, même si son aura était pure, certaines personnes avaient peur d’elle. Elle était une Lypéria, même si elle était classée dans ce que l’on appelle les Lypéria Nobles, elle fessait partie de ces monstres qui envahissaient le Monde des Humains. Ce Monde qu’ils avaient fini par détruire, à trop vouloir sans rien faire, ils auraient dût savoir que Dame Nature n’apprécierait pas…

Elle avait donc pris l’habitude de se défendre et surtout de cacher une partie de sa véritable nature, ou du moins elle laissait planer le mystère autour d’elle. Le mystère… Elle l’inspirait bien, tout, ou presque tout, en elle le fessait ressentir. Les jugements que les autres lui portaient, l’avait quelque peu affecté. Lorsqu’elle était dans sa cavité, dans son Monde, elle n’avait jamais été jugée. Ce n’était pas seulement le fait d’être jugée qui la déragée, mais plutôt, que les Humains, enfin certain, n’acceptaient pas la différence. A croire qu’ils en avaient peur, peur de ce qu’était cette « chose », ou plutôt d’où elle venait.

Cependant, elle avait eu la chance de rencontrer des humains, qu’elle appréciait énormément et qui, eux, méritaient d’être heureux, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour cela. Ses amis, oui on pouvait bien parler d’amis, puisqu’ils n’avaient pas eu peur de cet être mystique, acceptaient sa nature angélique. D’autre avaient des comportements totalement différents, ils la prenaient pour une Déesse ou encore quelqu’un d’admirable. Elle avait longtemps était désorientée par tout ces jugements. Qui était-elle réellement ? Un démon ? Un Monstre ? Un être divin ? Elle n’en savait rien, enfin si elle le savait, mais elle se perdait dans ce monde qui ne savait pas s’il devait l’admirer ou encore la renier.

Bref, notre adolescente savait se battre, notamment grâce à ce que ses parents lui avaient appris. Mais surtout grâce à Léo, décidément elle lui devait beaucoup... Et puis soudain une arme passa devant ses yeux, elle l’attrapa et compris que l’inconnue allait l’aider. Elle eut un sourire de remerciement, puis regarda cette arme qui lui était étrangère, elle n’avait rien qui pouvait enclencher un quelconque mécanisme.

« Comment ça marche ce truc ? » Demanda-t-elle, en tournant l’arme dans tous les sens, pour trouver quelque chose.

Puis des hommes arrivèrent, environ dix. Angela eût un soupir, elle savait qu’elle allait devoir se battre. Tout le reste arriva très vite, l’inconnue sortit de sa cachette et attaqua, se jetant dans l’enfer des balles. Angela posa l’arme, elle ne savait pas s’en servir et de toute évidence elle aurait pu blesser quelqu’un. Elle invoqua donc Rédemption, qui apparut dans un petit halo de lumière blanche.

Elle rejoignit l’inconnue, mais resta figée, une sorte de « lame » se trouvait dans son bras. Elle pensa que c’était quelqu’un qui avait fait cela, elle voulut aller l’aider. Elle n’en eût même pas le temps, un homme se précipita sur elle, puis un deuxième. Elle n’était pas tout à fait prête, elle fut donc blessée. Puis elle commença à se battre, dans ses mouvements, on pouvait voir une grâce qui lui était propre.

Elle se battait et se défendait du mieux qu’elle le pouvait, mais les images qu’elle avait vu la troublaient. Elle s’inquiétait, elle pensait qu’à cause d’elle l’inconnue avait été blessée. Mais il y avait quelque chose de beaucoup plus troublant… L’inconnue ne semblait pas avoir mal, comme si c’était normal, elle ne ressentait peut être pas la douleur, ou cette « lame » faisait partie d’elle.

Le combat dura assez longtemps, mais elles finirent par être libres. Leurs ennemis reculèrent devant leur acharnement à se défendre, ils ne devaient pas s’attendre à voir tant de détermination. Angela était essoufflée, le froid lui mordait la peau comme jamais, elle tremblait comme une feuille, mais elle finit par se calmer. Elle ne tremblait presque plus, mais elle devenait de plus en plus rouge. Il lui semblait que la température avait chuté brutalement, enfin si ce n’était pas elle qui était « détraquée ».

« Comment allez-vous ? » Demanda-t-elle, en la regardant.

Son regard, et plus particulièrement ses yeux, était plein d’inquiétude et de regret. Cependant, ils étaient les seuls à la trahir. Elle ne savait pas ce qu’elle avait bien pu faire, pour être attaquée ainsi, en plus elle avait entraînée quelqu’un avec elle. Elle s’en voulait surtout à cause des blessures qu’elles avaient toutes les deux subies.

« Je suis désolée. » Dit-elle en s’approchant de la jeune femme rousse. « Vraiment désolée. »

Elle était sincère, elle aurait tout fait pour que cette situation ne se soit jamais produite, ainsi elle aurait sûrement été blessée mais elle serait la seule…

Aliénor avait chargée, bille en tête, comptant sur la couverture balistique de la jeune femme en bleu. Mais arrivée à mi-course, elle n'avait entendu aucun coup de feu allié. Par contre, ceux ennemis commençaient à pleuvoir. Elle grommela, et poussa son ATH au maximum. Elle avait verrouillé toutes les traces thermographiques, puis commanda le mode de couverture. Les cibles apparurent soudain, plus ou moins coloré selon certain critères, comme la distance ou les mouvements à effectuer. Un seul chiffre comptait maintenant.

Quinze.

Elle tira deux fois sur la gauche, en se laissant guider par son ATH, alors qu'elle courrait, ou plutôt sautait, dans la neige. Elle maudit encore une fois cette saleté, et retira une nouvelle fois. Elle avait besoin d'une couverture, et la jeune femme s'était maintenant figée sur place, et n'avait pas put poursuivre sa course.

Douze.

Aliénor savait qu'elle ne pourrait pas les vaincre tous, et ce n'était de toute manière pas son but. Il fallait assez les impressionner pour qu'ils rompent le combat et fuit, il n'y avait pas d'autre solution. Elle prit donc appuis sur ses deux pieds, soulevant un peu de neige, puis se lança dans les airs. Elle entama sa chandelle, et tira deux fois de plus sur la gauche. Elle tournoya en l'air, et tira trois autre fois sur sa droite. Évidemment, ce n'était que du tir réflexe, qui n'avait aucune chance de toucher une quelconque cible, mais cela obligeait ses ennemis à se mettre à couvert.

Sept.

Elle retomba sur ses pieds, devant sa première cible, qui ne manqua pas de lui tirer dessus. Une des balles vint frapper son coude, mais ricocha contre l'armature de titane qui protégeait ses os. Elle tira une nouvelle fois en direction d'un groupe de trois ennemis, puis verrouilla l'arme de son adversaire.

Six.

Aliénor fit un large mouvement de sa lame mono-filament en direction du pistolet de sa cible, mais ne fit qu'a moitié mouche. Elle qui ne visait que le canon de l'arme toucha plus bas. Son épée trancha net au milieu de la main de son adversaire, sectionnant deux doigts et lui ouvrant la paume en deux. Le bas du chargeur tomba dans la neige maintenant teintée de rouge. Un hurlement de douleur perça le voile neigeux. Aliénor n'attend pas, et se met à sauter vers son prochain adversaire, tirant derrière elle pour se couvrir.

Quatre.

Soudain, elle se mit a tourner un instant sur elle même et tomba dans la neige, amortissant sa chute dans une roulade. Une balle s'était logée dans sa chair, contre son omoplate, stoppé nette par le titane. Mais l'impact l'avait envoyer bouler. Elle se redressa ensuite, et prit appuis sur ses jambes, sautant comme un ressort se détendant sur sa nouvelle cible. Là elle avait gagné le droit d'y aller franchement. Sans faire dans le détail, elle loge deux balle dans le corps de l'homme, puis lui tranche une jambe avec sa lame. Elle est éclaboussée du sang de sa victime, mais elle pousse un cri de rage. Il n'était pas question qu'elle meurs ici, dans le froid.

Deux.

Elle se tourne vers sa nouvelle cible, mais d'un coup, son ATH s'affole. Toutes les formes semblent fuir, ce qui signifiait pour lui une explosion imminente. Elle se jeta d'un coup dans la neige, suivant son ATH. Mais dix secondes plus tard, elle réalisa qu'elle avait seulement réussi. Ses ennemis avaient fuis, et elle n'était que peu blessée. Elle réalisa seulement alors qu'elle avait une longue estafilade sur la cuisse gauche, et que sa chair avait été entamé par une balle sur son bras droit.

Aliénor se redressa, et retourna près de son véhicule, jetant un œil à son arme abandonnée dans la neige, et à la jeune femme. Elle avait sorti d'on ne savait où une sorte d'épée, et elle vint à sa rencontre.

Lorsqu'elle lui demanda comment elle allait, elle grogna d'abord, puis répondit :

"Ça va aller, mais c'est pas grâce à vous. Vous auriez put me couvrir, ou me dire que je devais vous couvrir, mais me laisser charger comme ça seule... Vraiment..."

Elle grogna de nouveau, tâtant ses blessures, puis leva le bras droit, et en un instant, la lame se plia et se rangea. Puis elle alla ramasser son pistolet mitrailleur, et entendit la jeune femme s'excuser de nouveau. Elle grogna de plus belle, et dit :

"Bon, ça ira. Faites vous pardonner, vous savez vous servir d'une trousse de secours? Bon, alors montez. Ah, et au cas où, la voiture ne répond qu'à moi, tout comme tout le reste de mon matériel."

Comme cela au moins, les choses étaient au clair, il n'y avait rien à voler. Elle ouvrit la portière avant, monta dans le véhicule, puis lui fit signe de monter. Aliénor sortit ensuite la trousse de secours où se trouvait bandage imbibé de lotion cicatrisante, quelques bandes de synthé-chair, et deux doses d'anti-douleur. Il y avait aussi deux outils : une pince auto-désinfectante, et un scalpel mono-filament.

Intérieurement, Aliénor se connecta à tout le matériel de sécurité de son véhicule, pour s'assurer que la jeune femme ne faisait aucune idiotie, puis se mit dos à elle, lui montrant son omoplate.

"Allez-y."

Pendant qu’Angela était restée figée, l’inconnue se battait admirablement. Elle était très agile et redoutable, elle se battait extrêmement bien. Elle faisait en sorte de ne blesser personne, son objectif devait être de leur faire peur. Les balles semblaient n’avoir aucun effet sur elle, comme si elle était faite dans une matière particulièrement résistante. Elle semblait être invincible, enfin presque...

Après qu’elle ait malencontreusement tranché la main d’un de leurs ennemis, elle fut attaquée par un autre qui lui tira dessus. Elle tomba, Angela se figea encore plus, c’était de sa faute, pourquoi restait-elle ici ? Pourquoi n’allait-elle pas l’aider ? Pourquoi ? Pourquoi avait-elle demandé de l’aide, alors qu’elle ne faisait rien pour éviter qu’elle soit blessée ? Pourquoi ne réagissait-elle pas ?

Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête, elle ne pouvait pas bouger en partie à cause de cela, mais aussi parce que ce qu’elle découvrait sur cette inconnue l’impressionnait autant que cela l’apeurait. Qui était-elle vraiment ? Elle essaya de faire abstraction de toutes ces questions et essaya de se défendre.

L’attaque que la jeune femme avait subie semblait l’avoir profondément énervée. Elle qui essayait juste de faire peur aux pillards, elle se mit à les tuer. Elle ne semblait même pas sentir ses secondes blessures, elle était en colère et Angela se préparait à subir les foudres de la jeune femme.

Alors qu’elle demandait à l’inconnue comment elle allait, elle put entendre le grognement sourd que produisait cette dernière. Elle comprit qu’elle lui en voulait beaucoup, et qu’elle devait s’en vouloir de l’avoir aidée. Elle finit par lui répondre en lui faisant comprendre que si elle allait bien ce n’était pas grâce à elle. Cela elle le savait très bien, mais ce n’était pas de sa faute, si elle c'était inquiétée pour cette inconnue qui avait une lame plantée dans le bras. Enfin si c’était sa faute…

Puis Angela prit conscience de quelque chose, si la jeune femme n’avait pas eu mal c’était parce que cette lame faisait partie d’elle. L’adolescente resta un moment sans rien dire, sans bouger. Elle venait de comprendre qu’elle aurait pu faire quelque chose et qu’elle s'était inquiétée pour rien. Elle s’excusa, mais cela ne semblait pas faire grand-chose, cela semblait même l’énerver, plutôt qu’autre chose.

"Bon, ça ira. Faites vous pardonner, vous savez vous servir d'une trousse de secours? Bon, alors montez. Ah, et au cas où, la voiture ne répond qu'à moi, tout comme tout le reste de mon matériel."

Oui elle savait se servir d’une trousse de secours, même si elle ne savait pas se servir de l’arme que lui avait proposée la jeune femme rousse. La précaution que prit l’inconnue vexa l’adolescente, comme pouvait-elle croire qu’elle ferait une telle chose ? Mais elle pouvait la comprendre, Angela ne lui avait pas été d’une grande utilité jusqu’à maintenant.

La jeune combattante fit signe à Angela de monter dans cet étrange véhicule, elle monta donc. Puis elle prit la trousse et examina d’un peu plus près les blessures de la jeune inconnue. C’était beaucoup plus profond que ce qu’Angela aurait cru, elle sentit que sa tête tournait, mais elle reprit ses esprits et entreprit d’extraire les deux balles que la jeune femme avait reçues. Mais elle finit par regarder de plus prés l’entaille qui se trouvait sur la cuisse gauche de l’inconnue. Elle prit le bandage imbibé d’une lotion cicatrisante, et l’appliqua soigneusement et délicatement sur la blessure. Elle faisait du mieux qu’elle pouvait afin que l’inconnue ne souffre pas trop.

Une fois qu’elle eût fini avec l’entaille de la cuisse, elle s’intéressa à deux balles. L’une se trouvait dans son omoplate, Angela administra l’une des deux doses d’antidouleur, et inspira profondément avant de prendre le scalpel et d’entailler une partie de la chair. Elle trouva la balle écrassée qu’elle enleva grâce à la pince, et appliqua une bande synthé-chair là où elle avait fait l’entaille. L'omoplate était recouvert d'une sorte de métal, elle commençait à comprendre pourquoi cette jeune femme était quasi invincible.

Puis elle s’attaqua à la seconde balle, celle qui était dans le bras droit de la jeune femme. Elle recommença, elle administra l’autre dose d’antidouleur et fit une légère entaille dans le bras. Puis elle extirpa la balle et appliqua une autre bande de synthé-chair. Une fois qu’elle eût fait tout cela, elle respira profondément. Elle n’aimait pas vraiment faire ce genre « d’opération ». Elle avait essayé d’être la plus douce et la plus délicate possible.

« Vous allez mieux ? » Demanda-t-elle.

Elle espérait que l’inconnue rousse ne lui en voudrait pas trop, et qu’elle essaierait de comprendre pourquoi Angela avait agi ainsi. De toute façon si cela n’auvait pas été l’inconnue qui aurait voulu savoir, elle lui aurait expliqué. Angela se plongea dans le monde de ses pensées et attendit la réponse de l’inconnue.

Aliénor ne bougea pas pendant toute la durée des soins. De toute manière, elle n'en avait pas vraiment besoin, reliée à la voiture par son interface neurale. Elle lui ordonna de monter légèrement le chauffage, et activa le dégivrage général de la machinerie. Cela allait pomper une grosse partie de la puissance fournie par le soleil, mais c'était nécessaire.

Elle se laissa faire par la jeune femme, puis se détendit suite aux deux doses d'anti-douleur. Elle n'y allait pas de main morte, mais il n'aurait pas été juste de critiquer la façon de faire de la jeune femme. Après tout, ce n'était pas vraiment un mal que de ne plus ressentir la douleur, même si c'était plutôt embêtant de gâcher deux doses alors qu'une aurait put suffire.

Puis Angela lui demanda si ça allait mieux. Elle se tourna, remit sa tenue qu'elle avait fait "dégonfler" en place, puis finalement hocha la tête.

"Oui, ça va aller. Merci, rajouta-t-elle en tendant une main gantée vers elle. Aliénor Destinée, ancienne employée de Shigenza."

Le ton était un peu distant, et seul un léger sourire montrait une certaine forme de sympathie pour la jeune femme. Ce n'était pas qu'elle avait quelques griefs contre Angela, c'était juste qu'elle n'avait encore rien fait pour s'attirer les bonnes grâces d'Aliénor.

"Et toi, tu es blessé? Montres voir si tu veux."

Son ton était calme, tranquille, comme si le fait qu'Angela veuille ou non lui montrer ses blessures ne lui importait pas. Dans le premier cas, elle allait l'aider du mieux qu'elle le pouvait, sinon, elle la laisserait se débrouiller. Les gens n'avaient pas à mentir face à ce genre de question, et elle ne comptait forcer personne à recevoir son aide.

Elle ordonna mentalement à sa voiture de vérifier si l'arrivée des munitions vers les mitrailleuses fonctionnait, puis elle hocha la tête en voyant le mot "OK" écrit en vert sur son ATH. C'était donc bien le givre, ou la température trop basse qui avait provoqué cette avarie.

Aliénor fit se replié toutes les armes du véhicule, pour essayer d'économiser un peu de chaleur, et empêcher d'avoir trop de prise au vent. Puis elle vérifia le niveau de batterie et l'apport énergétiques du soleil. Le dégivrage en était à la moitié seulement, et vu les différents niveaux, elle ne pourrait pas repartir tant que celui-ci n'était pas terminé.

Angela attendit patiemment la réponse de la jeune femme, elle espérait qu’elle avait à peu près bien fait les soins de cette dernière. Elle avait été la plus douce et la plus sérieuse possible, elle n’avait pas l’habitude de se servir de scalpel et de pince afin d’extraire des balles. En attendant que l’inconnue voulue bien lui répondre, elle se plongea dans ses pensées, puis en ressortit lorsqu’elle entendit la voix de la jeune femme.

Cette dernière se présenta, elle se nommait Aliènor et était une ancienne employée dans une sorte d’organisation que ne connaissait pas notre jeune ange. Cette Aliènor lui parut plus sympathique, presque gentille, Angela ne put s’empêcher de lui sourire.

« Moi c’est Angela, lui dit-elle en lui prenant la main. Une simple sorte d’historienne. » Ajouta-t-elle avec un sourire.

Elle n’allait pas lui révéler d’où elle venait, ni ce qu’elle était vraiment, déjà que la jeune femme ne l’aimait pas tellement. Après tout c’était compréhensible, mais Angela n’allait pas tout lui dire sur elle maintenant, pas encore… Elle attendrait d’en savoir un peu plus sur cette ex-employée de Shigenza…

Puis elle lui demanda si elle n’était pas blessée. Blessée… Elle ne savait pas si elle l’était, elle ne sentait rien qui lui faisait mal ou qui pourrait être une blessure. Mais quelque chose se réveilla, comme si cette question l’avait réveillée… Ce n’était qu’une simple petite blessure, une balle avait du la frôler lorsqu’elle avait été figé. Elle regarda d’un peu plus prés, cela avait déjà commencé à cicatriser.

« Je ne crois pas que… »

Elle s’arrêta, quelque chose venait de lui faire mal… Elle regarda plus attentivement et vit que sa robe était tachée d’un rouge vif. Elle grimaça et porta sa main à l’une de ses côtes, elle avait du prendre un coup lorsqu’elle avait essayé de se défendre.

« Finalement je crois que je suis blessée. » Répondit-elle avec un léger sourire.

Angela, une historienne. Aliénor haussa les épaules et souri. Après tout, cela était possible, même que bien étonnant. Mais le monde n'était-il pas devenu lui-même étonnant?

Elle regarda la jeune femme, puis hocha la tête lorsqu'elle commença à dire qu'elle n'était pas blessée. Elle aurait très bien put vérifier cela toute seule avec sa vision thermographique, mais si Angela ne voulait pas d'aide, elle n'allait pas la forcer.

Puis elle vit la tache rouge sombre s'étendre, et fronça les sourcils. La jeune femme confirma qu'elle était finalement blessée, et Aliénor hocha de nouveau la tête. C'était là une invitation à la soigner.

Elle prit la trousse de soin, et activa la désinfection automatique du scalpel mono-filament, qui vira instantanément au rouge vif, pendant un instant, avant de revenir à sa couleur grise classique. Puis elle demanda à Angela :

"Retire ta robe, faut que je vois ça. T'en fais pas, je monte le chauffage."

Joignant la pensée à la parole, elle commanda la voiture par son interface, avant de la regarder se défaire de sa robe. Après tout, elle n'avait pas le choix, c'était ça ou découper le vêtement.

Après un instant de réflexion, elle se pencha au dessus de la banquette avant, l'enjamba, passant à l'arrière, et pioche dans le coffre une combinaison synthétique. Elle la tendit ensuite à la jeune femme à l'avant, et hoche la tête.

"Tiens, enfile ça, au moins pour le bas."

La tenue était bien trop grande pour Angela, semblant aussi trop large pour Aliénor, mais il s'agissait là d'une tenue adaptative, s'ajustant automatique à la corpulence du porteur.

Puis Aliénor regarda la blessure de la jeune femme.

Le fait qu’Angela soit une sorte d’historienne surprit quelque peu Aliènor. Cependant Angela avait bien précisé « une sorte d’historienne », elle ne l’était pas à proprement dit. En fait, elle cherchait tout ce qui touchait au Nouveau Monde, à ce qui s’était passé avant l’Apocalypse, à leurs cultures, leurs légendes. Elle voulait juste savoir le passé de cette Terre dévastée, elle pensait qu’en faisant cela elle pourrait comprendre pourquoi la Colère de Dame Nature c’était abattue sur le Monde. Et peut-être qu’elle trouverait mieux le Chevaucheur de l’Ombre et la Lumière, ainsi que Léo…

Elle sourit donc à la jeune femme et regarda de plus près les quelques blessures qu’elle avait pu voir. Elle finit par remarquer que quelque chose d’anormal se passait sur une de ses côtes. Elle hésita à enlever sa robe sous les « ordres » de l’ex-employée. Elle regarda vaguement autour d’elle, puis fut rassurée lorsque la jeune femme rousse lui assura qu’elle monterait le chauffage. Elle ne sait pas comment, mais dès qu’Aliènor avait parlé la température avait légèrement augmenté.

Angela prit la sorte de combinaison que lui tendait la jeune femme. Elle la regarda bizarrement, elle ne logerait pas dedans, cependant elle l’enfila. Bizarrement elle ne se sentit pas flotter dedans, elle eût un sourire et laissa Aliènor regarder sa blessure.

« C’est grave ? Demanda-t-elle en regardant un peu. Ou c’est juste une simple petite égratignure ? »

Elle ne savait pas vraiment ce qui lui était arriver, juste qu’elle ne sentait pas beaucoup la douleur. Elle ignorait quand et comment elle avait été blessé, enfin quand, elle le savait. Mais comment, elle n’avait rien ressenti avant pourquoi maintenant elle se mettait à sentir des picotements, des tiraillements. Qu’est-ce qui avait bien pu réveiller cette sensation de douleur ?

La douleur… Cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’avait pas ressenti, depuis qu’elle avait été séparée de Léo… Une chose apparut alors dans sa tête, elle venait de comprendre qu’elle avait déjà été blessée ici, après qu’elle se soit retrouvée sur la Surface lumineuse, de la Terre dévastée. Elle secoua la tête pour chasser cette pensée, ce n’était qu’une simple coïncidence…

"C'est grave? Ou c'est juste une petite égratinure?"

Elle connaissait déjà la réponse. Pour que le sang tache ainsi la robe, la blessure était surement profonde, à moins qu'elle ai toucher le foie, mais si c'était le cas, la jeune femme était condamnée.

Elle prit le scalpel et la pince, puis prit la robe dans l'autre main.

"Je suis désolé, mais j'ai besoin d'essuyer la plaie. Ne bouge pas."

Elle ouvrit la porte et récupéra un peu de neige, qu'elle mit dans la robe roulée en boule. Elle referma tout de suite après la portière, et revint à Angela. Elle commença à éponger la plaie, puis utilisa sa vision puissante pour voir ce qu'il en était. Après un instant, elle réussit à déterminer que la balle était logée juste contre une côte, sur le flanc du buste. De plus, si la jeune femme ne ressentait que peu de douleur, c'est que les os n'avaient pas été très abimée, et surtout que la balle ne faisait pas pression dessus, ce qui était une bonne chose. Finalement, elle répondit, tout en essuyant toujours la plaie :

"La balle est logée par là, dit-elle en montrant la zone du doigt. Elle n'a visiblement pas toucher de nerf, sinon tu crierais de douleur, et n'a pas traverser le thorax. En plus, aucune artère n'a été touchée, sinon il y aurait beaucoup plus de sang."

Elle soupira, puis posa sa conclusion :

"C'est grave mais pas mortelle. Faut que je retire la balle par contre, et cela risque d'être douloureux. Et après, tu n'aura pas le choix, faudra t'allonger à l'arrière, interdit de marcher pendant un moment. Tu as une interface en état de marche? Ou un inhibiteur de douleur?"

Si elle pouvait se couper de la douleur, ça serait bien mieux. Son anti-douleur n'était pas fait pour être absorber plusieurs fois d'affilé, et là, cela allait prendre plusieurs minutes pour retirer la balle. Et après elle soufrirait autant que pendant l'opération. Pour le moment, la balle ne faisait pas vraiment mal, elle était là, n'avait traverser presque que du tissu adipeux. Mais après l'opération, le passage de la balle serair réouvert, légèrement élargit, et un peu coupé.

Angela savait que c’était grave puisqu’elle commençait à ressentir une douleur et puisqu’autant de sang avait imprégné sa robe, ce n’était pas qu’une simple égratigne. Elle espérait juste que ce n’était pas très grave et qu’elle ne souffrirait pas trop, même si elle savait qu’elle avait déjà eu mal, beaucoup plus fortement que cela…

Aliénor commença à entreprendre de soigner l’adolescente, elle prit ce dont elle avait besoin, et sa robe en faisait partie. Angela soupira et pensant qu’il faudrait qu’elle fasse quelque chose pour pouvoir remettre sa petite robe bleue. Elle sourit puis regarda Aliénor s’agiter pour récupérer de la neige, enfin quelque chose de froid et pouvant devenir liquide. Puis elle se mit à nettoyer la plaie, Angela ne sentait que quelque petits picotements et des tiraillements qui s’accentués un peu. Elle inspira profondément, elle ne savait pas réellement pourquoi, mais elle avait le pressentiment qu’elle allait avoir mal, très mal…

La jeune femme rousse finit par lui dire ce qu’elle avait, et elle lui montra l’endroit où une balle avait réussi à se frayer un chemin. Elle la rassura en lui disant qu’aucun nerf et aucunes artères n’avaient été touchées, Angela soupira profondément, elle c’était trompée, elle n’allait pas souffrir, enfin presque…

Aliénor finit par lui avouer quelque chose, la blessure qu’elle possédait n’était pas mortelle, mais grave. Elle commença à lui faire peur, Angela devrait rester allongée pendant un moment et elle aurait mal, mais mal à quel point ? Serait-ce supportable ? Elle ne le savait pas, mais pour que la jeune femme lui demande si elle n’avait pas quelque chose pour ne pas ressentir la douleur, elle s’inquiéta.

« Heu… Je ne crois pas que je possède quelque chose de ce genre. » Lui répondit-elle, avec un sourire.

Elle essayait de ne pas monter son inquiétude, et cette derrière finit par disparaitre. Elle savait qu’elle resterait en vie, elle n’avait pas d’autre choix, elle l’avait promis à Léo, elle devait rencontrer le Chevaucheur de l’Ombre et de la Lumière, elle ne pouvait pas mourir maintenant. De plus, la douleur, elle passerait forcément, même si pour cela Angela devrait souffrir comme jamais. Elle pensait aussi que la douleur ne lui ferait pas autant mal, que lorsqu’elle venait de se rendre compte qu’elle avait tout perdu, il y avait maintenant bien longtemps…

« Je pense que je n’ai pas d’autre choix que de mordre quelque chose ? » Lui demanda-t-elle, en affichant un air paisible.

Elle sourit et resta confiante. Elle avait confiance en cette étrangère et savait qu’elle essaierait de ne pas la faire souffrir de trop. Enfin elle l’espérait…

Aliénor soupira légèrement : Pas d'interface, cela voulait dire pas de carnet de santé, et donc une impossibilité de savoir si la jeune femme souffrait d'une quelconque allergie aux anti-douleurs, et pas d'inhibiteur de douleur, cela voulait simplement dire pas d'inhibition de la douleur.

Lorsque la jeune femme parla de nouveau, pour lui dire qu'elle comptait mordre dans quelque chose, Aliénor dénia du chef. Il n'était pas question de la laisser encaisser une opération chirurgical sans anesthésie. Non seulement elle risquait de bouger à cause de la douleur, mais en plus le stress corporelle qu'elle subirait alors risquerait de déclencher une attaque hémoragique. Autant ne rien faire et espérer pour que tout guérisse seul dans ce cas...

"Non non, je vais t'administrer la dernière dose d'anesthésiant. Je te demandais ça surtout pour le post-opératoire. Même si la blessure sera refermé par une bande de synthé-chair, tu va douiller sévèrement, je le crains. Pour retirer la balle, il aura fallut que j'agrandisse légèrement le trou, et ça, ça va pas se soigner miraculeusement en deux minutes."

Elle parlait d'une voix sans chaleur, mais sans agressivité, elle constatait des faits tout simplement. Elle finit ensuite d'éponger la plaie, la robe virant du bleu au rouge sanguinolent, tout comme une partie de la banquette avant du Hummer. Finalement, Aliénor prit le scalpel, et hocha la tête.

"Bon, tache de te calmer, ferme les yeux et imagine toi ailleurs, ça va piquer un peu, le temps que l'anesthésiant fasse effet, puis après ça ira."

Elle lui laissa un instant, le temps de se faire à l'idée, puis tira la dernière seringue de sa trousse de soin. Puis sans faire plus de manière, elle retire le capuchon et lui plante l'aiguille dans la chair, lui injectant la dose d'anti-douleur.

Aliénor l'aida ensuite à s'allonger sur la banquette, et hocha la tête, avant de commencer à opérer. Elle n'avait quasiment aucune expérience pratique dans ce domaine, à part les fois où elle même avait été blessée, mais elle avait lut plusieurs tome encyclopédique à la base de Londre. Elle tailla dans la chair, évitant autant que possible de couper les fibres musculaires et les nerfs, puis à l'aide de la pince, elle commença à extraire la balle.

Soudain, le vent se leva, et balaya la colline où elles étaient. Le hummer se mit osciller, et Aliénor lâcha un juron en même temps que la pince, qui retomba sur le flanc d'Angela.

"Mince, désolée, je hais ce climat bon sang!"

Elle respira, puis reprit la pince, et recommença à tirer la balle hors du corps de la jeune femme. Millimètre par millimètre, la responsable de tout cela commença à montrer le bout de son nez, puis dans une dernière légère secousse, sortie toute entière. Aliénor tenait la balle entre les bras de sa pince, et la montra un instant à Angela, avant de la poser sur le tableau de bord.

La femme prit ensuite une des bandes de synthé-chair restante, et retira la première couche de protection, répandant du liquide désinfectant sur toute la plaie et la bande. Elle retira la seconde couche, et apposa la bande sur la chair à vif d'Angela, avant de finalement se reculer et de soupirer de soulagement.

"Voilà... Maintenant, va falloir rester allonger un bon bout de temps, pour éviter de tout rouvrir, jusqu'à ce que la cicatrisation soit complète."

Angela restait paisible, même si on pouvait voir une étincelle d’inquiétude dans ses yeux bleus. Aliénor fini par la rassurer, il était hors de question qu’elle ne fût pas anesthésiée, apparemment ce n’était qu’une simple précaution avant l’opération. Angela soupira, elle aurait bien subit la douleur, mais ce qu’Aliénor fini par lui révéler lui fit peur. Elle aurait mal, même après l’opération, à cause de ce qu’elle aurait du faire pour extraire la balle de là où elle avait élu domicile.

Puis Aliénor commença l’opération, elle conseilla à Angela de penser à autre chose, puis elle lui injecta une dose d’antidouleur et l’aida à s’allonger sur la banquette. Sur cela elle ferma les yeux, et pensa à tous les bons moments de son enfance, même si cela lui faisait mal, elle était heureuse de repenser à lui. Son visage était calme et serein, sans la moindre once de douleur, même si quelques larmes perlaient le long de ses joues.

L’opération se passa bien, même si Angela sentait que quelque chose se passait sur sa côte. Soudain quelque chose fit bouger l’engin et quelque chose de froid se posa sur la peau chaude de l’adolescente. Angela se força à ne pas rouvrir les yeux et à se replonger dans le monde de son enfance, puis elle sentit qu’Aliénor reprit sa tâche.

Et bientôt cette opération fût finie, Aliénor lui montra la balle qui avait causée tant de problème à ces deux jeunes femmes. Angela ignorait combien de temps cette opération avait duré mais elle avait eu le temps de voir tous les souvenirs qu’elle possédait, même s’ils n’étaient pas nombreux. C’était d’ailleurs peut-être, pour cela qu’elle ne savait pas combien de temps elle avait été plongée dans son univers passé.

Puis la bande de synthé-chair fût posée sur la peau qui avait était ouverte, Angela inspira profondément ; elle savait qu’elle allait souffrir et qu’elle aurait mal dés que l’effet bien faisant de l’antidouleur prendrait fin. Elle sourit et regarda la jeune femme rousse.

« Merci beaucoup. » Lui dit-elle, en souriant. « Je vais devoir rester longtemps comme cela ? Demanda-t-elle soucieuse. Je vous ai déjà causé beaucoup trop de soucis. » Ajouta-t-elle avec un air triste.

Elle savait qu’elle n’avait rien fait de bien depuis qu’elle avait mis les pieds dans la colline enneigée du Canada, elle n’aurait peut-être pas du venir ici. Elle n’avait même pas trouvé ce qu’elle cherchait et elle ne savait pas, non plus, où elle pourrait aller pour trouver d’autre trace de Léo. Elle soupira et attendit la réponse de la jeune femme.

Aliénor pencha la tête de côté un instant, comme intrigué, puis éclata d'un rire calme. C'était vrai qu'elle lui avait déjà causé bien des ennuis, et couter cher en matériel médical, mais ce n'était pas sa faute. Elle avait décidé elle même de l'aider. Elle dit, sans réels sentiments dans la voix :
"Va falloir rester comme ça pendant quelques heures au moins, le temps que la synthé-chair fasse son boulot. Ensuite on pourra bander la plaie, elle risque plus de bouger. Par contre, tu pourra toujours pas faire de mouvement brusque. Par contre, je te déconseille de descendre, pour plusieurs raisons."

Elle leva un premier doigt en l'air, et rajouta :
"Dehors, il fait moins dix, et le vent vient de se lever. Avec le sang que tu as perdu, tu gèlerais sur place."
Deuxième doigt, deuxième remarque :
"Tu portes une de mes combinaisons, et c'est des bijoux de technologie vu notre période, donc hors de questions que tu partes avec. Et ta robe ne te tiendra jamais au chaud. Je me demande d'ailleurs bien comment tu as fait pour venir jusqu'ici en ne portant que ça."
Un nouveau doigt vint rejoindre les deux autre :
"Imaginons que tu survives au froid, tu risque de rouvrir ta blessure, et ça se remettra à saigner, ce qui augmentera ton hypothermie."
Et le quatrième doigt se leva :
"Et mettons que tout cela ne te tue pas, comment compte-tu te nourrir? Dans ton état, tu ne pourra pas chasser, et tu ne pourra pas voyager aussi vite qu'avant, donc je suppose que tu n'as pas assez de vivres pour le reste du trajet."

Aliénor ramena ensuite sa main près d'elle, et regarda devant elle. La non-assistance à personne en danger était déjà plus un principe qu'une réalité avant le cataclysme, alors à l'époque actuelle, était-ce vraiment encore un crime? Quoi qu'il en était, de toute manière, si Angela voulait partir, elle n'avait pas à l'en empêcher, mais elle ne devait pas la jeter dehors. C'est pourquoi elle rajouta, après encore un moment de réflexion :
"Une ou deux personnes dans ce véhicule, ça ne me coutera rien de plus. Et puis, d'après ce que j'ai vu, tu te bas plutôt pas trop mal, mais tu n'as pas vraiment de chance contre moi, surtout si tu n'as pas d'interface pour pirater mon véhicule. Je peux donc supposer sans trop me tromper que je ne crains rien à te laisser vivre avec moi un moment."

Certes, tout ceci n'était pas vraiment amical, mais c'était des précisions nécessaire dans ce monde où seule la violence faisait encore loi. Elle ferma les yeux, et se plongea à moitié en réalité virtuelle. Elle ressentait toujours son propre corps, mais sur son affichage tête haute, seules se trouvaient les vues des caméras du Hummer. Ainsi, elle pouvait piloter, tout en continuant de parler. De toute manière, elle n'avait pas le choix. Par mesure de sécurité, elle avait entièrement démonté le pédalier et le volant de la voiture.

Elle embraya mentalement, et mit le véhicule en mouvement.
"Je me dirige vers le sud, en direction des restes de New-York. Ça te va?"

Avant qu'elle ne puisse répondre, Aliénor rajouta :
"Au fait, tu peux me tutoyer et m'appeler Ali, je préfère."

D’après le rire de la jeune femme, Angela comprit qu’elle ne lui en voulait pas vraiment d’être un tel fardeau, puis elle répondit à sa question. Angela ne voulait pas rester trop longtemps, Aliénor devait avoir d’autre chose à faire. Bien sûr elle serait restée le temps qu’il aurait fallu pour que sa blessure cicatrise, elle lui aurait rendu sa combinaison et aurait trouvé un moyen de rendre sa robe à son état normal, un peu de magie et voila, elle redeviendrait comme avant.

La jeune femme rousse la rassura, quelques heures ce n’étaient rien, l’ange se ferait discrète et ces quelques heures passeraient très vite. Elle afficha un air plus serein et sourit, elle ne lui causerait plus de problème dans quelques temps. Puis Aliénor, lui indiqua quatre bonnes raisons, pour qu’elle ne tente pas de partir. Lorsqu’elle lui énuméra la deuxième raison, elle eût un petit sourire, elle-même ne savait pas comment elle faisait pour ne pas congeler sur place en temps glacial. Elle devait avoir une sorte de chaleur centrale, ou une excellente raison de ne pas geler…

Tout ce que lui disait la jeune femme était vrai, elle ne pourrait pas faire grand-chose en étant dans l'état dans lequel elle se trouvait, cela ne lui servirait à rien. Elle décida donc de rester et de se faire la plus discrète possible, pour ne pas gêner sa « sauveuse ». Une silence s’installa pendant quelques minutes, puis fût rompu par la voix d’Aliénor.

Quelque chose intrigua la jeune adolescente :

« Sutout si tu n'as pas d'interface pour pirater mon véhicule »

Que voulait-elle dire ? Cette jeune femme commençait à l’intriguer, qui était-elle réellement ? Angela savait qu’elle pouvait avoir confiance en elle, et elle lui avait bien prouvée, mais quelque chose, comme un certain mystère planait sur cette jeune femme. Elle se rendit compte qu’elle avait quelque chose de particulier, ou tout simplement qu’elle s’y connaissait très bien en informatique. Elle secoua la tête, comme pour dissiper ces nouvelles questions.

Elle fut surprise, comment cette jeune femme pouvait-elle croire qu’elle ferait quelque chose contre celle qui l’a aidée ? Elle comprenait très bien cette réaction, mais cela la surprenait toujours. Lorsqu’elle était à Caewyr, personne ne lui aurait dit cela. Un voile de tristesse apparut sur ses yeux, puis elle se ressaisit, elle n’était plus chez elle, mais dans un autre Monde et quelque chose d’important se trouvait quelque part dans les terres dévastées.

Puis tout à coup, le véhicule avança, Angela ne comprenait plus rien. Aliénor se trouvait pas très loin d’elle, et assez loin du volant, qui avait disparu. Son cœur se mit à battre plus fort, comment pouvait-on faire cela ? Elle cru qu’elle rêvait, pour s’en convaincre elle ferma et rouvrit les yeux, mais elle se rendit compte qu’elle ne rêvait pas. Elle voulu bouger, mais elle se rappela des indications de la jeune femme ; elle soupira, elle comprendrait en temps voulu. Pourtant elle ne pouvait s’empêcher de penser à la véritable nature de la jeune femme ; il y avait eu tellement de chose étrange... Au tout début, la lame comme incrustée dans son avant bras, suivie de ses connaissances en matière d’informatique et pour finir, le contrôle automatique du véhicule. Elle n’avait même pas prononcé un seul mot, ou bien elle l’avait fait... Mais très bas.

Angela secoua la tête, elle devait se tromper, même si elle était convaincue qu’elle n’était pas tout à fait comme les autres humains. Toutes ses réflexions étaient survenues très vite dans l’esprit d’Angela, mais elle avait quand même entendu la question de la jeune femme, et ce qui suivit. Elle mit un moment avant de répondre.

« Heu… New-York ? Si je ne suis pas trop encombrante pourquoi pas ? »

Elle semblait normale et heureuse, même si on pouvait percevoir un tout petit peu d’incompréhension. New-York, elle avait passé beaucoup de temps dans cette ville ; et commençait à bien la connaître, elle et son histoire.

« Très bien Ali. Dit-elle avec un sourire. Mais tu devras en faire de même. » Ajouta-t-elle avec toute la douceur dont elle était capable.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle sentait qu’elle ne deviendrait pas ennemis et qu’elle pourrait peut être devenir amies… Qui pouvait savoir ? Elle avait déjà connu tellement de personne depuis qu’elle était arrivée dans le « Nouveau Monde », elle remercia Léo mentalement. Décidément, elle lui devait beaucoup plus que ce qu’elle n’aurait jamais cru. Son visage n’exprimait plus que de la joie et dégagée une certaine chaleur ; Angela était simplement heureuse…

Aliénor, les yeux fermés, haussa un sourcil. Elle voyait très bien sa passagère par les caméras du poste de pilotage, et son expression la surprit quelque peu. Elle semblait heureuse, et paisible même. Remarque, à bien y réfléchir, la situation d'Angela était presque enviable : elle était au chaud, protégée par des vitres blindés et d'épaisses plaques de titane, et soignée.

Elle hocha simplement la tête lorsqu'elle lui répondit que New York ne posait aucun problème. De toute manière, elles allaient traverser de nombreuses villes, et surement rencontrer quelques caravanes ou communautés de survivants.

Ali ordonna alors à la banquette de lentement se renverser vers l'arrière, de sorte que les deux jeunes femmes se retrouvèrent vite allongées. La belle rousse n'avait pas bougé, s'étant laissé guider par les sangles qui la maintenant à la banquette, et elle semblait maintenant presque comme endormie.

"Voilà, ça sera plus agréable pour toi, et cela ne change rien pour moi, alors autant en profiter."

Un sourire vint illuminer un instant le visage d'Aliénor, puis elle redevint de marbre. Elle ne bougeait quasiment pas, sauf quelques soubresauts de certains muscles, comme une main crispée ou un mouvement involontaire de la cuisse, résidus de la Réalité Virtuelle. Elle contrôlait tout le véhicule, et certains réflexes involontaires ne pouvaient être totalement inhibés par son interface, si elle tenait à garder un contrôle sur elle-même, ne serait-ce que pour pouvoir parler. Elle aurait aussi put plonger totalement en RV, et parler par le synthétiseur vocal de la voiture, mais cela n'aurait surement pas mit à l'aise Angela, qui semblait embarquer dans ce genre de véhicule pour la première fois.

"Alors, Angie, je peux t'appeler comme ça n'est-ce pas? Ce n'est pas tous les jours qu'on voit une adolescente se balader dans les terres gelées, et encore moins utiliser d'arme comme ton épée... Dis m'en plus à ton sujet, enfin, si c'est pas gênant hein."

Aliénor sourit un instant, toujours comme endormie. La voiture roulait relativement lentement, pour ne pas user les batteries inutilement, et pour être sur de garder l'adhérence précaire sur la neige. Elle roulait pour le moment plein sud. Quand elles seraient sorties de cet enfer blanc, elle pourra chercher la meilleure route possible.

Elle matérialisa sur son ATH l'enregistrement du combat, et les quelques images qu'avaient capté la vision de la jeune femme sur Angela en train de manier son arme. Après un instant, elle envoya les images sur un des écrans incrusté dans le pare brise du véhicule, pour montrer de quoi Aliénor voulait parler. On y voyait Angela manier Rédemption pour se défendre contre ses assaillants. La vidéo était très rapide, ne représentant que quelques secondes à peine. Après tout, Aliénor n'avait pas vraiment regardé dans sa direction, et seuls les moments où elle tournait sur elle même ou qu'elle jetait un œil en arrière avaient put servir.

Angela sourit lorsqu’elle comprit qu’Aliénor était d’accord, elle se perdit alors dans le monde de ses pensées, le seul refuge qu’elle possédait depuis ces dernières années. Elle fut sortie de ses pensées lorsqu’elle sentit que quelque chose se dérobait sous son dos, elle rouvrit les yeux et regarda autour d’elle. Elle comprit alors, que la jeune femme avait fait ou dit quelque chose pour qu’elles se retrouvent allongées.

Angela ignorait comme cette femme faisait pour « contrôler », si on pouvait bien parler de contrôle, son véhicule. Elle savait que la Surface c’était développée depuis longtemps maintenant, mais il y avait certaines choses qu’elle ne pouvait s’expliquer. La technologie avait été au centre de toute l’intention des Hommes, à croire qu’il n’existait que cela, le respect qui jadis régnait, avait pris fin à cause de la folie des Hommes et déclenchée la Colère de Dame Nature. Angela ne pouvait pas comprendre pourquoi tous ces changements avaient eu lieux, et elle essayait, tant bien que mal, de trouver une raison qui pouvait expliquer leur soif de pouvoir.

Pour en revenir à Aliénor, elle ne savait vraiment pas qui elle était… Elle devait être humaine puisqu’elle ne sentait rien qui pourrait lui faire croire qu'elle était Lypéria, elle semblait humaine, et devait l’être. C’était peut être une nouvelle forme de technologie que ces Hommes auraient créés avant d’être leur propre victime, une dernière technologie qui marquerait la fin de ce temps là. Elle soupira et finit par mettre de côté toutes ces questions, chacun avait un part de secret, de mystère en lui et il ne tenait qu’à eux de le dévoiler. Elle-même le savait bien… Elle cachait bien à cette femme qu’elle était Lypéria et dans quel camps elle se trouvait…

Avant de se laisser aller une nouvelle fois dans le monde de ses pensées, elle jeta un coup d’œil à son hôtesse. Un sourire apparut sur les lèvres de cette jeune femme, la rendant presque sympathique, même si elle n’avait pas était des plus agréable avec notre adolescente. Cette dernière ne pouvait pas lui en vouloir, elle n’avait fait que lui attirer des problèmes et n’avait toujours pas prouvé qu’elle était digne de confiance. Elle soupira en pensant à cela, puis sourit… Elle lui montrerait bien un jour ce dont elle est véritablement capable.

Ce fût la jeune rousse qui entama une sorte de dialogue, ce qui fit sourire Angela. Elle semblait vouloir en savoir plus que l’adolescente qu’elle avait soignée. Angela ne pu s’empêcher de sourire, ce qu’elle venait faire ici ? Chercher quelqu’un, ou du moins ses traces. Elle n’en avait pas trouvé, mais elle restait toujours optimiste, elle le retrouverait, elle n’avait pas d’autre choix. Elle devait admettre que la seule raison qui la retenait ici, c’était bien lui…

Soudain Angela se rendit compte que quelque chose était affiché sur un des écrant du pare brise du véhicule, elle regarda plus attentivement… Elle se rendit compte que c’était elle, elle se tourna vers Aliénor un peu désorientée. Elle ne savait pas quoi dire ou penser. La vidéo était très courte, mais on la voyait avec Rédemption, une arme qui n’était pas courante… Le cœur d’Angela se mit à battre plus vite, elle ne voulait ni mentir ni lui révéler qui elle était… Trop de personnes prenaient peur lorsqu’ils entendaient le mot « Lypéria » et ce peu importe qu’ils soient Nobles ou autre chose. Elle redoutait la réaction de la jeune femme, elle qui n’avait déjà pas confiance en elle, si elle lui avouait qui elle était elle risquait encore plus de se méfier.

« Il s’agit de Rédemption. » Dit-elle, le cœur battant un peu moins vite. « C’est une arme unique au monde. Mais tu dois déjà le savoir. » Ajouta-t-elle en souriant. « Elle est vraiment formidable. Et ma plus fidèle amie. »

Ces derniers mots étaient dits sur un ton sincère mais aussi nostalgique. Rédemption était l’un des seuls souvenirs qui lui restaient de ses parents, de sa sœur, de Léo et de tous les autres. Elle était en quelque sorte un symbole, un fragment de sa vie passée, ce qui lui donnait donc une importance au cœur de sa vie présente. Elle regarda une dernière fois l’écran du pare brise. Elle ne dévoilerait pas sa véritable identité à la jeune femme, elle attendrait un peu de temps.

« Je ne vois pas ce que tu veux que je te dise de plus. » Lui dit-elle. « Son fonctionnement ? Elle est reliée à moi par mon énergie. Ce qui fait qu’elle ne peut que m’appartenir, car je suis la seule à pouvoir la contrôler. » Dit-elle, sans se vanter en restant humble et respectueuse de cette arme. « C’est une épée, pas comme les autres, elle n’a pas véritablement de lame et je trouve qu’elle est sublime. » Ajouta-t-elle avec un sourire. « Que veux-tu savoir de plus ? » Lui demanda-t-elle.

Elle pensait que la description qu’elle venait de faire de Rédemption ne suffirait pas à combler les explications que la jeune femme désirée, elle ne voyait pas ce qui pourrait l’intéresser. De plus elle ne pouvait pas lui révéler tout sur cette arme, elle savait qu’elle finirait par devoir lui avouer qu’elle était un ange et donc Lypéria, mais elle voulait attendre.

« Toi aussi, tu es redoutable. » Finit-elle par dire. « Je crois qu’il faut que tu saches pourquoi je n’ai rien fait tout de suite… Hum… Comment dire… J’ai vu que… Que tu avais quelque chose, enfin une lame plantée dans ton bras… Et j’ai cru qu’à cause de moi tu avais été blessée, mais tu ne semblais pas souffrir alors j’étais complètement perdue. » Dit-elle, en baissant les yeux. « Je sais ce n’était pas une raison, mais je voulais que tu le saches. »

Elle redressa sa tête et sourit, mais on pouvait bien voir qu’elle se sentait coupable. Elle resta un moment comme cela et attendit la réaction et les questions de la jeune femme.

Aliénor ne pipa mot tout d'abord. Cette jeune femme avait pour plus fidèle amie une arme... D'un autre côté, elle n'y avait jamais pensé, mais elle aussi pouvait dire de même. Finalement, dans ce monde ravagée, parcouru par la violence, il n'y avait rien d'étonnant a ne faire confiance qu'a soi et à son matériel. Oui, finalement elle comprenait très bien cela, elle qui ne survivait que grâce à son Hummer et à son chromage.

Toutefois, elle n'avait jamais vu d'arme comme celle-ci, relié par énergie à son propriétaire. Ce n'était pas du bioware, puisqu'elle l'avait fait apparaître puis disparaitre... Surement était-là une autre facette du Pouvoir, mais elle ne l'avait pas ressentit, ce qui l'intriguait. Peut-être que c'était l'arme en elle même, la facette, et non la jeune femme. Tout cela commençait à devenir plus logique en effet. Si son propre pouvoir ne marchait que sur les êtres humains, elle ne pouvait pas ressentir le Pouvoir dans l'arme.

Elle hocha silencieusement la tête, presque imperceptiblement, et répondit finalement :

"Je vois, cette arme est effectivement très spéciale, et très intriguante. Mais ne soit pas tant sur la défensive, si je te demandais ça, c'était pour parler... Je pourrais aussi bien restée silencieuse et me concentrer sur la conduite si tu préfère hein." rajouta-t-elle calmement. Dans sa voix, point de mauvaise humeur ou de méchanceté, c'était un simple constat. Si elle n'avait pas à parler, elle pouvait plongée complètement.

Elle haussa un sourcil à sa deuxième explication. Quelque chose clochait clairement... Elle n'avait jamais vu d'arme embarquée, ne semblait pas du tout à son aise dès qu'elle utilisait son interface, n'en avait pas elle-même... C'était impossible qu'elle ai grandit en marge de toute la société. Ils y avaient bien des gens vivant loin du cyberware dans quelques réserves, mais même eux savaient que cela existait. Il n'y avait qu'une seule raison possible à son ignorance parfaite de la technologie : elle n'était pas humaine.

Cela aurait aussi put expliquer le fait qu'elle survive seule dans le froid glacial des collines... Et qu'elle voyageait seule d'ailleurs. Plus elle y pensait, plus cela paraissait évident. Finalement, après plus d'une minute de silence, elle dit :

"Tu n'as jamais vu de chromée, je me trompe? Tu n'es pas humaine aussi, c'est bien ça? T'en fais pas, je vais pas te jeter dehors pour ça, je m'en fiche à vrai dire, rajouta-t-elle rapidement. Faut juste que je sache, que je ne pense plus que tu sait te servir de la technologie : cela aurait put me couter la vie. Enfin, tu sais pas t'en servir... Si?"

Elle ne dit rien, la voiture roulant toujours tranquilement. Elle ne voulait pas pousser le moteur, pour économiser les batteries, et ne pas trop déraper dans la neige. En plus, à allure réduite, elle n'était pas obligée d'être en plongée complète.

Angela ne savait pas réellement qui était cette jeune femme, mais elle avait le pressentiment qu’elle allait bientôt arriver à une conclusion… A savoir qu’elle n’était pas humaine et qu’elle était forcément originaire des souterrains. Elle respira profondément et réfléchit deux minutes, si Aliénor découvrait qu’elle n’était pas humaine, ce n’était pas la fin du monde, juste une nouvelle réaction d’une autre personne. Elle affichait toujours ce même sourire, ainsi que cette même étincelle de culpabilité.

Aliénor finit enfin par briser le silence qui avait pris possession des lieux. Le moment qu’elle redoutait depuis un petit moment maintenant, devient réel. Aliénor semblait avoir compris certaines choses et elle finit par prononcer cette phrase :

« Tu n’es pas humaine aussi, c’est bien ça ? »

A ce moment même le cœur de l’adolescente se mit à battre à tout rompre, elle avait était découverte et le voile de mystère qui l’enveloppait, comme une protection, se déchira. Elle n’avait pas d’autre choix, elle devait lui révéler qui elle était réellement. Elle se mit à trembler, mais se calma aussitôt, seul ses yeux demeuraient encore sous le choc, ainsi que son cœur qui battait plus fort à chaque seconde.

Elle ne répondit pas tout de suite, et ce silence laissait bien penser que la jeune femme rousse avait raison. Pourtant la jeune adolescente n’arrivait pas à lui dire, elle n’arrivait pas à articuler un seul mot. Elle inspira profondément et prit son courage à deux mains, qu’importe ce qui allait arriver après cette révélation, elle devait lui dire qu’elle ne se trompait pas et qu’elle n’était pas humaine mais Lypéria.

« Tu… Tu as raison… »Finit-elle par lui répondre. « Je ne suis pas originaire de la Surface de la Terre. » Ajouta-t-elle après un silence. « Je suis une Lypéria… » Précisa-t-elle.

Elle s’arrêta pour observer l’expression de la jeune femme, elle ne semblait pas avoir peur, ni être en colère. Mais depuis qu’elle la connaissait, enfin depuis qu’elle se trouvait en sa compagnie, elle avait remarqué que la jeune combattante n’exprimait pas ses sentiments. Elle finit par fermer les yeux et inspirer profondément.

« Je suis ce qu’on appelle une Lypéria Noble. Je suis ce que vous comparez à une créature mystique, un ange. »Dit-elle, calmement même si on pouvait déceler qu’elle n’était pas si calme que cela. « Je viens des souterrain, de Gemma Phos et pour être encore plus précise de Caewyr. »

Sa voix avait pris une autre tournure, elle n’était plus vraiment inquiète, juste fière et respectueuse de sa ville natale. Certes l’endroit où elle avait vu le jour été sujet à de nombreuses questions, mais cela ne lui enlever pas la fierté qu'elle avait pour ce lieux merveilleux. Il y avait eu tellement de souvenirs qui y été restés, tellement d’endroits qu’elle n’avait pas encore vus, tellement de personnes qu’elle avait laissées derrière elle. Elle ferma les yeux, et se projeta dans le monde de ses quelques souvenirs, puis en ressortit quelques secondes plus tard.

« Des armes comme Rédemption appartiennent à deux familles, dont la mienne. Leur secret de fabrication reste inconnu, je ne sais pas si quelqu’un sait encore qu’elles existent. » Dit-elle. « Je ne sais pas non plus, ce que veulent dire les symboles qui y sont gravés, je sais juste que mes parents me l’ont offerts le jour de mes dix ans. On m’a juste dit qu’il fallait que j’apprenne à la maîtriser, qu’elle était unique, et que personne d’autre ne pouvait s’en servir. » Elle s’arrêta un petit moment. « L’énergie qu’elle tire de la mienne et la seule qui est compatible avec elle, elle s’y ai comme habituée. Si une autre personne que moi la prend, elle ne lui sera d’aucune utilité, ce sera juste un simple bout de métal avec quelques pierres dessus. »

Elle lui avait presque tout dit sur Rédemption, du moins tout ce qu’elle savait, car il y avait bien des choses qu’elle ignorait, car on n’avait tout simplement pas eu le temps de lui apprendre. Elle respira profondément, elle ne voulait pas que la jeune femme porte un jugement négatif sur elle.

« Pour répondre à tes questions précédente, je n’ai jamais vu de chromée. Et la technologie est quelque chose de nouveau pour moi, même si je ne comprends pas pourquoi les Hommes se sont fascinés pour tout cela. » Finit-elle par dire.

Puis elle se rendit compte de quelque chose, « chromée », est-ce que cette jeune femme en était une ? Elle ne chercha pas à savoir, elle était préoccupée par autre chose, qui pour elle, avait plus d’importance que tout le reste. Léo… Son image lui était apparue comme ça sans qu’une raison apparente lui fasse penser à cela, à moins que… « Chromée », elle l’avait déjà entendu quelque part ou du moins lu dans les quelques livres qu’elle avait trouvés. Elle se souvient alors, et tout s’éclaircit.

Lors d’une de ses recherches elle en avait entendu parler, mais elle croyait qu’il n’en restait plus un seul ou qu’il était bien cachés, puisque tous les humains qu’elle avait rencontrés semblaient être véritablement humains et non chromées. Peut être qu’Aliénor en était une ?

« Je peux te poser une question ? » Demanda-t-elle, une fois ses réflexions faites.

Angela se mit alors a parler, sans s'arrêter. Elle semblait vouloir tout justifier, comme si elle était en faute. Elle avoua être une de ceux qu'on appelait les Lypérias, une sorte d'ange. Aliénor réfléchit un instant, puis se rappela ce qu'elle appris un jour : les anges étaient un symbole judéo-chrétien envoyé par leur dieu pour veiller, punir ou communiquer avec les êtres humains.

Cela lui rappela aussi autre chose : un data-disque trouvé dans le complexe souterrain de Shigenza à Londres. Dessus se trouvait un enregistrement simsens d'un certain Gabriel, et il était question d'anges et de démons dedans. L'acteur s'était d'ailleurs fait greffer dans le dos deux gros ailes biomécanique recouvertes de plumes blanches. Un documentaire contenu dans le data-disque disait d'ailleurs qu'un grand nombre de kit "angélique" avaient été vendus à la suite de la sortie de ça.

Cette fille pouvait être une chromée ayant succombé à la cyber-psychose à cause de son kit, mais elle en doutait. Tout d'abord, elle n'avait pas la fameuse paire d'ailes, et surtout le kit ne donnait pas le pouvoir d'invoquer une arme. Elle devait être ce qu'elle disait être : un ange.

Puis elle parla de nouveau de Rédemption. À n'en pas douter, l'arme prenait une grande place dans le cœur de la jeune femme.

Enfin, elle avoua ne rien y connaître à la technologie, ni même comprendre le terme de "chromée". Rien d'étonnant à cela au final, si elle n'a connu l'humanité que depuis les Septs Jours de Feu : les gens n'utilisaient surement plus leurs interface neurales, tout ayant été détruit. De plus, tous les chromés pour le look n'avaient pas dut survivre au cataclysme, n'étant pas du tout équipé pour faire face à tout cela. Rajoutons à cela la cyber-psychose, qui a dut en toucher pas mal après les Sept Jours de Feu, et cela fait qu'il n'y en avait surement plus beaucoup d'abordable socialement parlant.

Finalement, Angela lui demanda si elle pouvait lui poser une question. Aliénor sourit légèrement, toujours allongée comme dormant, et répondit :

"Je parie que tu veux que je te dise ce qu'est un chromé c'est bien ça?"

Sans attendre sa réponse, elle commença :

"Tout cela a prit naissance dans les années 2000. A cette époque, un groupe de chercheur a mit au point un bras mécanique entièrement articulé, et contrôlé par des électrodes à poser sur les muscles de l'épaule de la personne ayant perdu son bras. L'armée fut très intéressée, et lança un grand nombre d'appel à projets, que de nombreux laboratoires suivirent. La ruée vers le cybernétique venait de commencer. Peu-à-peu, de nombreux styles de contrôles sont apparus. J'ai déjà parlé des électrodes sur les muscles, mais une équipe eut l'idée d'implanter ce genre d'électrode, via nano-technologie, au sein même du cerveau. Ainsi, les interfaces neurales étaient nées."

Elle fit une pause, pour réajuster la position du Hummer et jeter un coup d'œil via les caméras de l'habitacle à l'ange. Elle continua ensuite son récit :

"Évidemment, au début, il n'y avait que les domaines militaire et du handicap qui était intéressés, mais très vite, le grand public se vit proposer différente améliorations, allant des cheveux dont on choisis la couleur et la longueur, jusqu'aux bras d'armement. Après tout, pourquoi devoir se faire une teinture pour changer la couleur de ses cheveux quand on peut le faire d'une pensée? Pareil pour les yeux, etc... En parallèle, l'économie virtuelle s'est très largement développée : dès 2050, il n'y avait plus de monnaie réelle, juste des virements de comptes à comptes. Ainsi, chaque personne étaient d'abord équipée de terminal portable, mais très vites, ces terminaux se virent implantés au sein même des individus, pour empêcher toute pertes et voles des données. C'était bien plus sécurisé, et pas vraiment génant, vu la capacité de miniaturisation de l'industrie. On est arrivé à un point, 200 ans après tout cela, à un niveau de miniaturisation et d'automatisation telle que je peux conduire ce véhicule par la pensée, manier mes armes par la pensées, et comme tu le sais surement, la pensée va bien plus vite que le corps."

Elle ne rajouta rien sur elle, mais attendit les questions qui risquaient d'arriver.

Depuis qu’Angela avait posé le pied sur le sol de la Surface, elle était avide de savoir, non pas pour le retourner contre les populations qui existaient depuis des millénaires sur cette terre, mais pour comprendre et connaître leurs histoires et tout ce qui s’y été passé. Elle aimait ce que, jadis, avait été cette terre, elle renfermait une histoire riche et très intéressante. Elle avait fait de nombreux voyages afin de découvrir l’Histoire d’une partie du globe ; mais il restait tellement de chose qu’elle ne connaissait pas encore et dont elle aurait voulu connaître, et ce dans les moindres détails.

Les chromés, elle ignorait ce qu’ils étaient en réalité. Elle voulait le savoir, et lorsque la jeune femme lui demanda si elle voulaiten connaître plus sur ces personnes, un sourire apparut sur ses lèvres. Elle écouta attentivement les paroles de la jeune femme. L'adolescente semblait tellement captivée par tout ce que lui racontait Aliénor, quelle la regardait avec des yeux intéressés. Elle allait apprendre quelque chose qui avait un rapport avec l’Histoire du « Nouveau Monde ».

Aliénor semblait être une véritable encyclopédie, elle ne s’arrêtait pas de parler, pour le plus grand plaisir de l’adolescente. Maintenant elle pouvait encore mieux supposer qu’une des causes des Sept Jours de Feu, avait été cette folie des hommes, de vouloir toujours être plus puissant, et celle envie d’être toujours capable de contrôler tout ce qui leur passaient sous la main. Angela ferma les yeux, elle ne comprendrait jamais ces Humains. Puis elle les rouvrit elle devait poser certaines questions à la jeune femme.

« Tu fais partie de ces chromés ? » Demanda-t-elle, d’une voix douce avec une once de curiosité.

Elle en était arrivée à cette conclusion, un peu avant que la jeune femme rousse ne lui en dise plus sur les chromés. Un sourire apparut sur ses lèvres, elle en était pratiquement sûre.

« Merci pour tous ces renseignements. Je comprends mieux certaines choses maintenant. » Ajouta-t-elle, en souriant.

D’un certain côté Angela était heureuse d’avoir fait la connaissance d’une Chromée. D'autre questions vinrent se graver dans la tête de l’ange.

« Alors c’était tout à fait normal qu’une sorte de lame soit plantée dans ton avant bras, que tu saches contrôler ce véhicule et que tu en sache tant sur ceux qui te ressemble ? »

Ces questions n’avaient plus aucun sens, bien sûr que c’était normal. Après tout elle était « humaine », pas dans le sens où elle avait conservé l’anatomie et la morphologie de ces ancêtres, mais parce qu’elle vivait sur ces terres maudites. Angela inspira profondément, puis se retourna vers la jeune femme.

« Merci. » Lui dit-elle en souriant.

Pour le moment, Angela en savait assez. Elle se replongea dans le monde de ses pensées, et ferma les yeux.

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