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 « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna]

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Elphos
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Elphos

Masculin Scorpion Coq
Messages : 1019
Calyas : 11337
Age : 30

Nom : Elphos Lightea
Âge : 21
Taille : 1m71
Race : Lyperia
Localisation : Erre sur les terres et les airs du globe, tel une ombre...
Pouvoir(s) : Les flammes bleues; il contrôle la chaleur et la lumière.
Affinités : ♦️ Macléo, son frère qu'il ne connait pas.
Topics Rpg : ♦️ « Enfants du Ciel » Eanna
♦️ « La boule noire » Godan
♦️ « Illusions et miroirs de la pensée » C-O Light
♦️ Une ville de sang noble Niddhog


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MessageSujet: « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna]   « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna] Icon_minitimeMer 20 Jan - 22:59

« Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna] Elphos10
Néant.

Ce monde ?
Qu’était-il ?
Qu’est-il ?
Et que sera-t-il ?

Néant.

Oui, ce monde était bien prospère, il y a bien des années ! Aujourd’hui il n’est plus que cendres, que cailloux, que déserts. Il était bien beau, ce temps où l’air était frais, où l’on pouvait encore sentir l’odeur, l’arome, l’exhalaison intense d’une fleur. Aujourd’hui, rien, poussière, vide, étendue de sable, néant. La vie a perdu de son goût, comment ne pas pouvoir oublier ce temps passé, qui, même si à l’époque vous semblez si pesant, aujourd’hui vous paraît si paradisiaque. Cela fait cinq ans, cinq ans déjà que la Terre a définitivement changé de Destin. Elle s’était dressée un nouveau Destin, sous le feu des bombes !

Qu’est-ce qui est le mieux ? Vivre sous un soleil radieux, où l’air est rafraichissant, où les oiseaux chantent, et, où on est une personne refoulée ? Ou vivre sous un ciel grisé par la poussière, où l’air est délétère, où les rares oiseaux ne chantent plus, et où vous êtes seul, à survivre ? La question est bien sûre rhétorique, la réponse est évidente !

Elphos, lui, voguait depuis plusieurs années, depuis cinq ans, il avait déjà fait le tour de l’Amérique du Sud, traversé l’Amérique central, et voyagé dans les anciennes Nations Unies d’Amérique ! Il lui en est arrivé des choses, même beaucoup de choses… Pendant ces cinq ans. Il avait tout d’abord appris qu’il n’était pas vraiment un monstre, que des personnes comme lui, avaient vécu en même temps que lui, mais sous un autre territoire. Malgré cela, il se considérait toujours comme tel…

Le jeune Aerantas; cet homme dragon, était arrivé au Canada, près de la région des grands lacs. Cela faisait deux jours qu’il marchait vers cette direction, car il avait entendu dire que le Grand Nuage de Cendres passait souvent ici, ce grand nuage toxique, il ne valait mieux pas se trouver dessous... Néanmoins, aujourd’hui il n’y était pas, et le soleil ne luisait plus depuis avant-hier. Il y avait tout de même, le jour, une pénombre grisâtre qui baignait les lieux, comme lors d’un jour où le ciel est voilé par de monstrueux nuages gris ou noirs. Cependant, Elphos ne savait pas du tout l’heure qu’il était, il avait marché ainsi toute la « journée », il était peut-être vers les dix-huit heures. Marchant dans la poussière et les gravas, il atteignit le haut d’une colline, d’où, subséquemment, il put voir un immense lac, sombre, très sombre; l’eau, au loin, semblait d’un gris d’épouvante, ses bords semblaient rongés par des bordures noires, telles les marées noires qu‘on put voir au XXIème, jusqu‘à ce que l‘homme se noie dans son pétrole, qu‘il avait asséché. Le lac sombre, qui semblait immobile, inerte, mort, reflétait la lueur morne des cieux. Alors, ces grands lacs, qui avaient une tel renommée il y a cinq ans, aujourd’hui ne ressemblaient plus qu’à cela ? Mais quelle est cette abomination, les hommes se sont entretués au prix de leur folie, et ont dévasté la terre.

Le vent soufflait peu, soulevant les pans du large manteau d’Elphos, qui s’affalait à mi-mollets, noir, s’estompant dans la pénombre de ces journées sombres. Une large capuche venait embrasser son visage, dont on ne voyait rien. Un sac à dos noir surplombait son dos. On aurait bien pu croire que c’était un épouvantail, dont le vaste manteau dansait avec les brises capricieuses du vent. L’Aerantas regardait l’horizon… Pourquoi, lui, était-il encore en vie ? Pourquoi lui ? Alors que c’était la personne la plus haïe de sa ville ? Il a vu toutes ces personnes mourir, toutes ces personnes muter en monstres ! Pourquoi pas lui ? Lui qui a toujours été mis à l’écart, loin de tout ? Pourquoi lui, n’est-il pas mort, et pourquoi Cya, sa sœur d’adoption, qu’il chérissait plus que tout au monde, elle, est morte ?…

« Pourquoi … ?… Pourquoi donc … ? … Pourquoi donc… Moi… ?… » murmura l'homme de pierre, dont les mots disparurent, scellés par le Passé.

Voilà ce que se répète Elphos, depuis cinq longues années, seul, parmi tant d’autres questions… Ces questions lui taraudent, lui transpercent les méandres de son être depuis, maintenant, si longtemps. Que le Temps passe vite, il s’enfuit si vite, lorsqu’on est seul.

Le regard sur cette étendue de poussière en noir et blanc, l’Enfant du Ciel soupira, s’affaissant et baissant la tête quelques secondes; cela faisait une trentaine d’heures qu’il marchait sans relâche. Morphée ne lui avait pas offert le lit de ses bras depuis longtemps. Longtemps, le temps… Toujours ces mots, que le temps semble long, trop long, beaucoup trop long.

Elphos, le cœur épris par ses pensées, soupira une seconde fois, la tête basse, toujours. Puis il la releva, d’un air déterminé, il devait continuer. Il fit une foulée vers le lac sombre, un pas rapide, leste, malgré le nombre qu’il en avait fait depuis quelques jours. Il faisait froid, à chaque expiration, l’haleine chaude d’Elphos exhalait un souffle blanc, qui fondait dans l’air sinistre. Descendant la pente à allure vive. Après avoir parcouru quelques milliers de mètres, il arriva juste au bord du lac. En fin de compte, ce dernier était encore plus désirable de loin, déjà qu’il ne l’avait pas vraiment été. La lisière de l’eau était un sol noirâtre, assez boueux, gorgé d’eau sale. L’eau semblait opaque et immobile. Tellement qu’on aurait cru pouvoir marcher dessus, cependant, quelques brises prouvaient le contraire en balayant sa surface. Elphos quitta ce sol nauséabond, et revint dans la poussière et les cailloux…

La lumière se perdait, l’atmosphère semblait plus fraiche, les ténèbres gagnaient. Scrutant rapidement l’horizon avant qu’il ne fasse beaucoup trop sombre, Elphos vit, au loin, un village. Certainement désolé, il était assez loin, à quelques kilomètre, en longeant le lac, sur la rive. L’Enfant du Ciel commença à marcher, suivant la rive, à quelques mètres près, afin de ne pas marcher dans la boue sombre. Après avoir parcouru un bon kilomètre, dans l’obscurité de la nuit qui s’était insurgée sur cette face de la planète, Elphos se figea, un cri retentit dans le lointain; un cri monstrueux. Un amalgame étrange entre un cri strident et à la fois impressionnant pas sa tonalité. Ce cri terrifiant provenait de la ville abandonnée…

Qu’était cette plainte effroyable ?
Elphos, lui ne bougea pas, scrutant le kilomètre qui le séparait de la cité avec attention. Quel monstre pouvait bien hurler ainsi ? Seulement, un autre se joint au premier, un cri de terreur ! On aurait dit un cri qui lançait le départ à une chasse féroce et indéniable. Le pouls d’Elphos se mit à rompre et à rosser ses artères, parcourant ses veines à une vitesse folle; le stress ! Le stress s’était immiscé en lui; il allait lutter pour sa vie. Quoi ? SA VIE ? Lui qui est son pire ennemi, alors qu’il s’exècre autant qu’un Lypéria impurs peut exécrer un Lypéria noble ! Non, pas sa vie, aujourd’hui, il fallait lutter pour sa SURvie !
Aussi immobile qu’une statut de marbre, l’Aerantas mettait tous ses sens en alerte. Aujourd’hui, le monde était revenu à l’état animal, la loi du plus fort régissait depuis bien longtemps les lois dictées par les hommes.

Il écoutait, entendait les pas rudes d’une course endiablée qui s’approchait vers lui à une vitesse phénoménale ! C’est en serrant les poings et les dents qu’Elphos devinait amèrement qu’il était pourchassé par des monstres encore inconnus; sûrement quadrupèdes, pour se déplacer aussi vite. Il entendait leur pas infernaux, leur course effrénée ! Il écoutait leurs souffles saccadés et effroyables, forts et terribles. Un touche d’envie, de manque, de dépendance peignait le son abominable de leurs souffles, on aurait dit des bêtes affamés, courant vers un festin servit sur un plateau !

Tout cela s’était déroulé en quelques secondes, leur vitesse était prodigieuse, et les pensées de Elphos, elles, ne s’étaient résumer qu’à une chose après une courte analyse de la situation : ces bêtes n’allaient même pas prendre la peine d’attaquer intelligemment, elle allait littéralement l’attaquer de face par la force.

Le fils des dragons appuya sur un bouton situé l’attache de son sac, les deux attaches tombèrent, tout comme le sac, lourdement au sol. Puis il retira sa capuche et la lâcha rapidement dans son dos, il voulait agrandir son champ de vision. Deux cornes surplombaient le dessus de sa tête entre une masse de cheveux noirs. La lutte était imminente.

Fixant les silhouettes noires qui se dirigeaient vers lui à une vitesse folle, Elphos fit apparaître devant lui un mûr de flammes bleues, qui apparût dans un claquement de flamme, comme lorsqu’on craque une allumette, en beaucoup plus violent. Le mûr était brûlant, à peine fut-il allumé qu’une créature l’avait percutée et était retombée de l’autre coté, brûlée au troisième degré, la chaleur du mûr s’élevait vers les deux cents degré Celsius. Le jeune homme l’évita de justesse, mais celui-ci était encore bien vivant, bien que sa peau avait déjà viré au blanc. Dès que la bête eut traversé le mur, il le fit disparaître à l’insu d’une constellation d’étoiles bleues qui éclairait tout autour de lui. C’est alors qu’il vit à quoi ressemblaient ces monstres. Ils rodaient autour de lui, en rond. Comme des loups qui piétinent autour de leur proie, les épaules plus basses que les flancs, comme près à bondir. Des dents abominables fendaient leurs lèvres craquelées par la soif, leurs peaux étaient brunes, hormis les tâches blanches du premier, la peau brûlée, morte, tombait déjà, il n‘avait pas l‘air de souffrir. Leurs yeux étaient déchirés par un iris félin et sombre. Ils ne reflétaient plus que l’envie, la faim. Elphos devinait que c’était le faim qui inhibait sa douleur. Elphos soupira, tout en les fixant autant qu’ils le fixaient. Leurs membres étaient assez saillants, mais on voyait leur côtes rejaillir de leurs flancs.

Des mutants ! C’était des mutants ! Comment des hommes avaient-ils pu retomber ainsi ! Eux qui, peut-être, étaient si intelligents, comment avaient-ils pu retrouver à l’état de bête sanguinaires !

La réflexion sur l’état de ces -à présent- animaux s’interrompit là, l’une des bêtes sauta en sa direction, et c’est en l’esquivant en se baissant qu’Elphos était déjà au sol, attaqué par la seconde. Au sol, Elphos était surplombé par l’une des bêtes, se servant de ses bras pour retenir sa gueule en serrant le cou du monstre au plus loin que ses bras pouvaient l‘y emmener. Il devait se sortir de là au plus vite, l’autre pouvait arriver à tout moment, et ce n’est pas ce moment-ci qui aurait été le plus favorable ! Même si Elphos, d’un œil vif, vit que l’autre était en train de déchiqueter son sac, et surtout de manger ses rares provisions. Fermant les yeux Elphos fit apparaître une lumière très intense, tellement qu’elle aurait certainement pu se voir à quelques kilomètres depuis les cieux, qui se propagea comme un éclair. La bête tressaillit, ferma ses yeux d’aveuglement et cria d‘horreur, Elphos en profita pour la frapper d’un coup de poing sec au visage et se dégagea de l’emprise et du poids du monstre. L’haleine affolée et le cœur battant, l’homme dragon s’écarta à quelques mètres et attaqua le monstre qui pillait son sac; le brûlant au visage. Courant dans son dos, il lui donna un coup dans les côtes, mais vain, c’était comme si il avait frappé sur une armure, la bête se jeta sur lui, et dans la chute, Elphos réussit difficilement de se dégager, mais y parvint. C’est alors qu’il décida de passer aux choses sérieuses, car le prix était tout de même de taille; soit pour eux, c’est à dire de servir de plat de résistance, soit pour lui, la survie.

Le regard cyan d’Elphos s’affermit, et une bourrasque de flammes céruléennes naquit sous le premier monstre qui fut projeter dans les airs, le second, se précipitant vers l’assaillant, tous crocs en avant, gela sur place à une température de -273,15°C, la température absolue. C’était tellement froid que le sang de ses veines s’était glacé sur place, et dans trois minutes, quand son cerveau n’aura plus de dioxygène, il mourra. Se hâtant sur son sac à dos déchiqueté, Elphos en sortit un large poignard, et se précipita sur la bête brûlée au troisième degré, et lui sectionna la carotide, un sang noirâtre se répandit sur la peau calcinée.

Elphos fit quelques pas, afin de s’éloigner, il tomba à genou sèchement, luttant pour au moins tenir dans cette position, luttant, épuisé par la fatigue qu’il avait accumulé depuis trois jours, et, luttant, exténué par l’intensité des pouvoirs qu’il avait utilisés. Il resta ainsi quelques dizaines de secondes, cherchant à réacquérir son souffle perdu dans la bataille. Son souffle il le récupéra, mais quelques gouttes de sueurs glissaient lentement de son front jusqu’à ses joues d’un bleu pâle. Ces êtres, ils ressemblaient tellement à ce père adoptif… Eliep… Cela faisait déjà cinq ans… Cinq ans qu’il avait tué son père, de la même manière. L’ayant tué alors qu’il ne le voulait pas du tout ! Il l’avait surtout tué, non pas pour sauver sa vie, mais sauver celle de Cya. S’il l’avait su, il se serait laissé mourir… Une larme perla sur la joue roide d’Elphos… Il revivait l’instant qu’il n’avait cessé de revivre depuis cinq ans ! Pour effacer ce mal moral, Elphos cria du plus profond de son être, jusqu’à reperdre le souffle qu’il avait reconquit :

« Je n’ai pas voulu le tuer ! Je n’ai pas voulu vous tuer ! Je n‘ai jamais voulu tuer personne ! »

Il se sentait mal, beaucoup trop mal, à lutter contre son maintien, à genou, il forçait sur ses muscles du tronc, et sur son dos, il sentait celui-ci fléchir, comme se tendre lentement, jusqu’à l’extrême limite où il lâcha. Elphos tomba alors vers l’avant, courbé de douleurs, se retenant sur ses deux bras. Il respirait fortement, après avoir eu si mal, il en aurait presque rit, si son état n’était pas si piteux, mais une mimique de douleur fendit sa face fatiguée. Ses cheveux noirs lui tombaient sur le visage, comme si le rideau d‘une pièce théâtrale se refermait, à jamais.

Il était persuadé que son gros coup de fatigue allait passé, son moral était d’acier à ce moment. Soudain, un autre hurlement retentit, le visage d’Elphos se replongea subséquemment vers la ville abandonnée. Un trait d’horreur barra son visage qui se rabaissa vers le sol. C’était si rare. Il fallait bien l’admettre, ce coup-ci, il ne pouvait plus lutter, il allait mourir, là, dévorer par un mutant. Ca y est, il entendait déjà la course endiablée du monstre en sa direction, la course vers sa mort. Son cœur battait contre ses côtes, sa respiration haletait sans trouver une seule bouffée d’air. Petit à petit, il perdait conscience, se laissant aller à sa future mort. Il n’entendait plus que son cœur battre, son sang le rosser, et une course folle s’approcher. Etaient-ce les pas de la Mort qui accompagnaient ceux d’une bête. Sa fin était-elle venue ? Ainsi donc le rideau de fin d’acte d’Elphos allait se fermer à jamais ?

« NON ! Tu ne peux pas finir comme ca, Elphos ! Après tout ce que tu as subi, tu ne vas pas finir aussi médiocrement que tu as vécu ! »

Elphos jeta à nouveau, un regard inénarrable vers la bête qui s’approchait à toute allure. C’était un regard glacial, déterminé. S’il devait mourir ici, ce sera en s’étant battu ! Un craquement sourd résonna dans la plaine froide, suivi d‘un sanglot de douleur, les omoplates d’Elphos s’étaient déchirées et ressortaient de son dos, à travers le manteau sombre, ensanglantée, poussant lentement. Au fur et à mesure qu’elles croissaient, elles prenaient une teinte noire. Elphos arborait un sourire contrit et douloureux, il s’était juré de ne jamais se transformer, ni même d’utiliser ces instruments du Diable. Une constellation apparut dans le ciel, immense, elle s’entendait sur une vingtaine de mètres autour du Démon. Chaque étoile semblait briller de milles feux, la nuit sombre semblait s’illuminer de lumières bleues intenses.

Elphos sentait le pouvoir naître en lui, il le sentait circuler dans ses veines, rejaillir à chaque battement cardiaque. Il essaya de se relever, poussant sur ses bras avec puissance. Mais il avait beau ressentir le pouvoir dans ses membres, il n’avait plus aucune force. Se sentant si puissant… Une nuée intense d’étoiles tourbillonnait dans les airs, comme un formidable cyclone dont Elphos était le centre.
Mais soudain, Elphos toussa, ne trouvant plus sa respiration. Il sentait ses yeux faiblir, luttant pour les laisser ouvert. Sa montée de puissance s’atténua en une seconde, son corps s’affaissa, puis il tomba sur le dos, inefficace, incapable et faible ! Il se retourna sur le dos, ne pouvant lutter, à présent, que pour voir, ses paupières étaient lourdes, il sentait son subconscient abandonner son être. Ses omoplates se résorbèrent et reprirent leur place habituelle, lentement, et cruellement. Luttant pour regarder le ciel qui s’assombrissait, les étoiles bleues disparaissaient au profit des ténèbres de ce monde. Au fin fond de sa vision, sous le ciel noir, il apercevait une silhouette volante, était-ce un autre monstre, venu dévorer les restes… Il entendait cependant, des pas lents et lourds s’approcher de lui reniflant d’un air concupiscent le plateau qui lui était servi…

Noirs, chimères, méandres.

Vide. Rien

Néant.


Dernière édition par Elphos le Mer 1 Juin - 18:01, édité 1 fois
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Eanna
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Nom : Eanna Lycaea
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Localisation : Au coeur de la tempête, portée par des courants aériens, à la poursuite de nouveaux horizons.
Pouvoir(s) : Du fait de ses origines atlantes, Eanna est en réalité dotée de deux apparences : celle d'une humaine et celle d'une louve Alpha blanche (c'est à dire d'une créature colossale). De plus, elle est capable de se changer en courant d'air.
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4/4 : Saturée !



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MessageSujet: Re: « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna]   « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna] Icon_minitimeLun 15 Fév - 15:25



    La Clarté régnait au-dessus des nuages sombres. Les plus hautes altitudes célestes semblaient être un autre monde, un autre monde baigné d’une lumière chaude et apaisante… Le soleil couchant revêtait l’azur d’hyacinthe et d’or et s’engonçait doucement dans l’épaisseur des nuages qui matérialisaient la barrière entre ciel et terre. Là-haut, tout n’était que volupté et sérénité. Rien ne pouvait troubler la paix d’un tel paysage, rien n’en aurait eu l’impudence. Il aurait d’ailleurs fallu être bien cruel pour le faire…

    Porté par un vent paresseux, un immense oiseau blanc caressait inlassablement les vagues cumulus éthérés. Silencieux, il tourbillonnait lentement dans les cieux lumineux, comme un cerf-volant perdu. Il ne paraissait pas avoir de destination précise : il tournoyait et tournoyait, tournoyait… Des cercles sans fin, çà et là, tel une plume dans un doux zéphyr…

    Une silhouette vêtue de bleu clair était étendue sur l’échine de l’oiseau. En réalité, cet être ailé semblait plus vraisemblablement être un engin construit par une main humaine. Et justement, la créature qui se trouvait sur le dos de l’oiseau mécanisé s’apparentait de physionomie à une race humanoïde. A y voir de plus près, il s’agissait d’une jeune fille habillée d’azur et de blanc, qui respirait profondément, les yeux fermés. Les traits apaisés, elle inspirait de tous ses poumons, comme pour purifier l’intérieur de son corps, son âme, par l’ambiante harmonie des cieux. Un parfum idyllique flottait sur ses narines, vague senteur du temps passé… Vague senteur de l’herbe fraichement coupée, des fleurs gorgées de soleil et des feuilles couvertes de rosée… Grisant parfum, il charmait et faisait frémir son être tout entier. Ivresse du pur, lente gourmandise.

    Physiquement, rien ne la distinguait d’un autre. Svelte et de taille moyenne, elle portait une tunique feutrée équipée d’un capuchon, de longs gants, un pantalon blanc et des bottes bleues qui protégeaient ses genoux et ses tibias. A vrai dire, l’esthétisme de son habillement n’était pas du tout ce qui lui importait. Elle avait choisi ses vêtements en prenant en compte leur souplesse en fonction de ses déplacements et leur capacité de chauffage lors de voyages aériens. Rien de superflu, hormis peut-être cet étrange pendentif en forme de toile d’araignée, orné de plumes et de perles. Elle était bohème et devait ainsi voyager léger pour plus de commodité. En vérité, si se détacher du matériel était impossible aux humains, après une période telle que celle des Sept Jours de Feu, leur perte était assurée. Or, cette jeune fille-oiseau semblait avoir parfaitement compris ce concept et l’avoir appliqué à la lettre : les traits de son visage – simples, naturels, communs – montraient bien son détachement de l’aspect extérieur et concret. Un air encore un peu enfantin, un teint halé, un sourire qui flottait vaguement sur ses lèvres… Le peu d’importance qu’elle manifestait à l’égard de la beauté se traduisait également par sa coiffure. Ses cheveux bruns foncés, elle les avait vus coupés au carré depuis l’orphelinat. Car oui, peu de temps après la disparition d’Atlantide, son île natale, les Autres l’avait prise et emmenée dans un établissement surpeuplé d’enfants sans parent. Elle avait alors douze ans. Tout d’abord, on avait commencé par lui raser le crâne : ses cheveux d’enfant, après quelques mois de vagabondage sauvage, étaient hirsutes, emmêlés de la pire des façons et encombrés de parasites. Tandis qu’elle regardait ses mèches tomber une à une dans la lumière blafarde d’une salle de bains miteuse, des adultes lui avaient soufflé à l’oreille : « Ne t’inquiète pas, c’est pour ton bien. Ils vont repousser et tu verras, ils seront brillants et non plus ternes et cassants comme aujourd’hui. ». Elle ne pouvait nier que cet épisode de son existence lui avait mis son amour propre en lambeaux. Depuis, elle avait pris la sage décision de couper régulièrement ses cheveux, de manière à ne pas être importunée par les poux ou bien par une saleté inconfortable. Ainsi, elle ne conservait que le strict nécessaire à une vie saine et donc heureuse. Elle était propre et simple et ne sombrait en aucun extrême, physiquement parlant. Car, oui, en termes psychologiques, elle se révélait d’un caractère très complexe.

    Mettons désormais un nom sur cette dormeuse des nuages : Eanna. Elle appréciait beaucoup cette appellation. « Eanna », c’était vivant ! Et comme elle aimait se sentir en vie ! Eanna ! Ça roule, ça saute et ça rebondit, ça sonne à la fois joyeusement et doucement à l’oreille ! Ean’na. Eeeaaan’na !

    Ainsi, cela faisait plusieurs heures qu’elle paressait sur son oiseau de céramique blanc qu’elle appelait « Moeve ». Elle l’avait programmé en vol automatique et, lié à elle grâce à son ADN, il exécutait des tournoiements selon ses pensées. Mais vint le moment où elle ressentit quelques fourmillements dans les jambes. Il était temps de retrouver la terre ferme, peut-être juste pour quelques minutes, afin d’y marcher un peu. Eanna eut un soupir résigné, s’assit précautionneusement sur son Moeve qu’elle avait stabilisé et s’étira en plissant des yeux. Alors, elle rabattit sa capuche bleue sur ses cheveux ainsi que ses lunettes de pilotage sur ses yeux. D’un mouvement sec, elle remonta son masque filtrant contre le bas de son visage. Puis elle se leva et attrapa les grandes accroches courbées de son engin. Et, enfin, d’un claquement sec du pied, elle enclencha le démarrage du Moeve. L’appareil réagit immédiatement et fut brutalement propulsé dans les airs, par la force du moteur électrique. La puissance de l’oiseau blanc tira les jambes de la jeune pilote en arrière et, se soutenant par toute la vigueur de ses bras, elle dut fournir un effort de concentration colossal pour placer son Moeve dans le courant d’air adéquat. Quasiment fusionnée avec son engin électrique, Eanna tourbillonna magistralement. Ce fut un enchaînement complexe de suspensions à ses rambardes, de rétablissements les pieds sur l’aile volante et de balancements dans le vide… L’acrobatie aérienne allait de paire avec ce genre d'appareil et il ne fallait pas avoir le vertige lorsqu’on le pilotait. Eanna, elle, avait encore quelques difficultés à maîtriser des mouvements audacieux en force et en souplesse mais elle semblait savoir exactement comment agir. En réalité, depuis les Sept Jours de Feu, elle se sentait unie aux Vents et au monde céleste… C’était vraiment viscéral, une sensation qui lui prenait aux tripes et lui faisait monter l’adrénaline jusqu’au bord des yeux… Le bonheur à l’état pur. Elle sentait son cœur palpiter contre sa poitrine, son sang bouillonner dans ses veines, ses membres se tendre et se relâcher, ses vêtements fouetter contre sa peau, sa vision se troubler et devenir nette à nouveau… Tant d’agitation, de remous, d’ardeur et d’effervescence au sein de son seul corps ! C’était si délicieux de se sentir en vie ! Eclatante et flamboyante ! Une explosion de sentiments dans sa poitrine ! Un encombrement de trop plein qui éclate soudainement ! Un feu d’artifice dans ses iris bruns !

    Lorsqu’elle se fut arrimée dans un flux aérien correct menant dans la direction qu’elle souhaitait, elle coupa le moteur. L’oiseau de céramique s’allégea soudain pour planer doucement sur les vents, telle une plume caressant les nuages. Eanna put enfin poser les pieds sur son Moeve et laisser ses muscles se relâcher. Elle s’étira lentement et jeta un regard pétillant aux nuages sombres qui s’écrasaient les uns contre les autres, sous son engin. Elle suivit encore quelques instants le courant aérien, se délectant une dernière fois de l’air pur. Puis, tout son corps s’arqua et ses mains se crispèrent contre les grandes attaches du Moeve. La partie allait se corser à présent : elle allait devoir traverser l’écran nuageux ! Alors, elle prit une profonde inspiration et claqua à nouveau du pied sur la pédale de démarrage. Dans un grand flux d’énergie bleutée, elle projeta son Moeve dans la masse sombre des stratus. Malgré ses vêtements bien chauds, elle sentit nettement le froid et l’humidité transpercer son corps. Elle se raidit sous le choc thermique mais continua de piquer fermement vers le sol, déferlant à toute allure et sans la moindre crainte. Non, la perspective de s’écraser ne lui était jamais venue à l’idée, et pour cause… Si elle était confrontée à un quelconque problème provenant de son Moeve, elle pourrait toujours avoir recours au pouvoir qu’elle s’était vue attribuer au commencement des Sept Jours de Feu…

    Ainsi, dès qu’elle fut sortie de l’épaisseur nuageuse, elle rétablit son engin sur un vent fiable, à force de hautes voltiges extrêmement dangereuses. Puis elle éteignit à nouveau son moteur et laissa son oiseau mécanique voguer sereinement sur un courant doux.

    Alors, Eanna parcourut des yeux la terre ferme qui défilait sous elle dans des teintes grisâtres et monotones. Au dessus d’elle, le ciel était couleur télévision calée sur un émetteur hors-service. Ces nuances sombres la rembrunirent légèrement mais elle ne perdit pas de vue son objectif premier : mettre pied à terre.

    Il n’était pas aisé, dans un tel chaos, de trouver un chemin propice à une promenade agréable. Du reste, il n’était pas non plus aisé de trouver simplement un chemin praticable. Aussi Eanna parcourut-elle les derniers kilomètres en chevauchant un vent convenable et modéré, les yeux rivés au le sol avec espoir. En vérité, elle ne savait pas exactement quelle direction elle empruntait, ni d’ailleurs quelle était sa destination précise. Cela faisait cinq ans qu’elle vagabondait en ce monde crépusculaire et, en vérité, elle aurait été incapable de dire où elle s’était rendue jusqu’à maintenant et quel continent elle n’avait pas visité. La vie qu’elle menait, en plus d’être particulièrement bohème, lui semblait à elle-même vague, floue… Imprécise. Les aventures – ou mésaventures – qui se présentaient à elle lui paraissaient étrangement lointaines, comme si elle n’y était pas impliquée, comme si… Tous ces événements n’étaient qu’un reflet trouble dans une eau sale, reflet qu’elle contemplait seulement. Elle était spectatrice de sa propre vie : tout était si irréel… Si irréel, vraiment… Comment ces horreurs pouvaient-elles intervenir dans son existence à elle, une existence si… Infime…aux yeux du monde ! Il était proprement impossible pour une fille banale dans son genre de constituer la protagoniste principale d’aventures aussi affreuses. Impossible. Ainsi, depuis cinq ans, Eanna divaguait entre rêve et cauchemar, sans vraiment se figurer qu’elle vivait une réalité. Sans doute était-ce pour cela qu’elle était ivre de ses voyages aériens fantastiques et mouvementés : c’était alors seulement qu’elle avait l’exact sentiment, le parfait, clair et indéniable sentiment qu’elle vivait.

    Cela faisait quelques minutes qu’elle effectuait de grands et lents tourbillons paresseux sur son Moeve… Soudain, l’équilibre qu’elle avait su tenir jusque là fut brutalement brisé par un vent contraire impromptu ! Eanna n’eut pas le temps de réfléchir, ni de penser à quoique ce soit, le contrôle du Moeve lui échappait déjà ! Le souffle coupé, elle était suspendue dans le vide… Accrochée d’une main à l’une des accroches de son appareil qui zigzaguait imprévisiblement... Son gant glissait sensiblement de la rambarde, son cœur s’affolait, l’oiseau de céramique roulait en tout sens… Et son bras n’eut bientôt plus la force de la soutenir. L’accroche lui échappa. Et elle chuta. Longuement. L’air lui sifflait aux oreilles. Elle tremblait de tout son corps. Tournoyait en tout sens, inconditionnellement, soumise à la loi stricte, cruelle et implacable de la gravité. Eanna implosait de terreur, ses yeux s’estomaquaient, ses pensées s’égaillaient dans un désordre complet, elle aurait voulu hurler, elle ne pouvait pas, sa voix était étouffée par le nœud de sa gorge, elle aurait voulu réfléchir, elle ne pouvait pas, le sol se rapprochait, le sol se rapprochait, le sol se rapprochait, elle se rapprochait du sol ! C’était la fin, la fin, la fin, la fin… Sauf que. Pour l’une des rares fois de son existence, ce fut son instinct qui prit le dessus sur son sens de la réflexion. Elle se tendit brutalement, tout muscle raidi. Les paupières hermétiquement fermées, la mâchoire formidablement serrée, les poings comprimés… Soudain, il y eut une détonation sonore dans les airs et Eanna disparut simplement. Tout…simplement. En réalité, l’explication était bien plus complexe que c’est deux mots l’exprimaient… D’un regard scientifique, les atomes qui constituaient la matière de la jeune fille étaient subitement devenus instables et s’étaient violemment séparés, par la force du magnétisme. Un tel phénomène n’avait été rendu possible que grâce aux radiations nucléaires propagées sur Terre lors des Sept Jours de Feu. Les atomes d’Eanna demeuraient tout de même assez compacts pour former un courant d’air qu’elle pouvait maîtriser par la pensée. Et c’était la raison pour laquelle elle se sentait particulièrement unie au ciel : elle était le vent. Libre, si libre… Détachée de tout corps matériel !

    Dans une bourrasque insensée, Eanna fusa vers son Moeve qui, perdu et esseulé, tourbillonnait sur place sans retrouver la trace de son ADN. Soudain, la main de sa pilote se matérialisa et attrapa férocement l’une des deux rambardes blanches de l’engin. Puis le bras apparut, une tête, un corps, des jambes, des pieds ! Tout cet ensemble humain s’arqua et voltigea légèrement dans les airs pour retrouver une position stable sur l’oiseau de céramique. Eanna ne perdit pas de temps. Entièrement solidifiée, elle claqua du pied sur sa pédale de démarrage et le Moeve se propulsa dans les airs… Assez ébranlée, la jeune fille parvint à chasser quelque peu sa déroute, du moins, suffisamment pour pouvoir se demander décemment ce qui avait provoqué une telle perturbation durant son vol ! Elle était amène, grâce à son don, de ressentir toutes les vibrations des vents, comment avait-elle pu être déstabilisée de cette manière ? Le phénomène qui l’avait chassée de son aile volante ne devait pas être naturel, voilà quelle était, selon elle, la seule réponse admissible.

    Et il n’était pas venu du haut. Sa source était terrienne. Eanna baissa immédiatement les yeux vers le sol. Alors, un hoquet de stupeur s’échappa de sa gorge. Dans l’affreuse grisaille du dessous, auprès d’un cours d’eau singulièrement large et glauque, une tornade d’étoiles, une nuée scintillante s’élevait en volutes dans le ciel. Eanna en resta bouche bée un instant… C’était certainement cela qui avait violemment repoussé son Moeve… Quelle apparition…magnifique… Des constellations mouvantes, des arabesques aveuglantes… Le souffle coupé, elle fixait cette magie peu commune qui embrasait les nuages lugubres… Il lui semblait – mais peut-être était-ce l’effet de son imagination – qu’une silhouette humanoïde se tenait au centre de ces apparitions merveilleuses. Elle cligna des yeux furtivement, très étonnée. Ainsi, cette manifestation étrange était l’œuvre d’un seul !

    A peine se fit-elle cette réflexion que les étoiles bleues commencèrent à s’éteindre doucement, comme la flamme d’une bougie vacille, tremble et disparaît sous un souffle. Eanna effectuait de grands cercles autour de la silhouette qui s’était désormais effondrée face contre terre. Déconvenue, elle sortit rapidement de sa sacoche une petite longue vue qu’elle accola rapidement à son œil droit. Le gadget était très primitif : elle ne discernait en rien les traits de l’inconnu au sol. Mais elle vit pourtant bien l’ombre menaçante d’un homme-animal s’approcher du corps inconscient et le renifler avec appétit. La jeune fille eut un sursaut de stupeur.

    Il ne fallait pas qu’elle laisse faire une chose pareille ! D’un geste sec, elle enfouit sa longue vue dans son sac puis elle claqua férocement son pied contre son accélérateur. En l’espace d’une fraction de seconde, le Moeve s’était élancé vers le sol, dans une grande traînée d’énergie bleue. Dans le feu de l’action, l’esprit d’Eanna s’était fait plus vif, elle ne réfléchissait plus vraiment. L’atterrissage fut en réalité une glissade parfaitement maîtrisée sur un tapis d’herbes parcheminées. La jeune fille bondit de son Moeve en marche, tirant dans le même temps son fusil encastré dans le compartiment de l’engin prévu à cet effet. D’un geste rendu précis et rapide par l’urgence, elle cala son arme contre son épaule, le chargea de quelques balles sifflantes et hurla à l’attention de l’inconnu, d’une voix tout de même un peu étouffée par son masque :


    « Bouchez-vous les oreilles ! »

    Alors, sans tergiverser, elle tira vers l’homme mutant, qu’elle avait à peine regardé. Les projectiles émirent un bruit de sirène suraigu qui fit gémir le prédateur de douleur. Il bondit sur le côté, les mains plaquées contre les oreilles. Eanna profita sans attendre du repli de son ennemi pour tirer quelques grenades stroboscopiques de sa sacoche et les lancer de toutes ses forces autour de lui. Avant que les bolides ne heurtent le sol, elle eut le temps de crier un deuxième avertissement :

    « Fermez les yeux ! »

    Et sitôt qu’elle eut prononcé cette phrase, les grenades dégagèrent une puissante oscillation lumineuse durant plusieurs secondes. Le but de la jeune fille n’était pas de tuer l’homme-mutant, jamais elle n’en aurait eu le cœur ! D’ailleurs, elle n’était pas armée pour l’agresser physiquement. Juste assez pour l’éloigner pendant un moment conséquent.

    Le fusil à la main, elle courut à toutes jambes vers l’inconnu étendu sur le sol. Ses lunettes de pilotage la protégeaient plutôt bien de l’aveuglante lumière des grenades, aussi s’approcha-t-elle de manière relativement aisée. La silhouette de la victime de l’homme mutant se dessinait de mieux en mieux mais, au moment où Eanna devina qu’il s’agissait d’un jeune homme, la créature furibonde se jeta sur elle. Terriblement décontenancé, elle tituba et s’effondra lourdement dans la poussière. Un cri rauque résonna à son oreille et elle crut véritablement sa dernière heure arrivée… Le souffle chaud et pestilentiel du prédateur effleurait sa gorge, haletant de délectation… Eanna, qui n’avait pas eu le loisir d’observer le visage du mutant plus tôt, crut voir le masque de la Mort s’abattre sur elle…


    « Monsieur… » hoqueta-t-elle, les yeux ouverts démesurément. « Je vous en prie… »

    Mais la créature n’avait que faire des paroles de la jeune fille et elle s’apprêta à lui trancher vulgairement la gorge. Terrifiée, Eanna arrêta tout bonnement de respirer, et, au moment où sa raison s’évanouissait en elle-même, son instinct animal s’éveilla.

    Son corps se métamorphosa si rapidement que c’en fut imperceptible pour son assaillant. Le temps d’une pensée, l’immense louve blanc qu’elle était devenue projeta la créature au loin, avec une force qu’humaine elle n’acquerrait jamais. D’un bond leste, elle fut sur pattes, le poil hérissé, l’œil brillant de fureur. Ses griffes creusèrent légèrement le sol alors qu’elle attendait patiemment l’attaque de son ennemi. Ce dernier tournait autour d’elle à la manière d’un félin blessé. L’oscillation lumineuse semblait faire encore son effet sur les pupilles blanchâtres de l’être…

    Enfin, après un long face à face, le mutant se décida. Il bondit violemment contre Eanna qui l’accueillit à brutaux coups de pattes. Dressée sur ses membres arrière, elle luttait comme elle pouvait, tout en tentant au mieux de ne pas le blesser mortellement. Elle avait déjà assez tué dans sa vie. Cette créature, tout aussi menaçante qu’elle fût, ne méritait pas de périr. C’était un être humain, quoiqu’il fût dit.

    Le combat fut acharné. Les deux lutteurs roulaient sans ménagement dans la terre. Au bout d’un certain temps, les crocs jaunâtres du mutant se plantèrent dans le cou de la louve qui poussa un hurlement terrible. La douleur envahissait tout le corps d’Eanna comme une décharge électrique. Le sang teignait sa fourrure immaculée de pourpre et lui montait à la bouche… Sa vision… Se troubla un instant…

    Et la rage la submergea. Dans une caracole violente, elle éjecta l’humain quelques mètres plus loin. La souffrance lui avait ôté tout sens de l’abstention… Dieu sait s’il ne fallait pas mettre Eanna en colère… Lorsque la furie s’emparait d’elle, elle devenait une toute autre personne. Et l’arrêter apparaissait comme un défi improbable.

    Alors que le mutant chargeait une fois encore sur elle, elle ne fit plus de quartier. Ses yeux d’aurores boréales étaient chargés de haine. La violence inouïe dont elle fit preuve alors lui aurait fait dresser les cheveux sur la tête si elle s’était vue. Ses crocs se plantaient dans le corps de la créature, sans distinction. Ses griffes le défiguraient atrocement… Quelques courts instants plus tard, le mutant était mort.

    La louve respirait difficilement, figée dans une marre de sang, les yeux grands ouverts… Qu’avait-elle… Qu’avait-elle… Qu’avait-elle…fait ? Tant de sang… Sang… Sang… Echo en elle-même… Sang… Etang rougeoyant autour d’elle… Rouge… Des traces purpurines sur elle, sur lui, sur le sol, dans le ciel, dans le lac, partout ! L’hystérie gagna l’animal qui, en un souffle, reprit forme humaine.

    Eanna, toute tremblante, profondément choquée, tituba un moment sur ses jambes. Elle jetait de grands regards épouvantés autour d’elle, à la façon d’une démente en proie à une hallucination. Une nausée épouvantable lui soulevait la poitrine… Aussi prit-elle une profonde inspiration afin de chasser cette oppressante envie de vomir. Mais, lorsqu’elle posa ses yeux sur le Garçon-Aux-Etoiles étendu sur le flanc, tout son malaise s’anéantit subitement.

    Elle laissa son fusil en plan, sans la moindre commisération, et se rua vers lui avec anxiété. Etait-elle arrivée trop tard ? Serait-il…

    Le souffle coupé, Eanna s’effondra à genoux à ses côtés et, sans prendre le temps de le regarder, posa sa tête contre sa poitrine. Elle attendit un instant, le souffle court, tout en déglutissant avec peine. Perturbée, elle mit un temps à réaliser que ce n’était pas les pulsations de son propre sang que son oreille distinguait, mais celles du jeune homme. Lorsqu’elle le comprit parfaitement, elle ferma les yeux et poussa un long soupir rassuré. Inconscient, il était seulement inconscient. Alors, elle se redressa et considéra le Garçon-des-Etoiles avec attention. Peut-être était-il blessé, peut-être… Fronçant les sourcils, elle repéra sur sa peau d’ivoire quelques ecchymoses, hématomes et griffures qui la préoccupèrent dans un premier temps. Mais ce qu’elle découvrit par la suite accapara finalement toute son inquiétude. Le dos du jeune homme, ensanglanté d’un cyan étrange, semblait avoir été le membre le plus meurtri de son anatomie. Ses omoplates souffraient de craquelures bleutées qu’Eanna effleura en se mordant les lèvres d’effroi.

    Elle n’hésita pas. D’un geste vif, elle porta ses doigts à la bouche et émit un long et retentissant sifflement. Le Moeve, posé à une dizaine de mètres d’elle, réagit immédiatement. Le moteur se déclencha de lui-même et l’oiseau de céramique plana en rase motte jusqu’à sa pilote. Il se posa à quelques centimètres des étranges chaussures bleues d’Eanna. La jeune fille, difficilement, entreprit de hisser le Garçon-des-Etoiles sur son engin blanc. Attachant ses bras autour du torse du jeune homme, elle tirait de toutes ses forces, se tortillait et se contorsionnait de tous côtés… Au bout d’un certain temps, elle réussit à l’installer convenablement sur le Moeve. Alors, elle fronça les sourcils et réfléchit à la manière de maintenir le Garçon-Etoile sur l'appareil, tandis qu’il volerait. Car, oui, il n’était pas préférable de rester dans les parages : d’autres mutants étaient susceptibles d’arriver d’un moment à l’autre. Sans compter que l’endroit n’était pas assez propre pour qu’elle puisse administrer au jeune homme des soins médicaux.

    Elle rangea son fusil dans le compartiment du Moeve qui lui était attribué. Puis, hésitante, elle s’étendit contre le jeune homme et, d’un geste sec, rabattit les accroches sur eux. Parfait. Elle pourrait piloter tout aussi aisément que de coutume. Alors, elle frappa du coude la pédale de démarrage. Dans une projection de flux céruléens, l’oiseau de céramique s’élança dans les airs.

    Eanna n’effectua pas d’acrobaties et le voyage fut tranquille, lent mais bref. Car, en l’espace de quelques instants, elle avait découvert une grotte creusée dans la roche, à quelques mètres du lac. Le Moeve s’y engouffra promptement et la jeune pilote remit les rambardes en place. Considérant le sol âpre de la caverne obscure, elle convint que l’endroit le plus confortable pour s’allonger était son aile volante. Ainsi, elle laissa le Garçon-Etoile reposer sur la partie centrale de l’engin et alla ouvrir un compartiment situé à l’extrême gauche de l’appareil. Soucieuse, elle en sortit de grandes bandes blanches, du désinfectant, une bouteille d’eau propre et des compresses. Il lui restait également quelques antidouleurs mais elle décida d’attendre le réveil du jeune homme pour affirmer s’il en avait besoin ou non. Du reste, elle sortit également une lampe puissante qu’elle alluma afin d’y voir plus clair.

    Elle plaça ses ustensiles pharmaceutiques en ligne serrée, près de son patient Alors, elle ôta ses lunettes de pilotage et son masque filtrant qu’elle posa auprès d’elle en fronçant les sourcils. Elle retira également ses épais gants bleus qui n’étaient pas particulièrement pratiques pour ce genre d’opération. Elle se lava les mains à l’aide d’une compresse et d’un peu d’eau puis remonta ses manches. Ce geste dévoila à la lumière de la lampe de grandes taches sombres sur son bras droit. Instinctivement, elle posa un regard inquiet à ses marques. Il s’agissait des stigmates de la lèpre mutante, maladie qui la condamnait à mourir sous peu. Un frisson parcourut son échine. Mais elle se ressaisit et commença à retirer le haut du jeune homme tout en examinant ses traits, intriguée. Elle n’avait pas eu le temps, jusque là, de l’observer très attentivement… Or, son apparence se révélait pour le moins singulière. La peau de son dos était parsemée de plaques d’un bleu délavé qui la conduisirent à penser que son protégé n’était pas d’origine humaine. Elle coupa court à son étonnement et rappela son esprit à des occupations plus sérieuses. A l’aide d’une compresse humidifiée, elle lava consciencieusement les plaies du jeune homme, les débarrassant du mieux qu’elle pouvait du sang cyan qui coagulait rapidement. Puis, avec précaution, elle désinfecta les blessures et les banda doucement. Lorsqu’elle eût terminé sa tâche, elle lui fit à nouveau enfiler son marcel et son manteau noir, avec toute la délicatesse dont elle était capable. Enfin, exténuée, elle s’effondra en tailleur devant le Garçon-Etoile. Elle frissonna un peu et remarqua que le fond de l’air était frais. Elle nota également que le dormeur était vêtu bien légèrement et qu’il ne fallait sans doute pas abandonner un blessé au froid.

    D’un petit bond, elle s’élança à nouveau vers un des compartiments de son engin et en sortit une épaisse couverture de vieux coton. Silencieusement, elle en couvrit le jeune homme et en profita pour observer un peu mieux sa physionomie. Elle admira les traits fins de son visage et l’étrange pâleur de sa peau. Avec une lenteur hésitante, elle posa ses doigts sur les cheveux noir de jais qui recouvrait son front opalescent et ses yeux clos. Elle les repoussa lentement et eut une petite grimace en constatant quels cernes il affichait. Mais, tout en rabattant les mèches du blessé en arrière, elle heurta quelque chose sur son crâne. Affolée à l’idée de l’avoir peut-être éveillé et se souvenant subitement qu’il était rudement impoli d’observer quelqu’un d’une façon pareille, elle retira ses doigts avec précipitation. Mais elle ne put détacher son regard des cornes grises repliées sur la tête de son patient. Suprêmement déconcertée, elle s’interrogea tout de même sur la race à laquelle il devait appartenir… Puis elle baissa les yeux, déjà honteuse de s’être montrée aussi irrespectueuse. Vraiment l’apparence de ce garçon avait quelque chose de mystique qui l’intriguait autant qu’il la fascinait...

    Evitant de le scruter à nouveau comme une dévergondée, elle se massa le cou par automatisme. Alors, elle sursauta en retenant un petit cri de douleur. Elle avait oublié la morsure de l’homme mutant. Tremblante d’affolement, elle regarda lentement sa main gauche, couverte d’un sang pourpre qui était le sien. Elle succomba une nouvelle fois à la panique, dans un grand éclat de souffrance. D’un grand bond, elle fut sur pieds, titubante, les yeux rivés sur sa main couverte d’une viscosité rougeoyante. Elle chancela un moment, s’écroula contre l’une des parois de la caverne et souffla bruyamment.

    Oh, oui. Depuis la mort d’Eclipse, son ancienne compagne de route qu’elle avait dû elle-même tuer, Eanna avait une sainte terreur du sang.

    Elle leva un regard grandi autour d’elle et fut à nouveau victime d’hallucinations folles. Du rouge, du pourpre, partout ! Sur les murs, sur le sol, sur elle ! Sur elle ! Ses vêtements, son visage, ses…ses mains ! Dans un hoquet d’épouvante, la jeune fille se rua au-dehors. Elle courut à en perdre haleine, jusqu’à la berge du lac. Là, elle s’effondra à genoux et, le cœur battant, plongea ses bras dans l’eau sale. Elle resta longuement submergée, jusqu’aux coudes, et voulut reprendre son souffle.

    Mais la vision se poursuivait impitoyablement. Pourpre sur ses bras, pourpre sur son visage, pourpre dans le lac, dans tout le lac ! Le sang, à ses yeux, se propageait dans l’onde à une vitesse vertigineuse… Bientôt, ce ne fut plus qu’une immense mare rougeoyante… Eanna ôta précipitamment ses bras de l’eau et recula d’un bond, tombant à la renverse. Elle tendit ses mains souillées devant elle et les scruta en tremblant. Terrifiée, elle les frotta l’une contre l’autre, la gorge nouée.


    « Ça ne part pas, ça ne part pas… Toute l’eau des océans ne suffira pas à effacer tout ce sang… » marmonna-t-elle d’un souffle entrecoupé.

    Elle finit par jeter l’éponge, et, les larmes aux yeux, se replia contre elle-même, enserrant ses genoux de ses bras. Elle se focalisa sur le bruit de sa respiration et fit barrière à toute autre pensée. Petit à petit, elle parvint à revenir à un souffle régulier et, les yeux fermés, se permit de vagabonder à d’autres idées. Un souvenir lui revint, comme un papillon butine sur une fleur… Il y avait longtemps de cela, elle avait lu une pièce de Shakespeare, Macbeth. Elle avait trouvé ce livre dans la bibliothèque d’Arzelle, la doyenne d’Atlantide. Originellement, cet ouvrage avait été trouvé dans la carcasse d’un avion qui s’était, paraît-il, écrasé sur l’île des dizaines d’années auparavant. Eanna se souvenait clairement de ce héros éponyme et de sa femme qui, couverts de crimes jusqu’au cou, sombraient dans une folie furieuse après tout ce sang. Elle espérait… Oui, elle espérait… Ne pas finir comme eux… Folle…

    Elle se tordait les doigts avec une nervosité extrême… Eclipse et tous ces humains… Elle avait tant tué, elle qui se prétendait issue d’une civilisation non violente. Dans un hoquet pitoyable, elle partit en sanglots. Des spasmes violents secouèrent alors ses épaules, pendant un long moment.

    Au bout d’un certain temps, elle releva la tête et ouvrit les yeux. Elle constata avec soulagement que le monde avait repris ses couleurs normales et que ses mains étaient plus souillées de terre que de sang. Alors, elle essuya ses larmes d’un revers de manche et se releva doucement. D’un pas incertain, elle se dirigea vers la caverne illuminée par la lampe électrique. Elle jeta un regard hagard vers le ciel et la pensée qu’il devait faire nuit lui traversa l’esprit.

    La grotte avait des airs de maison chaleureuse, en comparaison au monde extérieur. Eanna marcha d’un pas silencieux jusqu’au Moeve et adressa un regard troublé au garçon endormi. Comment allait-il réagir, en s’éveillant ? Allait-il…partir ? La jeune fille secoua la tête avec vigueur pour chasser cette pensée lugubre et ouvrit un énième compartiment de son engin. Elle fouilla un moment dans le désordre complet de feuilles, de livres et de cahiers pour finalement se saisir d’un carnet miteux et d’un stylo hasardeux.

    Elle s’accula contre un mur, jusqu’à ce que son ombre ne fût plus qu’une petite chose noire, vacillante à la lumière de la lampe. Un vent mordant de froid pénétra soudain la caverne et Eanna, dans un frisson, resserra le col de son manteau. Puis, d’un geste automatique, elle frotta la mine de son stylo contre un de ses doigts et commença à écrire.

    Ses sentiments jaillissaient dans l’encre dont elle parsemait les pages de son carnet. Il semblait que tout était si facile à exprimer, par des mots formés simplement sur une page vierge. Elle faisait le point avec frénésie et lançait tout, tout sur ses feuilles, tout ce qui était important, tout ce qui ne l’était pas et tout ce qui le serait. Ou pas. Sa vie prenait une autre dimension, plus matérielle, plus palpable, plus compréhensible… L’écriture constituait ainsi pour Eanna un autre moyen de se sentir exister…

    Les phrases qui ne lui plaisaient pas, qui lui semblaient fausses, elle les rayait furieusement, manquant à chaque fois de déchiqueter son papier par la pointe de son stylo. Lorsqu’elle doutait sur ses assemblements de mots, elle les soufflait d’une voix sourde tout en les écrivant fébrilement.

    De temps à autre, souvent, elle relevait la tête et ses yeux brillants d’émotion vers le jeune homme endormi. A mesure qu’elle l’observait, elle oubliait la singularité de son apparence et se surprenait à penser qu’il était très beau, dans son genre. Déconcertée par cette idée, elle papillonna alors des paupières et se replongea dans le volcan fulminant de sentiments qu’elle écrivait.

    Arrivée vers la fin de ce qu’elle avait en tête, elle traçait ses lettres avec une vigueur féroce, une fureur étrange qui finit par briser sa mine au moment où elle apposait son dernier mot. Une tache d’encre bleue se répandit soudain dans le bas de sa page et sur ses doigts. Emprise d’une rage qui lui était peu habituelle, elle arracha le bas de sa feuille, le froissa d’une main et le lança brutalement contre un mur de la caverne. Elle se recroquevilla à nouveau sur elle-même, emprisonnant ses jambes par ses bras, et observa longuement le papier tournoyer dans la brise.

    Et elle se calma doucement, tandis que la feuille butait inlassablement contre la paroi de la grotte.


    « Ce sang intarissable qui jaillit entre mes doigts est le reflet rougeoyant de mes larmes. Ces larmes proviennent de mes propres yeux, je peux les sécher. Mais ce sang est un stigmate indélébile : il n’est pas mien. Jamais je ne pourrai l’effacer. »

    Et furtivement bruissent les mots sur un papier déchiré…
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Elphos
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Elphos

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MessageSujet: Re: « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna]   « Enfants du Ciel » [Elphos pv Eanna] Icon_minitimeVen 19 Fév - 1:20

Noirs mystères
Méandres

Illusoires chimères
Cendres

Néant.
~~~~~~~~Noir, tout était noir, néant. Plus aucune sensation notable, plus rien. Où étaient passés ces membres, ces bras, ces jambes, cette nuque ? Plus rien, il ne sentait plus rien, ni même ce cœur battre. Ni même ces poumons se battre pour aller chercher de l’air. Rien. Il avait sombré dans les abysses… Il croyait voir, il croyait que ses yeux pouvaient lutter contre l’ardeur féroce de la Nuit. Mais rien, il ne sentait plus rien, tout était rien, tout paraissait noir, c’était le vide.

~~~~~~~~Qu’était ce noir, qu’y avait-il derrière ce voile qu’Elphos pensait écarter d’un simple geste, de devant ses yeux. Qu’il aurait voulu éliminer, anéantir, brûler d’un soupçon de pouvoir. Il cherchait ses sens. Il n’entendait rien, pas un bruit, comme si le silence avait assiégeait ses tympans. Il ne goutait rien, il avait le sentiment d’avoir perdu sa gorge, alors même qu‘il ne sentait pas sa langue. Son odorat l‘avait aussi quitté, alors même qu‘il ne se sentait pas respirer, il n‘humait plus. À défaut de croire que ses membres étaient lourds, il ne pouvait les percevoir, ni même sentir le sang d‘un bleu cyan couler dans ses veines, son touché avait disparu. Il ne voyait rien non plus, hormis ce voile sombre qu’il pensait juste être les profondeurs de son âme. Néant.

~~~~~~~~Il ne sentait absolument rien, qu’était cet étrange sentiment de néant, cette chose inintelligible où il se sentait éperdu, cette chose inénarrable qui le plongeait infiniment dans des arcanes inaccessibles, cette chose aux limites de l‘entendement, qui, sans faire de mal, permettait d’oublier tout le reste ? Il n’était plus, il n’avait plus rien de matériel !

Était-il mort ?

Ses pensées voguaient dans des méandres inconnus, étrangement, si c‘était la mort, elle était douce et reposante…
… Suis-je … mort ? …
… Ma vie s’est donc achevée ainsi ? … Comme elle avait commencé, dans l’incompréhension ? … Qu’elle est donc cette mort ? … Je n’aurais même pas pu me défendre, contre ce bourreau, la mort était si inéluctable que cela ?… Ou alors ce monstre avait peut-être juste fait ce qu’il devait faire, anéantir la vie ? … Peut-être éliminer les plus faibles… Oui … J’avais sûrement été, j’étais, et je suis trop faible… A quoi bon, je suis indéniablement né pour mourir… Il a fallu que ce soit le suppôt de l’Apocalypse qui me tue.. J’ai été trop faible, je suis né abandonné, j’ai vécu seul, et je suis mort seul et abandonné… Quelle a été cette vie… rien… Je n’ai jamais rien mérité… Jamais rien fait d’honorable… Alors pourquoi aurais-je mérité une quelconque mort honorable ?… Pardonne moi Cya… Pour ce que je suis, je ne te rejoindrais jamais, ne serait-ce quelque part, dans quelqu‘une religion, dans ce qui serait nommé le paradis… Pourquoi je suis né, comment je suis né ? … Que suis-je ? … Je suis né pour mourir… C’est tout ce que j’aurais retenu… Retenu de
cette vie…

…C‘est cela… la mort… ?…

Longtemps, les pensées de l’Aerantas louvoyèrent ainsi, dans ses plus sombres abîmes.
~~~~~~~~Soudain, le coupant de toutes pensées, il sentit une douleur ardente se répandre lentement sur ses omoplates, vive comme sur une plaie ouverte balayée par de l‘alcool longuement... La douleur s’intensifia peu à peu, mais elle se déversait, presque maladivement, dans tous ses membres. Il changeait à nouveau d’état, il se sentait capable de reprendre possession de son corps ! Cependant, il n’arrivait pas à bouger, comme prisonnier de son organisme, sous sa physionomie qu’il détestait. Il souffrait. Juste. Ainsi l’Enfer commençait ? Il allait souffrir dans cette chair ? Dans ce corps de démon ? Ce qu’il avait subi n’était donc qu’un goût du paradis, qu’il aurait pu effleurer en n’ayant pas vécu ainsi ? Ou bien, il s’agissait juste de sa destinée : né monstre et démon, d’ailleurs ce n’était peut-être pas pour rien, peut-être, qu’il avait commencé par souffrir de ses omoplates, à la source même de ses marques démoniaques ?… Dans son étonnement sur la reprise incomplète de son corps, il sentait une fatigue intarissable l’anéantir de l‘intérieur, tous ses membres lui semblaient avoir été cousu de plomb, était-il vraiment maudit, Morphée l‘avait-il renié ? C’est alors qu’Elphos sentit une sorte de caresse lui balayer le visage, comme une vague de réconfort, à la fois doux, mais interloquant car incongru, elle remontait vers le haut de son front opalin. C’est là qu’il sentit ce geste mellifluent envelopper ses cornes, qu’il avait réussi à oublié. Bien qu’on ne puisse pas souffrir des os comme des muscles, ses cornes se mirent à surplomber son visage et à comprimer violemment son crâne et tout ce qu’il contenait. Une migraine atroce lui assenait le front, un amalgame de brûlure intense et de martèlement infernal.

~~~~~~~~Était-ce la mort qui jouait ainsi avec lui, qui, le faisant passé de la douceur à la douleur, le tourmentait ? Était-ce Hadès qui jouait sur les sens d’un pauvre mortel ou reprenait possession de ses démons, de sa création méphistophélique ? Elphos allait-il subir un châtiment de l’éternel ou juste goûter ce qu‘il était vraiment ?… Allait-il goûter à la volupté infernal de la douleur ? Peut-être, était-ce son destin, sa fatalité, les Mores et les Parques l’ont-elles destiné a souffrir, sinon pourquoi Elphos n’aurait jamais craint la torture physique, hormis pour se sentir vivant, et mortel. Pour savoir qu’il allait mourir un jour.

Démon il est né, il mourra démon?
~~~~~~~~Toutefois, plus rien, la pression qui s’exerçait sur ses membres s’évapora. Ne restaient plus que la fatigue et l’harassement. Lentement, il recouvrait des sensations, il pouvait sentir la chaleur, il pouvait sentir une brise lui lécher les membres, s’immisçant le long de sa peau blanche. Derrière ses paupières closes, il voyait danser des lueurs blafardes et rougeoyantes accompagnées d’une curieuse mélodie dont il n’entendait qu’un pâle murmure. Subséquemment, les yeux de l’Aerantas s’ouvrirent, ces yeux submergés d’un cyan profond et totalement inattendu, comme forcés à demeurer grands ouverts ! Qu’était ce pouvoir, il n’avait plus aucune emprise sur lui. Il avait beau se forcer à bouger, son corps était tétanisé, et ses yeux figés. Plus il voulait bouger, plus il souffrait, vainement. Devant lui, scintillait une constellation bleutée, bercée par la douce musique, qui ressemblait étrangement à du piano. Petit à petit, les étoiles céruléennes se rapprochaient, elles avaient l’air de s’attirer et de s’agglomérer en une forme…

~~~~~~~~C’était une flamme, elle brûlait, vacillait, virevoltait, jusqu’à ce que le visage de Cya apparaisse dans les flammes ! Son visage arborait un gracieux et doux sourire, qui s’effaça rapidement pour laisser place à une vision d’horreur. La musique s’accéléra, le cœur d’Elphos aussi. Le visage de Cya s’était métamorphosé en un visage de peine, de pleurs, on voyait à ses cotés, un Elphos de flammes, qui la tenait dans ses bras. Une symphonie d’effroi et un océan épouvante gagnèrent le corps du fils des Vents, il était en train de revoir sa sœur mourir sous ses yeux, dont l’impuissance même, le fit fondre en larme, alors qu’il lui était impossible de bouger, de lourdes larmes s’échappèrent de ses yeux. Cette vision se ponctua par un cri, le même qu’il y a cinq ans, celui de Cya… Derrière, cela, s’estompaient et apparaissaient dans le noir des yeux d‘un rouge sanguin. Pourquoi ? Pourquoi ? Ce moment qu’il avait tant voulu chasser de ses tourments, voir sa sœur mourir ! Pourquoi ce tourment devait-il revenir ? La mort était donc aussi une souffrance morale ?

~~~~~~~~Une voix sombre s’insurgea dans un écho effroyable que les courtes pauses pénétrèrent autant que la voix intransigeante, envoutante :
« …Elphos…
…Tu es la Clé des Enfers…
… Ton obstination est vaine…
… Face au Destin…Que tu déchaînes…
… Tu es la voix…Tu es la voie…
… De Lucifer…
... Porte la Mort, et engendre…
… La Désolation… Et les cendres…
… Autour de toi … Et sur la Terre… »
~~~~~~~~Juste après, pendant que la voix s‘estompait lentement, de grands bras sombres se déployèrent, comme un majestueux et immense oiseau qui partait voguer sur les vents. Leur taille se dilata lourdement, prenant peu à peu des formes d’ailes démoniaques qui virèrent inlassablement vers l’amarante... Un flash noir jaillit, submergeant toutes les formes, saphirines, sanguines, ou ténébreuses…

~~~~~~~~Plus rien. Le vide. Le noir. Elphos sentait ses membres, douloureusement. Son dos le faisait souffrir le martyre, quelle idée de se servir de ses pouvoirs ! Il souriait rien qu’à cette idée, souffrir, c’est qu’il l’avait mérité. Oh, tiens, un doigt, une main, il arrivait maintenant à les resserrer et les refermer lentement mais péniblement. Son cerveau était embrumé, il lui semblait lourd, réfléchir lui paraissait impossible. Soudain, il émergea, il ressentit le besoin express de respirer, il ressentait de nouveau ses poumons, il avait retrouvé sa gorge, et par ailleurs le goût. D’une grande respiration, il s’empara d’une bouffée d’air. Et enfin ! Après avoir recouvré tous ses sens, Elphos sentait de nouveau le pouvoir se louvoyer dans ses artères. Elphos se leva brusquement, comme un reflex absolument non-voulu, débordant de pouvoir, un immense ciel étoilé recouvrit les pans de la grotte le temps d‘un éclair, dominant la lumière près existante, et la pièce se baigna d‘une atmosphère chaleureuse durant une dizaine de secondes. Ouvrant les yeux de stupeur, il découvrit un lieu illuminé d‘une lueur blanche, qui l’aveugla presque.

~~~~~~~~Ses yeux effarés, il cherchait un point de repère dans l’immensité blanche. L’Aerantas regarda d’abord où il se trouvait: il était allongé sur un grand objet non identifié ! Mais qu’était cet engin ? Ses pensées se crispèrent ! Il était où ! La lumière l’aveuglait encore. Et revenant d’une inconscience et d’un cauchemar digne de Satan, il n’y voyait qu’un paradis blanc. D’ailleurs cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas vu une telle lueur, même en plein jour ! Le ciel était dominé par des nuages funestes et gris là plus part du temps. Il ne pouvait distinguer une telle luminosité que lorsqu’il s’abandonnait à la fantaisie de souffrir la présence de ses ailes, et de voguer par delà les voyageurs du ciel. Mais c’était si rare… Si seulement il pouvait au moins accepter ses ailes pour voler, mais déjà faudrait-il qu’il accepte sa forme « démoniaque ».

~~~~~~~~L’Aerantas retira la couverture délicatement et la déposa sur l‘étrange machine qu‘il balaya rapidement des yeux, avec surprise, en se demandant ce qu’il faisait là, ainsi choyé. Posant les pieds au sol vivement, ses épaules et notamment ses omoplates lui semblèrent littéralement transpercés. Il ne releva rien, comme si il avait l‘habitude de souffrir, mais ses traits semblaient irrités. Il émergea peu à peu, retrouvant la réalité, percevant mieux les objets et leurs contours. Regardant où il avait posé les pieds, il remarqua d’abord toute une batterie de matériel de soin; du désinfectant, des bandes... Les yeux exorbités et rivés sur eux, une foule de question lui assenèrent l’esprit ! Comment c’était possible ? N’était-il pas mort ? Quelqu’un l’avait sauvé ? ET l’avait soigné !! Réfléchissant quelques secondes, il ne voyait nulle part une quelconque blessure… Puis, quelques autres secondes suffirent pour lui faire prendre conscience que c’était son dos, et rien d’autre. Pourquoi ?! Lui, un monstre ! Pourquoi donc, ce n’était vraiment pas possible ! Pas aux yeux d’Elphos.

~~~~~~~~Son regard se détourna des objets rapidement pour observer ou il était; dans ce qui semblait être une grotte, irradiée de blanc. Le jeune homme était-il au paradis, c’était cela, le paradis ? Pourquoi était-il ici, a-t-il traversé l’Enfer, pour arriver au paradis ? Ses yeux d’un cyan profond et assez candide sur le moment, de par l’incompréhension, voguait dans cette grotte… Et soudain se posèrent sur une jeune femme, qui était assise dans un coin. Comment n’avait-il pas pu repérer sa présence ?! Il était vraiment inattentif. Ses yeux s’amarrèrent sur son visage, étrangement, il ne pouvait s’en détacher. Le visage de la jeune femme était délicat, agréablement hâlé, débordé par des cheveux bruns et assez courts, mais ce qui le retint le plus, c’était son regard inénarrable qu’elle plongeait intarissablement dans les yeux du jeune homme. Après quelques secondes d’immobilité, l’Aerantas se retourna, dos à la jeune femme, il réhaussa son large manteau noir et abattit sa large capuche sur sa tête, puis se pétrifia.

~~~~~~~~Personne ne l’avait jamais regardé ainsi, bien que peu de personnes ne l’aient regardé depuis cinq ans. Avant, Elphos pouvait lire de la peur, voire surtout de la haine dans les yeux, mais là, il y avait vu autre chose, qu’il ne saurait décrire… C’était étrange, il se sentait même un peu gêné de l’avoir regardé ainsi, mais était surtout troublé du regard inhabituel qu’elle avait porté sur lui… Pourquoi ? Elle ne semblait pas avoir peur…

~~~~~~~~Reprenant ses esprits, il vit que tout le matériel de soin était étalé à pied d’Elphos… Elle l’avait sans aucun doute possible soigné, et a priori, s’était occupé de lui. Il ne put s’empêcher de prononcer son mot favori… Qu’il n’avait pas prononcé depuis si longtemps.

« Merci » dit-il d’une voix assez effacée, mais audible.

Le jeune homme remarqua aussi qu’il ne faisait pas bien chaud, et que sa bienfaitrice « sauveteuse » n’avait pas l’air d’avoir bien chaud non plus, avec son col remonté. Sans un geste, il fit grimper la fraiche température de la nuit jusqu’à la vingtaine de degrés en une dizaine de seconde. « Sauveteuse », rien que de penser à ce mot, cela le rendait fou, vraiment fou, alors comme ça, après tout ce qu’il avait pu voir jusqu‘à présent, elle l’avait sauvé ?! C’était simplement inimaginable ! Qui aurait pu se soucier de lui ? C’était encore un rêve ! Certainement ! Ce n’était pas possible autrement ! Impossible !

Et si ?
Et si… ?
C’était le paradis ?
Et que cette jeune femme, était un Ange ?
Non ! Impossible ! Un démon ne peut qu’aller en Enfer…

…Pourtant, le visage de cette jeune femme voguait encore, comme gravé, dans sa mémoire…
Pourquoi ?
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