Heather Lackey

Heather
Lackey
________________________________________________________________________

Heather Lackey 100509093048410886

✗ RENSEIGNEMENTS
GENERAUX

Nom : Lackey
Prénom(s) : Heather
Surnom(s) : Heathy, bien qu’elle n’apprécie pas beaucoup qu’on ne diminue son prénom.
Âge : Entre 18 et 19 ans
Date de naissance : Elle sait simplement qu’elle est née en 2218, c’est pourquoi le doute subsiste quant à son âge exact (ne sachant pas si elle est née en début ou en fin d’année). Dans le doute, elle se donne un an de plus le premier de chaque année.
Race : Humaine
Nationalité : Anglaise.
Lieu d'habitation : Aucun, Heather vit là où elle peut.
Statut : Célibataire
Sexualité : Hétéro pour le principe, quoique, comme précisé, on ne sait jamais…
Clan : Faldar, et autant dire qu’elle a la Foi.
Métier : Baroudeuse, voleuse, filou, génie de l’infiltration, agent d’anti-sécurité, appelez ça comme vous voudrez…

✗PSYCHOLOGIE

Heather est peut être l’un des meilleurs exemple des stéréotypes humains les plus répandus. Elle n’est certes ni méchante ni cruelle, mais si vous avez des objets de valeur à lui donner en paiement sur vous, vous pourrez en faire ce que vous voulez. Elle n’aura aucun scrupule à changer de camp pour une raison ou pour une autre, se montrer égoïste ou vaniteuse, s’introduire chez autrui…

Comme je disais, elle n’est pas non plus méchante. C’est peut être une des parties les plus paradoxales de sa personnalité, mais elle ne supporte pas de voir les autres souffrir ; elle préfèrera s’enfuir que d’avoir à affronter une telle chose –mais bien entendu, sera trop orgueilleuse pour reconnaitre cette lâcheté. D’une manière générale, elle n’est ni du genre à prêter ou partager, et il faut soit avoir gagné sa confiance soit l’avoir touchée d’une façon ou d’une autre pour avoir droit à un tel traitement de faveur. Du reste, la jeune femme est curieuse, peut être un peu trop moqueuse, avare et avide. Lorsqu’elle rencontre quelqu’un, elle s’adaptera quasi-toujours à l’apparence de son interlocuteur pour réagir en conséquence, et elle est très douée pour jouer la comédie. Surtout mentir, quitte à s’attirer des ennuis.

Heather est surtout bornée, si bien qu’elle en devient gentiment naïve. Il suffit de la convaincre de quelque chose, même d’un mensonge, pour qu’elle y croit dur comme fer jusqu’à la mort. D’une manière générale, la jeune femme est comparable à un chat ; elle n’aura aucun soucis à aller se nourrir chez plusieurs maitres à la fois, cherchera toujours la meilleur place au soleil, et n’hésite pas à attaquer…

✗PHYSIQUE

Heather n’est pas franchement ce qu’on pourrait appeler un canon de beauté. Elle n’a pas la peau soit très pâle, soit bronzée et délicate des filles des magazines ; on dirait plutôt qu’elle a constamment mauvaise mine, d’autant plus qu’elle est mince, presque maigre, ce qui fait qu’elle n’a pas tellement de formes. De loin, lorsqu’elle porte les vêtements adéquats, on la prendrait même facilement pour une petite –sinon jeune- fille.

Elle est grande, cependant, un peu dégingandée ; ses cheveux bruns sont coupés courts, un peu fous, à la garçonne, ce qui lui donne une attitude toujours nonchalante, voire négligée. Elle ne fait pas souvent d’efforts pour être féminine, préfère s’habiller de façon pratique ; Pantalons, chemises, vestes amples de couleurs foncées… Quant au maquillage, autant dire que ce n’est pas sa tasse de thé. De ce fait, elle est capable de courir vite, se faufiler à peu près partout, ce qui fait qu’elle misera plus sur la discrétion et la rapidité que sur la force brute lorsqu’il lui faut recourir à de telles extrémités.

Son visage fait vaguement penser à celui d’un animal ; ses traits sont fins, tirés, presque acérés. La regarder dans les yeux revient à plonger dans un gouffre profond, presque noir tant ils sont foncés ; ses lèvres sont minces, mais expressives –soit moqueuses, soit espiègles, soit franchement agacées.

Voilà pour l’aspect général ; du reste, elle arbore un tatouage figurant une rose épanouie sur son omoplate droit, et une large cicatrice sur le ventre, qui passe quelques centimètres au dessus du nombril –comme si un animal l’avait griffée.

✗POUVOIRS

Allez comprendre comment Heather a pu hériter de son pouvoir… Disons qu’elle l’avait sans doute cherché, et qu’il a ensuite été pour beaucoup dans sa vie. Elle est désormais capable de se « camoufler », à la manière d’un caméléon ; lorsqu’elle le veut, ses traits se fondent dans le décor, si bien qu’elle en devint invisible. Bien sûr, ce déguisement est loin d’être parfait ; un observateur avisé remarquera le changement de décor, le trouble dans l’air –si vous avez déjà regardé à travers de l’air très chaud ?- et le bruit de ses pas ainsi que de sa respiration est encore audible, ce qui fait qu’elle doit utiliser ce pouvoir avec rigueur et parcimonie, après tout, on ne sait jamais. Qui a envie de rester invisible pour le restant de ses jours ?

✗OBJET(s) OU ARME(s)

Heather conserve en permanence sur elle, juste au cas où, un passe partout de base qu’elle utilise pour crocheter les serrures « a l’ancienne », quand elle peut en trouver. Pour tout ce qui est de la technologie, elle essaiera en général de se débrouiller avec son p’tit cerveau. Elle garde également à titre de précaution une dague passée dans sa ceinture, même si elle fuit tout ce qui doit ressembler de près ou de loin à un combat. D'une manière plus pragmatique, elle vole plus qu'elle ne possède, mais aura toujours en permanence sur elle ses vêtements "pratiques", un brin masculin. Une bourse avec plus ou moins d'argent, en fonction de ses humeurs du jour. Heather ne voyage pas à pied, la plupart du temps elle vole des véhicule, mais elle prend soin d'en changer régulièrement ce qui fait qu'elle a rarement plus d'un mois le même modèle. Il lui arrive également d'avoir donc de la nourriture sur elle, mais de façon occasionnelle. Pas de clé, pas de passe, elle vit et dort là où elle peut.

✗ CHRONOLOGIE

♦ HISTOIRE

[LOGIN IN. LOADING… PLEASE WAIT.]

[LOAD COMPLETED]

[St EDMUND’S INSTITUTE –DAILY REPORT N°235843/JANUARY 2232/]

Doctor:
Carth Edgemiles

Patient:
Heather Lackey

Heather est une patiente très intéressante. Autant l’institut se targue de prodiguer à ses patients tous mineurs un environnement adapté à leur âge et la reconstitution d’une famille et d’un foyer aimant, autant en général nos petits pensionnaires ne se prennent pas au jeu. Je n’avais jamais vu une telle détermination chez une enfant de cet âge, et j’ai l’impression qu’elle me considère comme un père. Nous ne savons toujours pas d’où elle vient, nous l’avons ramassée dans la rue près de l’institut, mais elle s’est avérée être désormais l’un de nos patients le plus docile. Un véritable exemple qui ne se laisse distraire par rien ni personne.

On a détecté une légère tendance à la kleptomanie, ainsi qu’à vouloir tout savoir et tout contrôler. Mais en dehors de cela, la patiente est parfaitement normale.

Avec les gardiens, Heather se montré généralement mauvaise, et avec les autres enfants elle a tendance à adopter un comportement de mère autoritaire, mais avec le personnel médical elle est douce comme un agneau. La persuader qu’elle vivrait désormais ici avec nous, que ses parents l’avaient voulu et que c’était la meilleure chose pour elle a été incroyablement facile, comme si elle n’attendait que quelqu’un lui donne une excuse pour vivre ailleurs que dans la rue. La pose du tatouage de l’institut s’est déroulé sans le moindre heurt, avec son consentement (!) et soit elle ne remarque pas les opérations chirurgicales et les prises de sang, soit elle fait semblant sans qu’on ne sache pourquoi. Les docteurs sont ravis, un patient réagissant positivement est toujours plus simple à manier, nous pouvons faire des prises de sang plus fréquemment et elle se livre à nos tests de son plein gré. Nous n’avons détecté aucune trace de maladie, et elle est en très bonne santé.

Heather peut donc faire partie de l’unité d’élite sur laquelle les expériences pourront être menées plus loin. Nos scientifiques sont arrivés à un moyen de modifier l’ADN humain, encore expérimental certes, mais nous avons des cobayes orphelins en nombre que personne ne viendra réclamer. Le début des opérations pourra débuter dans quelques mois, entre juin et juillet, comme prévu.

Janvier
2232, Dr Edgemiles.

[LOGIN OFF]

♦ L'APOCALYPSE

[LOGIN ON…]

[H.L.’S PERSONNAL DIARY/MARCH 2237]

C’est fou. C’est juste fou. Le monde est devenu fou, et moi avec !

Parti. Tout est parti, disparu, envolé, réduit en cendre et en fumée. Tout se confond dans ma tête, ça fait si longtemps maintenant… Le docteur Edgemiles, les enfants, l’Institut, ma famille…Morts, tous morts ! Morts, morts, morts… Et si je n’étais pas sortie à ce moment là, si je n’étais pas allée par la fenêtre pour aller explorer les bois… Je serais avec eux.

Mais ce serait peut être mieux ? Ca fait des années maintenant, que je vole, et que je cours, et que je ne sais plus qui je suis, et que j’ai oublié où je vais, où je devais aller, où je pouvais aller… J’ai vu des morts ! Comme dans les livres, comme dans les histoires ! Et j’ai vu des monstres, tu le crois ça ? Genre, des monstres ! Des créatures bizarres, tellement, tellement bizarres ! Il ne reste plus personne. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour être encore là.

Des gens m’hébergent, parfois, quand j’en croise ; on est tous pareils, de toute façon, maintenant. Ils appellent ça la catastrophe, les Jours de Feu, quelque chose comme ça. Et après ? J’ai pris leur nourriture et je suis partie. Çà fait quelques années, déjà. Je vis comme ça, quand je peux, comme je peux, j’ai appris à courir, à sauter, à voler au dessus des villes. Et à me cacher ! Tu l’crois ? Je peux faire en sorte que personne ne me voie…Non, personne… Plus personne ne voit la petite Heather. Ils disent que je suis folle, que pauvre de moi, pauvre petite. Hmpf. Ils ne me voient que quand ils ont besoin de moi. « Heathy, va voler ça pour moi ! », « Heathy, va donc surveiller l’autre, là, et sois discrète ». Au moins, ils me paient. C’est tout ce dont j’ai besoin.

Mais j’ai croisé un groupe de vagabonds hier. Ils m’ont parlé d’un Chevalier, euh non, Chevaucheur... et que tout ça, c’était sa faute. Y’en a qui disent que tout ça, c’était à cause de nous, parce qu’on n’est rien qu’une satanée race imparfaite, et qu’il fallait bien que quelqu’un fasse le ménage. Moi je n’y crois pas, moi je crois que c’est un défi. J’ai décidé qu’il fallait que je trouve ce type, ce Chevaucheur, parce que je veux qu’il paie. Je veux qu’il paie pour ma famille qu’il m’a volé, pour tout ce qu’il m’a prit, tout ce qu’il m’a fait…

[LOGIN OFF]

[GROS PAVE DE LA MORT QUI TUE : READY, STEADY, GO !]

Récit d’une Catastophe

I) Introduction –St Edmund’s Institute

*Blancs, les murs, les sols, les plafonds, les portes, les fenêtres, l’univers même était blanc de partout. Jusqu’à la nourriture qu’on leur donnait, en passant par les blouses des médecins et leurs propres vêtements basiques.

*Heather avait treize ans, presque quatorze ; elle était orpheline, et elle vivait dans la Clinique St Edmund, avec les autres enfants, les gardiens, les infirmiers. Sa nouvelle famille. En réalité, elle était placée sous la tutelle du Docteur Edgemiles, lui-même payé par la Corporation Cekza Inc. pour les recherches qu’il effectuait sur l’ADN humain. C’était une ère où la technologie remplaçait tout et n’importe quoi, où les humains avaient pu évoluer sans cesse en s’appuyant sur des machines pour modifier leur apparence, alors pourquoi pas leurs gênes ? L’opération n’était même pas clandestine. Après tout, les enfants n’étaient pas maltraités, à l’institut. Oh, bien sûr, il arrivait qu’une expérience tourne mal, que l’un d’eux soit blessé, disparaisse subitement, que les gardes aient un peu…bu. Mais après tout, il s’agissait d’orphelins, n’est-ce pas ? Tous ceux qui appartenaient à l’Institut étaient marqués d’une rose sur l’omoplate droit, parce que c’était un symbole joli et enfantin. Il passait mieux. Et c’était pour le bien commun, le fruit des recherches serviraient en fin de compte à la race humaine toute entière ! Enfin, moyennant finance.

*Heather était une patiente exemplaire, parce qu’elle se montrait étonnamment docile. A la manière des chats qui réclameraient volontiers des caresses au cambrioleur infiltré dans leur maison, simplement pour avoir un bol de lait. Toujours la première, toujours souriante, toujours à se moquer des enfants craintifs qui hurlaient à chaque piqure, refusaient de manger et tentaient de s’enfuir de l’Institut pour échapper aux opérations. Elle se soumettait sans protester aux tests et autres interventions chirurgicales, sans se soucier du nombre de fois où elle avait du rester clouée à son lit des conséquences de l’une d’elle. La plupart des psychologues étaient fascinés par son comportement, cherchaient à comprendre pourquoi elle agissait ainsi ; la réponse semblait pourtant évidente. La petite fille refusait de voir sa vie telle qu’elle était vraiment. Et elle préférait mille fois vivre dans le mensonge, la bulle qu’elle s’était crée. De ce fait, le personnel médical lui faisait volontiers confiance ; elle était la première à tester les nouveaux hologrammes, ils lui apprirent même à se battre, à développer des talents de vadrouilleuse ; elle était curieuse, cherchant toujours à apprendre, vive et dégourdie… Quand il s’agissait de voler de la nourriture en cuisine (et encore, elle aurait pu la réclamer, et on la lui aurait donnée ; mais elle préférait l’obtenir par elle-même. Comme une sorte de défi.), Heather parvenait toujours à tromper les caméras, à désactiver la sécurité –sous l’œil attentif des médecins, parfaitement conscients de son petit manège- et à s’emparer de ce qu’elle voulait. Et pourtant, elle ne
s’enfuyait pas.

*Son opération était prévue pour la fin juin 2232 ; Son tuteur avait décrété que ses muscles étaient suffisamment développés, sa croissance achevée, et que les risques concernant sa petite patiente étaient minimes. Mais l’opération en elle-même pouvait parfaitement la tuer, après tout, son corps pouvait réagir de façon tellement…imprévue ! Personne ne pouvait le savoir. Mais il fallait essayer, pour le bien de l’Humanité.

*Heather semblait ne pas se rendre compte de ce qui se passait, ou plutôt, elle fermait volontairement les yeux. Personne ne savait si elle avait remarqué à quel point on doublait d’attention vis-à-vis d’elle. Si elle parvenait à interpréter les regards désolés de certains infirmiers. Et puis un matin, ça n’a plus eu d’importance.

II) Les sept jours de feu

*Six juin 2232, il faisait nuit. Heather savait pertinemment que le seul moyen de parvenir à tromper les caméras, et la surveillance d’une manière générale, de l’Institut, c’était de se lever avant que le système de mise en route automatique des lumières ne s’allume, c'est-à-dire un peu avant le lever du soleil –enfin, le truc qui brillait vaguement dans le ciel gris, selon elle. Se faufiler devenait alors une partie de plaisir ; savait-elle qu’en réalité, ses escapades clandestines étaient parfaitement connues des gardes, qui avaient reprogrammé les robots de sécurités pour la laisser sortir ? Mais elle revenait toujours vers midi, l’air de rien, alors ils jouaient le jeu, comme des habitués. C’était son pseudo-moment de liberté.

*Quelques minutes plus tard, elle était dehors. L’Institut était perdu quelque part, loin des grandes villes – au cas où quelque bonne âme un peu trop fouineuse se fut prise au jeu d’étudier plus en détails les activités de St Edmund’s. Heather enfonça ses oreillettes qui laissaient déferler une musique vive dans ses oreilles, cadeau de son tuteur, et se mit à courir, courir dans les bois qui encerclaient sa « maison », comme si elle cherchait à vérifier qu’elle était bien en vie. C’était l’un des plaisirs que la petite fille appréciait le plus ; elle vivait pour ces moments. Dans les poches de son pantalon de garçon taché de boue, un peu de nourriture pour plus tard, de l’eau pressurisée, un coutelas qu’elle gardait toujours « au cas où ». Tranquillement, Heathy gagna la cime d’un arbre, aussi agile qu’un singe, pour s’installer sur une lourde branche en s’adossant au tronc. Ainsi, elle était aux premières loges pour assister au lever du soleil.

*Mais le soleil n’allait pas se lever.

*Soudain, un immense grondement ; comme une plainte, une plainte monstrueuse, gémissante et hurlante à la fois ; le sol qui tremblait, et plus rien n’était sûr. Le cœur battant, inquiète, Heather regarda autour d’elle, à la recherche de ce qui pouvait bien être à l’origine d’un tel trouble ; rien. L’arbre tremblait furieusement, comme s’il était animé d’une volonté propre, et la petite fille ne savait plus ou s’agripper ; elle vit le ciel noircir, elle vit, au loin, les murs blanc de l’institut trembler, disparaitre, mais elle n’avait pas le temps, pas le temps, pas le temps de réfléchir, de penser ou de pleurer ; Elle crut que ses oreilles allaient exploser, sanglotait des « Arrêtez, arrêtez… ! » pitoyables de plus en plus forts, jusqu’à hurler, et elle finit par plaquer ses mains sur ses oreilles, abandonnant toute prise qui lui restait.

*La chute fut douloureuse, comme si toutes les branches de l’arbre s’était empilées exprès les unes à la suite des autres pour qu’elle tombât dessus. La petite fille sentait la douleur partout, dans chacun de ses membres, et pire que tout, l’incompréhension. Merde. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Un cauchemar, une mauvaise plaisanterie ? Elle sentait le sang couler le long de sa tempe, il faisait froid ; respirer devint un calvaire. Mais elle ne voulait pas mourir, oh non, non, non, pas ça. Hors de question. Elle perdit connaissance.

*Quand elle revint à elle, elle avait encore plus mal qu’avant. Les grondements s’étaient calmés, pourtant rien n’était calme, encore. Le ciel toujours aussi sombre. Elle constata avec une grimace de dégout que ses jambes étaient bloquées sous le tronc d’un arbre qui s’était effondré ; se dégager de là fut une nouvelle source de douleur, ses deux membres étant alors couverts de griffures profondes et sanguinolentes dues à l’écorce rude. Elle ne pouvait pas se lever, encore moins partir et trouver un abri. La survie, c’était pas son truc. Mais le reste du choc vint quand elle observa autour d’elle ; partout, un amas cauchemardesque de troncs abattus, de branches en désordre, sombre paysage pour un bois dévasté. Et maintenant, hein ? Une colère noire s’empara d’elle, pour ne pas avoir à affronter combien elle avait peur. La forêt était morte, et elle ne savait pas pourquoi. Voilà. Elle allait rentrer, et ce serait tout, ce serait fini. Sur ces pensées, la petite fille dévora le peu de provisions qu’elle avait sur elle, arracha les manches de son haut pour en faire des bandages de fortune, et attendit que la douleur ne s’atténuât avant, quelques heures plus tard, de se frayer tant bien que mal un chemin jusqu’à l’Institut.

*Il n’y avait plus d’institut.

*A la place du fier bâtiment, fleuron technologique, se dressait un amas de ruines blanchâtres, dans lequel résonnait de temps à autres une explosion dues aux circuits qui sautaient. Une inondation, du fait des canalisations dévastées qui se déversaient n’importe où. Un incendie semblait d’être allumé, puis éteint, faute de combustibles. Elle avait beau l’avoir vu de loin, lorsqu’Heather se tint debout face à tel sinistre spectacle, elle resta hébétée un moment, la bouche ouverte, les bras ballants, sale, couverte de boue, d’ecchymoses et de griffures. Elle ne respirait plus, elle en avait même du mal à pleurer. Les questions tournaient dans sa tête, menaçaient de la rendre folle. Maintenant ? Quoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Merde ! C’était sa maison, sa famille.

*La petite fille, lentement, précautionneusement, tenta de marcher à travers ce qui restait du bâtiment ; les plafonds avaient disparus, mais certains murs tenaient encore debout, figuraient des pièces. Tremblante, bafouillante, elle appelait à l’aide. Mais ne l’attendaient que des ruines, des cadavres, des objets brisés et de la poussière. Du sang et des cendres… Elle ne voulait pas les voir. Son cœur se serrait, elle hoquetait, il lui semblait qu’à chaque pas sa peur s’emparait un peu plus d’elle, remontait le long de ses jambes, son bassin, tordait son ventre, comprimait sa poitrine, alourdissait ses bras, bloquait sa gorge, noyait ses yeux comme une sorte d’horrible poison…

*Elle vivait. Pourquoi elle, et pourquoi pas eux ? Qu’est-ce qui avait bien pu faire qu’elle était debout, maintenant, quand ils ne pourraient plus jamais l’être ? Pourquoi est-ce que personne n’avait rien vu venir ? Est-ce qu’elle était vraiment seule, toute seule, irrévocablement seule ? Non, elle voulait vivre… même si son cœur lui faisait mal.

*Et puis soudain, tout recommença. Heather paniqua à nouveau, se pouvait-il que sa chance fut double ? La terre tremblait, grondait à nouveau ; la petite fille se mit à courir. A l’écart, l’entrepôt semblait avoir été à peu près épargné ; il avait été conçu pour être supra résistant, afin que les biens de l’Institut ne fussent jamais perdus. Fiévreuse, paniquée, elle se rua vers la porte –dont elle connaissait, bien entendu, le code- et entra rapidement, refermant derrière elle. Là, elle releva les yeux ; il y avait deux autres enfants, deux garçons. Ils ne dirent rien, ils étaient accroupis dans un coin, enroulés dans deux couvertures qu’ils avaient probablement pris avec eux, avaient visiblement pleurés. Ils étaient plus jeunes qu’elle, aussi Heather alla-t-elle en silence s’installer tout près, se recroquevilla sur elle-même et enfin, pleura.

*Les enfants ne sortirent pas de l’entrepôt. Ils attendirent patiemment que toutes les horreurs qu’ils entendaient au dehors ne cessassent, perdant le fil des minutes, des heures, puis des jours. Combien de temps s’était écoulé ? Des mois, d’après eux. Des années, peut être. Le toit était troué, le froid omniprésent. L’électricité, bien entendu, avait été coupée ; à trois, ils ne furent pas de trop pour forcer les caisses de l’entrepôt, lesquelles renfermaient habits, couvertures, eau pressurisée et nourriture –crue, qu’ils mangèrent tout de même. Ils n’osaient pas se parler, trop effrayés pour oser formuler à voix haute leurs pensées, de peur qu’elles ne se concrétisent, pour pouvoir admettre qu’ils étaient peut être les trois derniers terriens.

*Une semaine s’était écoulée, en réalité, avant qu’enfin ils ne pussent envisager de sortir de leur abri de fortune. Le spectacle qui les attendait acheva de saper toutes leurs résolutions, comme on pompe un liquide hors d’un vase ; étaient-ils seulement encore sur Terre ? Est-ce que tout ça n’était pas qu’un mauvais rêve ?

-Il faut qu’on s’en aille, décréta Heather. Il faut qu’on aille en ville. Chercher des gens en vie.

*Elle se raccrochait à cet espoir comme on s’agrippe à une planche de bois pour ne pas se noyer. Devant les protestations des garçons, elle rappela que leurs réserves de vivres ne seraient pas éternelles. Rien à faire. Et elle avait peur de partir seule… Un nouveau mois s’écoula, rythmé cette fois ci par le temps passé dans l’entrepôt, et celui passé à vadrouiller dans les ruines pour récupérer ce qui pouvait l’être. L’odeur des cadavres était insupportable, mais plus encore, le froid. Le froid s’annonçait, mordant, comme un hiver en plein été. Ils ne s’inquiétèrent pas au début, pensant que la température aurait tôt fait de se stabiliser ; pourtant elle continua de descendre, descendre, descendre… La vie devenait insupportable. Heather voulait partir, elle le répétait chaque jour, elle courait, explorait sans cesse de plus en plus loin, bougeait, criait dans sa rage de rester en vie. Les enfants pourtant refusaient de l’écouter, restaient emmitouflés dans leurs couvertures à attendre qu’on ne vienne les sauver, à passer leur temps à dormir.

III) L’hiver nucléaire

*Cela faisait plusieurs jours que le sac d’Heather était prêt, bouclé, il ne lui restait qu’à agripper l’anse. De la nourriture, beaucoup de nourriture qu’elle avait mis de coté pour elle, de peur que les autres ne la lui prenne, pas de vêtements, pas la place, mais de l’eau surtout, et des capsules chauffantes qui se glissaient dans les vêtements, la nuit, lorsqu’on ne peut pas courir et bouger pour se réchauffer. Des briquets. Elle dormait toujours la tête posée dessus, rasséréné de savoir qu’elle avait toujours cette alternative en dernier recours.

*Un matin, alors que les trois dormaient, des bruits sourds se firent entendre de loin. Heather se réveilla en sursaut, inquiète ; ça ne ressemblait pas à des tremblements de terres. Des grognements résonnèrent aussi, étaient-ce des animaux ? La jeune fille n’y croyait pas. Elle se faufila jusqu’à l’un des trous dans la paroi de l’entrepôt pour y coller son œil, et étouffa un hoquet de surprise.

*Les créatures qui se trouvaient dehors, sous la neige, n’avaient rien d’humains. Elles semblaient venir des bois, et pourtant il était impossible que de telles…choses aient pu y résider. Impossible, impossible… ! Hideuses, comme d’affreux mutants dont elle ne parvenait pas bien à distinguer les traits ; une seule chose était sûre, il fallait partir, maintenant.

*Silencieusement, le cœur battant comme jamais, la jeune fille alla secouer l’épaule de ses compagnons. Mais ils ne réagirent pas, ils ne grognèrent pas comme à l’ordinaire, ne resserrèrent pas leurs couvertures autour de leurs épaules. Dans un gémissement plaintif dicté par sa peur et sa hâte de s’enfuir, Heather les secoua plus forts, jusqu’à les bousculer. Mais ils ne changèrent pas de position, telles des statues figées pour l’éternité. Les larmes aux yeux, elle ôta l’un de ses gants pour toucher leur peau : glacée, comme jamais elle ne l’avait été. Nouveau gémissement, elle ne pouvait pas attendre qu’ils ne se réveillassent, qui sait combien de temps ça aurait pu prendre ? Bien sûr, elle refusait d’admettre la possibilité qu’ils ne se réveillassent jamais. C’était hors de question. Mais elle ne voulait pas les attendre… ! Alors elle resserra leurs couvertures autour d’eux, glissa un briquet chacun dans les paumes de leurs mains figées, afin qu’ils puissent se réchauffer lorsqu’ils rouvriraient les yeux, puis attrapa son sac et gagna précautionneusement la porte.

*Sortir fut aisé, quoiqu’elle garda les yeux rivés au ciel pour contenir toute éventuelle larme qui nécessiterait forcément un sanglot ou un reniflement, c'est-à-dire du bruit. Silencieuse avant tout. Heather se guidait aux bruits, aux pas, essayant de s’en éloigner le plus possible ; elle ne savait pas ce qu’étaient ces créatures, elle avait peur. Etait-elle dans un film, pour penser pouvoir s’enfuir ainsi ? Pourtant, ça marchait. Personne ne lui avait encore barré la route.

*Et soudain, face à elle, se dressa un de ces monstres. Abominablement humain, et humainement monstrueux, un immonde mélange hybride d’homme et de bête dont les traits précis lui échappaient encore, à cause de la nuit. Heather crut qu’elle allait mourir, il était impossible qu’il ne la vît pas, et pourtant… ! Pourtant, il ne faisait rien. Le souffle coupé, la jeune fille le contourna précautionneusement, lentement, lentement, ivre d’une joie incrédule et passagère, mais chargée d’adrénaline. Elle s’éloignait, elle s’éloigna, comment, par quel miracle ? Baissant les yeux, elle constata avec horreur qu’elle ne voyait pas ses pieds. Et à la réflexion, elle ne voyait pas ses mains non plus. Fallait-il vraiment que le cauchemar continuât ainsi ? Heather décidera qu’elle se préoccupera de cela plus tard. Pour l’instant, sa seule envie était de s’enfuir, aussi loin que possible.

*Les chemins sous la neige étaient quasiment invisibles, et la jeune fille bénissait tout son attirail de haute technologie contre le froid. Mais elle avait tout de même conscience qu’il n’était pas éternel ; son errance dura un mois de plus, un mois à marcher, courir, rechercher elle ne savait trop quoi. Elle remarqua qu’elle était de nouveau visible aux regards. Les décombres d’une ville se présentèrent finalement face à elle ; elle avait maigri, affichait un air dur et sévère, presque hirsute, mais au moins, elle était en vie. Heather en était sûre, s’il y avait des survivants, c’était là qu’ils avaient trouvé refuge. C’était forcé. Un nouveau jour de recherche fut supplémentaire, chaque fois plus dur ; la nourriture crue et froide la rendait malade, de même que l’eau traitée et retraitée, le manque d’hygiène et de sommeil contribuaient également à son malaise si bien qu’elle craignait d’être malade. Mais elle ne voulait pas mourir.

*Il n’y avait en ville que trois survivants, des adultes qui, comme elle, étaient absents le jour de la catastrophe, loin des effondrements de bâtiments et autres incendies ou inondations qui avaient achevés la plupart des citoyens. En deux mois, ils avaient récupéré dans la ville, simple cité de province qui, sans être d’une grande envergure, comptait quand même autrefois plusieurs milliers d’habitants, tout ce qui pouvait l’être et l’avaient amassé dans le bâtiment le mieux conservé, l’immense hangar d’une grande corporation. Ils accueillirent Heather avec un mélange de soulagement et de suspicion, heureux de savoir qu’il existait d’autres survivants, méfiants à l’égard d’une bouche de plus à nourrir. Mais elle était tellement mal qu’ils ne purent que la prendre avec eux.

*La vie s’organisa entre les quatre survivants, la vie quotidienne rythmée par les exercices quotidiens pour rester en forme et surtout, ne pas prendre froid, l’économie du maximum de ration et l’utilisation des talents de la jeune fille : elle était la seule à pouvoir se faufiler entre les décombres, déverrouiller les portes des rares maisons a être encore debout et donc susceptible de contenir des biens utiles… Mais Heather n’hésitait pas à cacher une partie du butin qu’elle cachait dans son sac, pour elle. Ca pouvait toujours être utile.

*Entre temps, ils lui apprirent ce qu’ils savaient : Parfois, des ermites de passage passaient par là, mais refusaient de s’arrêter avec eux. Ils fuyaient des « Lypéria », des monstres inconnus qui auraient été rejetés par la Terre en colère, selon leurs dires. Heather confirma cette histoire, pour en avoir croisé elle-même, bien qu’elle déplorait que les gens repartissent vraiment sur les routes ; mais personne ne savait plus ou résidait la sagesse, que faire, que ne pas faire. Personne n’arrivait à envisager de futur, mais personne n’osait le dire à haute voix, de peur de devenir fou.

*Enfin, on parla à Heather du Chevaucheur. L’histoire d’une ombre qui hanterait la Terre. Elle avait vu des voyageurs en parler avec une étincelles dans les yeux, un air d’adoration qu’elle n’avait jamais vu, même chez les fidèles les plus croyants des religions du monde, un homme qui serait capable de tout reconstruire, de tout arranger, tout guérir, une créature qui les sauverait tous. La jeune fille n’arrivait pas à s’en convaincre, et d’autres la soutinrent dans cette direction. « C’est un monstre », soufflèrent-ils à mi-voix. « C’est sa faute. Tout ça, c’est sa faute. » Parce qu’il lui fallait un coupable. Il lui fallait une raison, un pourquoi, quelque chose qui justifiât tant de morts et de désolation, une raison qui la pousserait à rester en vie, un but à poursuivre pour ne pas rester assise à attendre la mort ; ses idées s’organisèrent en un éclair. Elle voulait voir cette créature morte, elle voulait qu’il paie, et tout cela se grava profondément dans ses pensées si bien qu’elle ne pensait à rien d’autre.

*Malgré toutes ses résolutions, Heather devait attendre la fin de l’hiver. Et deux ans s’écoulèrent.

IV) 2237

*Heather a quelque part entre dix-huit et dix-neuf ans, désormais. Un matin, elle a décidé de partir, partir loin, à la recherche de ce qui a ruiné sa vie, et pour ce faire elle a volé l’un des véhicules tout terrain du hangar dans lequel elle vivait. Ses compétences en informatiques lui avaient permis de réactiver les systèmes, et de briser la sécurité. Depuis, elle errait sur les routes du monde, à la recherche de survivants, d’histoires à entendre, de pistes, d’indices, mêmes minimes. Entre temps, ses dons se sont affinés, elle sait se rendre invisible de bien des manières lorsqu’elle ne veut pas qu’on la voie, tout comme elle peut s’introduire dans n’importe quelle maison lambda.

*Sa haine s’était entièrement dirigée vers ce Chevaucheur, on lui a apprit qu’elle serait Faldar. Soit. De même, comme si un seul fautif ne lui suffisait pas, elle avait tout les « non humains » en horreur, ces créatures sorties droits des enfers, qui avaient profité, d’après elle, de cette immense catastrophe pour venir en rajouter. Les immondes mutants, ceux qui n’avaient plus rien d’humains n’étaient pour elle que des abominations à éviter. Le monde, pour Heather, était devenu entièrement noir ou blanc. Et ça lui allait très bien.

[NB : Avec tout ces pavés, je suis sûre que j'ai oublié plein de trucs. Je corrige/rectifie/rajoute avec plaisir !]

Boooonsooooiir, Mademoiselle-Aux-Gros-Pavés \o/ (enfin quelqu'un qui veut me faire plaisir *0* oui, je dis "enfin" à chaque fois, je suis vraiment une inassouvie, enfin passons ><)
Bravo, ça me va tout à fait comme présentation ! Trrrrèèèès complet, personnage très intéressant, envie irrépressible de faire un topic avec toi, parfait parfait !
[Par contre Goooodan, tu crois que tu pourrais effacer tes posts entre ceux d'Heather ? Ca ferait plus propre >.< ]

Une remarque, Heather, quand même (ben oui, oui, oui), mais ça concernera tes futurs rps =) Il n'y a plus d'argent sur Terre, plus de commerce, plus rien x) Alors ton perso peut piller les maisons mais ça ne sert à rien de prendre de l'argent =)

Voilà touuuut !
PREMIERE VALIDATION !

*file se coucher*

(Elle écrit ça à Minuit la ptite miss, j'y croit pas...)

DEUXIEME VALIDATION !

Et voilà j'ai supprimé les posts !

Bon, pour bien faire ! Bienvenue déjà !
La chose chose que je trouve à dire, c'est qu'il en faut du temps pour lire tout cela Mais c qui est bien dessus, c'est qu'il n'y a rien à redire !

3ème validation !

Tu peux commencer le Rpg Bonne continuation sur Apocalya !

Thaaanks ! Merci beaucoup Very Happy

Bienvenue